Les avocats de Sam Bankman-Fried dénoncent un acharnement de la justice
« Ce n’est pas ça la justice ! ». À l’approche de la sentence programmée le 28 mars prochain, l’accusation et la défense se déchirent par médias interposés et tentent de faire valoir leurs arguments auprès du juge Lewis Kaplan. Les procureurs ont déposé un dossier en début de semaine dans lequel ils estiment que Sam Bankman-Fried mérite de 40 à 50 ans de prison pour l’ensemble de son œuvre à la tête de FTX, quand ses avocats réclament eux une peine de 6 ans maximum. Dans une nouvelle lettre qui vient tout juste d’être déposée sur le bureau du juge, la défense dénonce avec des mots forts « une vision médiévale de la justice » et une « déformation manifeste de la réalité » dans la présentation des faits par l’accusation. On fait le point.
Les avocats de la défense dénoncent « une vision médiévale de la punition » !
La culpabilité de Sam Bankman-Fried ne fait aucun doute et la justice américaine l’a d’ailleurs reconnu coupable de tout ce qu’elle lui reprochait il y a plusieurs mois, mais c’est maintenant la question de la peine qui se pose. L’ancien patron de FTX est-il un danger pour la société ? Mérite-t-il de passer sa vie en prison ? C’est à ces délicates questions que le juge devra répondre la semaine prochaine et pour alimenter sa réflexion, l’accusation comme la défense présentent leurs points de vue argumentés pour tenter d’influer sur la décision.
Du côté des procureurs, le dossier présenté le 15 mars dernier n’y va pas par quatre chemins et accable littéralement le mis en cause, qui est traité de menteur , et qui est même comparé à Bernard Madoff ! Le ministère public réclame une peine sévère, exemplaire et proportionnée contre Sam Bankman-Fried qui mériterait de 40 à 50 ans de prison. Évidemment, en réponse à ces accusations, les avocats ont immédiatement réagi et ont envoyé une lettre au juge Kaplan.
À l’approche du jugement final, chaque camp fait valoir ses arguments
Dans le document de cinq pages, la défense va tenter de dénoncer une vision déformée des faits qui amène à une proposition de sentence disproportionnée et finalement injuste. Extraits :
« Avec une hostilité marquée, le mémorandum [le dossier des procureurs déposé le 15 mars] déforme la réalité pour étayer son précieux récit de perte massive et présente Sam comme un super-méchant dépravé ; on lui attribue de sombres motivations mégalomanes qui vont à l’encontre des évidences ; le dossier fait des prophéties apocalyptiques sur la récidive et il adopte une vision médiévale de la punition pour aboutir à ce qui équivaut à une recommandation de condamnation à mort en prison. »
Les avocats de Sam Bankman-Fried dans une lettre envoyée au Juge Lewis Kaplan – Source : justice américaine
Pour appuyer leurs arguments, les avocats rappellent que leur client n’a aucun passé criminel, qu’il ne montre aucun signe évident de récidive potentielle et enfin que la procédure de faillite permettra de restaurer l’ensemble des actifs perdus. Le condamner à un demi-siècle de réclusion criminelle dans ce contexte-là, « ce n’est pas ça la justice ! » clament-ils.
Pour tenter une dernière fois d’amadouer le tribunal, les avocats vont faire vibrer la corde sensible et dénoncer une injustice criante qui pourrait littéralement mener à la perte du jeune Bankman-Fried :
« On a encore jamais vu un accusé reconnu coupable d’une infraction non violente qui ait purgé une peine de 40 à 50 ans et qui a ensuite été libéré. Pourquoi ? Peut-être parce que les détenus subissent une diminution de leur espérance de vie de deux ans pour chaque année d’emprisonnement. Écraser Sam de cette manière n’est pas nécessaire. »
Les avocats de Sam Bankman-Fried dans une lettre envoyée au Juge Lewis Kaplan – Source : justice américaine
La balle est maintenant dans le camp du juge qui va pouvoir étudier tout cela à tête reposée avant de prendre une décision attendue par toute la communauté crypto qui réclame justice…et vengeance. Sam Bankman-Fried cristallise une partie de la haine des investisseurs qui ont perdu gros dans les malversations de FTX, mais le Tribunal devra faire abstraction de ce contexte pour prendre une décision équilibré et juste dans le respect de la loi.