Art numérique et NFT – Le plus grand musée du monde ouvre la voie
Admirer et toucher – Ce musée abat ses murs physiques pour agrandir ses galeries, en s’étendant dans le métavers. Ce projet de développement met en avant une technologie au service de la valeur de l’art numérique, se détachant ainsi des logiques purement mercantiles auxquelles sont souvent associées – à tort ou à raison – les tokens non fongibles (NFTs).
Musée de l’Ermitage, NFT et métavers : interagir avec les œuvres des grands maîtres
Le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, en Russie, est le plus grand du monde en termes d’espace de galerie, avec environ 3 millions d’œuvres d’art. Ce lieu qui abrite des chefs d’œuvre vieux de plusieurs siècles, a une longueur d’avance sur son temps. Il fait en effet partie des early adopters du web3, préparant son entrée dans le métavers en développant actuellement une version numérique du musée qui exposera des œuvres d’arts NFT.
Pour le chef de département d’art contemporain du musée de l’Ermitage, Dmitry Ozerkov, le métavers est un futur incontournable, « nous entrons tous dans l’ère numérique et notre jumeau numérique nous suivra partout ».
Un musée virtuel permet selon Ozerkov, aux visiteurs d’interagir avec les œuvres d’art. Les passionnés d’art ne se contenteraient plus d’observer les toiles des grands maîtres :
« Vous pouvez franchir ces portes sans rien toucher, alors que dans le monde virtuel, vous pouvez tout faire : vous pouvez jouer avec les œuvres d’art, vous pouvez les rendre interactives, vous pouvez y ajouter des données »
Blockchain, NFT, web3 : la valeur de l’art face aux accusations d’escroquerie technologique
L’Ermitage avait vendu aux enchères en septembre 2021, cinq copies sous forme de NFT de ses cinq chef d’œuvres les plus célèbres, dont parmi ceux de Léonard de Vinci et de Vincent van Gogh. Les enchères ont eu lieu sur la plateforme NFT de Binance, et ont généré près de 450 000 $.
Le musée avait organisé sa première exposition 100 % numérique, The Ethereal Aether, en novembre 2021. 38 NFT ont été exposés dans un métavers. Les utilisateurs pouvaient créer un avatar et évoluer dans un monde numérique avec leur PC, smartphone, ou encore leur casque de réalité virtuelle.
Les œuvres NFT exposées n’étaient pas à vendre. Ozerkov tente de défendre dans ses arguments la valeur de l’art numérique, qui prévaut sur son prix :
« Les œuvres d’art de l’exposition ne sont pas à vendre. Nous évitons tout sujet lié au prix de ces pièces afin de nous concentrer sur la démonstration de ce qu’est réellement l’art numérique, car le coût de l’art est secondaire par rapport à sa valeur »
Les intiatives de l’Ermitage démontrent que l’art NFT n’est finalement pas qu’un simple piège à gogo, destiné à piéger les mordus de nouvelles tendances qui finiront dans le grenier où s’entassent les fausses bonnes idées. Certains observateurs reprochent l’utilisation de l’argument « blockchain et NFT » pour spéculer sur de simples « œuvres jpeg » facilement copiables avec un simple clic droit suivi d’un « enregistrer sous ».
La technologie est cependant neutre, elle peut cependant aussi bien être utilisée à des fins louables contribuant à un monde meilleur, tout comme elle peut être détournée par des personnes sans scrupules à des fins immorales.
Le musée de l’Ermitage fait tout de même un pari audacieux en misant sur le métavers et les NFTs à un moment où les personnes lambda ne comprennent pas encore les réels apports de ces technologies, comme la notion de rareté numérique avec les tokens non fongibles.