Protéger la DeFi des régulateurs : le nouveau combat du patron de Coinbase
« Dosis sola facit venenum » – Cette locution latine est attribuée au médecin et alchimiste suisse du XVIᵉ siècle surnommé Paracelse. Elle signifie « seule la dose fait le poison ». Et quand on parle de régulation en cryptomonnaies, il est souvent question de dosage et de curseur. À ce sujet, le CEO de Coinbase en connaît un rayon, lui qui œuvre ouvertement pour un cadre règlementaire américain clair. Mais qui profiterait à qui ? Aux plateformes centralisées et à ses clients ? Aux utilisateurs de protocoles décentralisés ? Début de réponse dans la série de tweets de Brian Armstrong.
Les cryptos, des marchandises numériques ? Brian Armstrong dit oui
Le week-end dernier, le dirigeant de la plateforme de cryptomonnaie de San Francisco a souhaité s’exprimer sur le sujet ô combien brûlant de la régulation des cryptomonnaies au pays de l’Oncle Sam. Il a, par exemple, salué dimanche après-midi le travail parlementaire de deux membres du Congrès dans un message posté sur Twitter.
Il a fait référence à Debbie Stabenow et à John Boozman. La première est une sénatrice démocrate du Michigan, alors que le deuxième est un républicain sénateur de l’Arkansas. Comme quoi, la crypto peut faire tomber les barrières partisanes. Mais, revenons à notre sujet !
Le projet de loi Stabenow-Boozman – du nom des deux sénateurs – concerne les cryptomonnaies et leur supervision par la Commodity Futures Trading Commission (CFTC). Cette agence fédérale indépendante est chargée de la surveillance et de la régulation des bourses de commerce où s’échangent les matières premières.
Et si les cryptomonnaies étaient finalement de vulgaires « marchandises numériques » ? C’est l’idée originale de ces sénateurs et elle ne plait pas aux tenants d’une régulation par la Security and Exchange Commission (SEC). Brian Armstrong prend donc position dans un bras de fer juridique entre deux agences fédérales qui revendiquent chacune leur légitimité à encadrer les cryptomonnaies.
Sam Bankman-Fried et Brian Armstrong sur la même longueur d’onde ?
A ce sujet, le CEO de Coinbase est très clair dans son message :
« Il convient de préciser, pour mémoire, que la DeFi devrait être protégée dans toute législation visant à réglementer les exchanges et les dépositaires centralisés. Merci à Debbie Stabenow et John Boozman d’avoir essayé de bien faire les choses ! »
Le terme « cryptomonnaies » s’entend ici comme des actifs achetés ou vendus au comptant – spot en anglais – et ne s’applique pas à l’ensemble des produits financiers dérivés du secteur. Par ailleurs, le patron de Coinbase a souhaité réagir à la polémique qui a agité le petit microcosme de Twitter ce weekend à propos des suggestions de Sam Bakman-Fried.
Des enjeux cryptos qui vont au-delà du cadre financier
En effet, ce dernier avait publié la semaine précédente un billet sur le blog de FTX où il exposait sa vision de la régulation du secteur de la DeFi. Ce document a déclenché une levée de boucliers et a même donné lieu à une mise au point du jeune CEO.
Pour son homologue Brian Armstrong, la régulation de la DeFi est également nécessaire et SBM a raison de l’appeler de ses vœux. Mais, les enjeux de la régulation ne s’arrêtent pas là. Le patron de Coinbase précise qu’il y va de « l’avenir de l’Amérique et du monde libre ». Il rappelle que les États-Unis ont « raté la 5G et les semi-conducteurs » et qu’aucun pays ne peut se permettre de « laisser partir ses entreprises de cryptomonnaies ».
Les chefs d’entreprises sont définitivement au cœur des débats liés à la régulation et ne comptent pas laisser ce sujet aux seuls hommes politiques. Brian Armstrong a compris qu’une régulation trop coercitive aurait des effets négatifs sur le secteur et souhaite donc un bon dosage règlementaire. Cependant, reconnaissons que jusqu’ici, les contours de ce cadre règlementaires restent flous. La seule certitude est que tous les géants du secteur cherchent à se mettre en conformité avec le peu de lois existantes sur le sujet.