Pourquoi le développeur de la cryptomonnaie anonyme Monero (XMR) vient-il d’être interpellé aux USA ?
Une histoire de fraude vieille de 10 ans – Le développeur Riccardo Spagni a été très longtemps le principal responsable de la maintenance du réseau Monero (XMR), jusqu’à sa mise en retrait en décembre 2019. Nous apprenons que ce dernier vient d’être arrêté par les autorités américaines, pour des accusations portant sur des faits très antérieurs au lancement du projet de cryptomonnaie anonyme.
Une arrestation accompagnée d’une extradition ?
Lancé en avril 2014, le projet Monero est bien connu pour ses transactions rendues anonymes par un système de mixage appelé ring signatures. Contrairement aux transactions pseudonymes de Bitcoin, celles sur Monero sont très difficiles à tracer, même si certaines failles existent, comme nous l’avons encore vu récemment.
Riccardo Spagni a longtemps travaillé au développement et à la maintenance de la blockchain Monero, mais ce n’est finalement pas pour l’anonymisation controversée de ces transactions cryptos qu’il est aujourd’hui inquiété par la justice.
Selon un document officiel d’un tribunal du Tennessee, Riccardo Spagni a été arrêté fin juillet aux États-Unis, près de Nashville, suite à un mandat d’arrêt lancé le 20 juillet par l’Afrique du Sud, dont il est originaire.
Des accusations de fraude remontant à 2009-2011
L’arrestation de l’ex-développeur de Monero a donc été effectuée à la demande du gouvernement sud-africain, qui souhaite son extradition des États-Unis, car soupçonné de fraude lorsqu’il était encore responsable des technologies de l’information dans une société appelée Cape Cookies, il y a plus d’une dizaine d’années (de 2009 à 2011).
« En tant qu’employé de Cape Cookies, SPAGNI aurait intercepté des factures d’une autre société, Ensync, concernant des biens et services informatiques qu’elle avait fournis à Cape Cookies. SPAGNI aurait sciemment utilisé de fausses informations pour fabriquer des factures similaires censées provenir d’Ensync, en se basant sur des détails, tels que le numéro de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et les informations sur le compte bancaire de cette société. SPAGNI aurait ensuite gonflé les prix des biens et/ou services. »
Toute demande de remise en liberté conditionnelle du suspect risque d’être refusée, car la procureure Mary Jane Stewart, en charge du dossier, considère que le risque de fuite de Riccardo Spagni est important, notamment parce qu’il possèderait pour 800 000 dollars de crypto-actifs.
L’ex-développeur aura droit à une audience ce jeudi 5 août, pour déterminer s’il sera ou non maintenu en détention en attendant son procès/extradition. S’il est reconnu coupable en Afrique du Sud, il peut encourir jusqu’à un maximum 20 ans de prison. Tout ceci n’est pas sans nous rappeler la triste histoire de John McAfee, qui s’est tristement terminée en juin dernier.