Vers une « Silicon Island » en Polynésie Française
La Polynésie Française.
Son évocation renvoie à des images colorées et parfumées, celles des Vahine se déhanchant au rythme du Tamure, des plages de sable blanc à perte de vue, une douceur de vie se déclinant au travers des 118 îles constituant ce territoire français du Pacifique Sud… 118 îles, et peut-être bientôt une de plus, associant culture polynésienne ancestrale, haute-technologie et expérimentation autour de la notion de gouvernance.
Une connexion profonde avec la Polynésie traditionnelle…
Avec sa forme rappelant l’hameçon du dieu Maui et sa volontaire intégration à l’environnement végétal et océanien, le projet tente de démontrer que futurisme n’est pas nécessairement synonyme de mégalomanie structurelle.
Les futures plateformes, au nombre de 3 selon les projections du projet, pour une surface d’environ 7500 m², auront ainsi vocation à ne pas heurter la vue des populations locales, autant qu’à neutraliser tout impact environnemental.
Quelques villas et modules d’habitation accueilleront environ 250 résidents, ainsi que des laboratoires et des centres de recherche (un accord a d’ores et déjà été passé avec l’université Californienne UC Berkeley).
Par ailleurs, et puisqu’il s’agit là du cœur de ce projet, un minimum de 25% de Polynésiens seront invités à venir s’installer sur l’île flottante pour y apporter leurs expertises et proposer de nouvelles formes de projets économiques, technologiques, voir sociétaux.
…Au service de l’innovation technologique et de l’humanisme.
Car en effet, le propos n’est pas de démontrer qu’il est possible de faire flotter une structure artificielle dans 20 mètres d’eau (les plateformes pétrolières ont tué le match), mais bien d’offrir l’opportunité à une communauté d’environ 250 “seasteaders” de redéfinir les règles d’un nouveau “vivre ensemble” dans un monde où les structures traditionnelles (États-nations, entreprises au fonctionnement vertical, systèmes sociaux hiérarchisés… ) semblent à bout de souffle.
Si le projet est porté par la société Blue Frontiers, on retrouve là l’élan initial de la Fondation Seasteading, think tank Californien à l’orientation libertarienne (remettre l’humain et ses libertés fondamentales au cœur de l’équation), qui depuis 10 ans a conceptualisé la notion de communautés humaines, installées en pleine-mer, affranchies de la pesanteur des États.
On n’en est pas là avec le projet polynésien qui représente plutôt un beta-test dans les conditions idylliques des calmes lagons polynésiens, bien loin de celles de la pleine mer, néanmoins objectif ultime des ingénieurs de Blue Frontiers.
En attendant, la communauté des îles flottantes polynésiennes, constituée de start-uppers, d’innovateurs et d’idéalistes souhaite profiter de l’occasion pour travailler sur les sujets majeurs du changement climatique et de la montée des eaux, dont il n’est pas inutile de rappeler que les populations du Pacifique en sont les premiers spectateurs..
La Polynésie même est concernée au premier chef: une étude de l’IFREMER rappelle que 84 de nos îles ne dépassent pas les 3m de haut et que le territoire est particulièrement menacé par le phénomène d’immersion.
Le Varyon, token de gouvernance.
Blue Frontiers est en pleine ICO et prévoit de lever entre 4 000 et 22 000 ETH afin d’entamer sérieusement les choses. Ce montant n’a pas vocation à financer la construction de la plateforme en tant que telle (d’un coût estimé à 60 millions USD et dont la réalisation n’est pas envisagée avant 2021–22), mais à financer les recherches et études prospectives nécessaires à solidement fonder un projet dont les ambitions sont rien moins que d’apporter des solutions concrètes, à des problèmes mondiaux majeurs (montée des eaux, on l’a compris, mais dont les conséquences seront de nature à redessiner la géopolitique mondiale: menaces pour plus de 10 000 communautés côtières, millions de futurs réfugiés climatiques, spectre de “guerres de l’eau”… ).
A ce titre, le Varyon ne sera pas un simple token de transaction mais représentera un levier de démocratie directe, offrant les conditions nécessaires à l’apparition de formes de gouvernance inédites.
La possession de varyons (qui de facto deviendra la monnaie ayant cours sur les plateformes) offrira ainsi des droits de vote permettant autant la gestion du quotidien que la possibilité d’influer sur le devenir du projet. Vous pouvez aller faire un tour sur le White Paper pour plus d’éléments.
Techniquement, l’ICO représente la première crypto-levée de fonds de ce type en Polynésie Française. Vous trouverez également plus d’éléments techniques, dans cet article.
Sources : Firebasestorage ; TahitiCryptomonnaies ; Ina ; Futura-Sciences ; Blue-Frontiers ; Tahiti-Infos