Scandale Steem : Binance s’en fiche… et écrase la rébellion

Après le rachat du réseau social décentralisé Steemit par Justin Sun début mars, une deuxième version issue d’un hard fork est née : Hive. Cela n’a pas du tout plu au CEO de Tron, puisqu’un autre hard fork a eu lieu sur la blockchain Steem. Ce dernier a gelé des tokens, et il va être appliqué par Binance ! Explications.

Le « Steemgate » de Justin Sun continue de plus belle

Si Justin Sun, le fondateur de Tron (TRX), était déjà assez peu apprécié au sein de la cryptosphère, la triste affaire du rachat de Steemit a fini de ternir sa réputation. Les accusations de trop forte centralisation de Steemit, avec cette mainmise de Tron, a entraîné la création de Hive, une plateforme et une blockchain miroir de celle de Steem.

Ce schisme a provoqué la colère du camp de Justin Sun, qui a effectué un autre hard fork sur Steem la semaine dernière. Ce hard fork a bloqué par confiscation – l’équivalent de 6,3 millions de dollars de tokens STEEM, qui appartiennent aux 64 dissidents qui ont fondé Hive et/ou ont critiqué le rachat par Tron.

Les plateformes d’échange sont ainsi prises entre deux feux. Elles doivent accepter ce hard fork honteux et aider au gel des STEEM des dissidents si elles veulent préserver les avoirs en STEEM de l’ensemble de leurs utilisateurs.

Steem Steemit

CZ et Binance collaborent au blocage de Justin Sun

Dans un communiqué paru ce 24 mai, Changpeng Zhaoalias CZ, le CEO de Binance – revient sur l’affaire qui déchire la communauté Steem, et tente de justifier le choix de sa plateforme d’accepter le hard fork controversé.

« La récente mise à jour a réduit à zéro les soldes d’actifs de quelques adresses du réseau STEEM. Nous sommes tout à fait opposés à la mise à zéro des actifs des autres personnes sur une blockchain. Cela va à l’encontre de l’éthique même des blockchains et de la décentralisation. Le fait que cela puisse se produire sur une blockchain signifie qu’elle est trop centralisée. »

Malgré ce constat, dont on pourrait penser qu’il serait suivi d’un « non », CZ explique pourquoi lui et sa plateforme vont dire « oui » à ce hard fork et à cette spoliation :

« Nous ne voulons pas soutenir cette mise à jour. Mais (…) si nous ne la soutenons pas (« techniquement »), aucun utilisateur ne pourra plus retirer des tokens STEEM. Les wallets [de Binance] ont cessé de se synchroniser à une certaine hauteur de bloc (…) Nous avons attendu de voir ce que feraient d’autres exchanges. Et assez vite, d’autres crypto-bourses ont fait la mise à jour et ont permis les retraits. Beaucoup de nos utilisateurs l’exigent également. »

CZ et Binance forcés de collaborer au hard fork qui « vole » les STEEM des dissidents – Source : binance.com/en/blog

Malgré cela, Binance annonce que sa plateforme n’approuve pas cet état de faits. La firme soutiendra tout nouveau fork qui reprendrait l’état de la blockchain Steem avant cette suppression des avoirs des dissidents. Ils y retrouveraient donc accès sur une telle version. De même, Binance « réduira également le soutien à Steem au fil du temps », notamment en diminuant le nombre de paires d’échange des tokens STEEM.

Ce drama autour de Steemit n’est sans doute pas terminé. La réaction des dissidents et de leurs nombreux supporters risquent de se faire entendre bientôt. D’autre hard forks vont-ils voir le jour ? Nous vous tiendrons informés sur les rebondissements de cette triste affaire, qui vient prouver que le consensus par delegated proof-of-Stake n’est pas la panacée en matière de décentralisation.

Illustration: AlekseyIvanov/Shutterstock.com

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.