Affaire FTX : les avocats accablent Sam Bankman-Fried lors de la première audience
Compte rendu d’audience – Dans l’affaire FTX, les avocats et la justice viennent d’entrer en action pour tenter de faire la lumière sur le déroulement des événements, sur les responsabilités de chacun, mais aussi pour trouver une solution de sortie de crise. Lors de cette première audience, il était question de procédure, mais également de protection des avoirs actuels de la plateforme en faillite. Ce qui ressort de ce premier rendez-vous, c’est surtout la gestion calamiteuse de Sam Bankman-Fried, dont les déclarations publiques n’en finissent plus de mettre les avocats de FTX dans l’embarras.
Question de procédure : FTX devant le juge du Delaware
Cette audience s’est tenue dans le cadre du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites qui stipule qu’une société se plaçant sous sa protection pourra continuer à fonctionner sous contrôle de la justice. Il s’agit donc de la première audience dans ce dossier et elle s’est déroulée au Tribunal des faillites du Delaware, à Wilmington. Environ 1 500 personnes ont assisté à la diffusion simultanée sur YouTube et sur Zoom.
Les intérêts de FTX sont défendus par maître James Bromley, associé chez Sullivan et Cromwell alors que la justice est représentée par le juge John T Dorsey. Il a tout de suite été question de procédure quand les avocats de FTX ont précisé que les liquidateurs des Bahamas acceptaient de regrouper les actions dans le Delaware. Toutes les parties sont d’accord sur la nécessité d’un lieu unique pour la prise de décision et entre New-York et le Delaware, la décision a été prise.
Protéger les actifs et les informations sensibles de la société
James Bromley a commencé son exposé en expliquant que les équipes de FTX avait dû faire face à au moins une attaque de pirates et que la conservation des actifs de la société était sa priorité. Par actifs, il entend les cryptomonnaies et différentes devises. D’ailleurs, à la date du 20 novembre, une société spécialisée nommée Alvarez & Marsal a pu déterminer que la trésorerie de FTX s’élevait à 1,24 milliard de dollars.
Mais tout aussi important que l’argent, il a tenu à préciser que la protection des informations était hautement stratégique. Il s’agit notamment de la liste des clients de la plateforme dont la divulgation pourrait nuire à la vente potentielle de l’entreprise, mais aussi à la sécurité et à la vie privée de ces mêmes clients. D’ailleurs, à ce propos, on a appris que les trois zones géographiques principales de la clientèle étaient les Iles Caïmans (22 %), les Iles Vierge Américaines (11 %) et la Chine (8 %). Certains auraient-ils intérêts à rester discret sur leurs avoirs dans des paradis fiscaux ?
Solder l’héritage encombrant de Sam Bankman-Fried
Mais ce qui ressort de cette première audience est clairement la gestion calamiteuse de Sam Bankman-Fried dont les oreilles ont dû siffler mardi après-midi. Morceaux choisis parmi les interventions des avocats de FTX :
« Nous avons affaire à un drôle d’animal. (…) Les débiteurs de FTX n’étaient pas particulièrement bien traités et c’est un euphémisme. (…) FTX était dirigé comme un fief personnel de Sam Bankman-Fried sous le contrôle d’un petit groupe d’individus inexpérimentés et peu compétents. (…) FTX était géré avec une absence de contrôle sur l’entreprise jamais vue par aucun d’entre nous dans nos carrières. (…) Il faut maintenant travailler pour remettre de l’ordre dans le désordre. »
Il conclut en affirmant que la faillite de FTX est la plus grande défaillance de l’histoire de la crypto, avant de saluer le travail mis en place par le nouveau CEO, John Ray. Il a également été question des acquisitions immobilières aux Bahamas du groupe estimée à au moins 121 millions de dollars.
Et maintenant ? Tout ce petit monde a rendez-vous le 16 décembre pour une autre audience afin de faire le point sur la procédure en cours et de voir ce que la nouvelle équipe dirigeante aura pu faire. Notamment avec les 160 employés toujours sous contrat qui attendent de savoir quel sera leur sort. En espérant que d’ici là, d’autres mastodontes de l’industrie ne viennent garnir le banc du tribunal des faillites.