Binance au Nigéria : le bras de fer continue entre Abuja et le géant des cryptos
Out of Africa. Depuis la fin du mois de février et la mise en résidence surveillée de deux dirigeants de Binance, rien ne va plus entre la plateforme crypto et les autorités d’Abuja. L’un des deux, Nadeem Arjarwalla, s’est évadé et se trouve actuellement au Kenya sous le coup d’une enquête internationale alors que le second, Tigran Gambaryan, attend lui une prochaine audience pour savoir s’il pourra être remis en liberté. Au milieu de cet imbroglio politique, diplomatique et judiciaire, c’est tout le secteur Web3 du pays qui est fragilisé par le comportement du gouvernement jugé trop arbitraire, voire injuste par une grande partie de la communauté crypto. Que se passe-t-il dans le pays le plus peuplé d’Afrique ? Début de réponse à suivre.
La justice du Nigéria prévoit une audience le 17 mai prochain
Direction tout d’abord Abuja et plus particulièrement la prison de Kuje qui héberge depuis quelques semaines l’ancien responsable de la conformité du géant des cryptos Binance. Tigran Gambaryan, citoyen américain et ancien agent du fisc à Washington, est arrivé au Nigéria fin février pour tenter de régler le différent qui oppose son employeur, Binance, et les autorités locales sur fond d’accusations de déstabilisation de la monnaie nationale. Mais depuis qu’il a mis pied sur le sol nigérian, rien ne se passe comme prévu ! Après plusieurs semaines de résidence surveillée, il a finalement été transféré en prison suite à l’évasion rocambolesque de son collègue qui a préféré fuir le pays.
Tigran Gambaryan attend maintenant de connaitre la décision de la justice et elle pourrait intervenir le 17 mai prochain lors d’une audience prévue à cet effet. En attendant, le 2 mai, c‘est le procès pour blanchiment d’argent contre Binance qui va débuter et le cas de M. Gambaryan sera donc réglé en suivant. Du côté de la famille du mis en cause, c’est la douche froide et la consternation :
« Il n’y a aucune justice dans ce qui est fait à mon mari. Je suis dans un état constant de chagrin et d’anxiété, ne sachant pas quelle autre injustice il va subir. Il est scandaleux que Tigran, un homme innocent, continue d’être détenu dans une cellule de prison et que la décision concernant sa libération sous caution ne soit rendue qu’après le début du procès… C’est tout simplement de la pure cruauté. »
Yuki Gambaryan, épouse de Tigran Gambaryan à la presse – Source : Coindesk
L’évasion de Tigran Gambaryan a des conséquences sur le Web3 nigérian
Direction maintenant le Kenya pour faire le point sur la situation du deuxième protagoniste de cette affaire qui se trouve quelque part dans le pays, selon des sources policières citées par la presse locale. Nadeem Arjarwalla aurait quitté le Nigéria le 22 mars dernier en utilisant manifestement de faux papiers, les siens ayant été saisis par la police nigériane lors de son arrestation. Mais pour le reste, les détails de son évasion sont pour le moment plutôt confus. Seule certitude, le Nigéria a lancé une enquête conjointe avec Interpol et les forces de police kenyanes pour retrouver le fugitif et le ramener au pays afin de le juger avec son compère d’infortune.
Mais cette procédure contre Binance et ses représentants a aussi des conséquences sur l’ensemble du secteur Web3 du pays qui commence à grincer des dents. Si on en croit Lucky Uwakwe, le président du Comité de coordination de l’industrie de la blockchain du Nigeria (BICCoN), certains investisseurs ont mis fin à des accords déjà signés et la chasse aux sorcières du gouvernement pourrait avoir des répercussions catastrophiques sur les entreprises crypto locales, parmi les plus dynamiques du continent.
Le gouvernement continue cependant d’affirmer que Binance est coupable d’avoir déstabilisé la monnaie nationale et que ses responsables doivent être lourdement sanctionnés. Quitte pour cela à mettre en danger l’économie numérique du pays ? Même si tout le monde se doit de respecter l’autorité légale du Président Tinubu, il faut bien reconnaître que cela commence à faire beaucoup de décisions douteuses venant du gouvernement et il serait peut-être temps d’arrêter les frais.