La BCE souhaite affiner sa surveillance des flux crypto
La Banque Centrale Européenne (BCE) s’inquiète de l’importance que prennent les cryptoactifs vis-à-vis de la finance classique. Sa solution : toujours plus de surveillance du marché crypto, en musclant ses techniques d’acquisition de données. Le but : réussir à capter ce qui se trame à la fois sur la blockchain (données on-chain) qu’en dehors (off-chain).
Une couche supplémentaire de traçage
Bien que Mario Draghi, actuel président de la BCE, expliquait encore il y a à peine 3 mois que « Bitcoin n’est pas quelque chose qui concerne la banque centrale », cette dernière semble pourtant étudier de très près les cryptomonnaies.
Ainsi, dans un long rapport détaillé publié ce 7 août, la BCE traite du « phénomène des cryptoactifs ». Non pas pour chercher à exploiter au mieux le potentiel de cet ensemble de technologies cependant, mais plutôt pour se focaliser sur « les risques potentiels » et sur la meilleure manière « d’améliorer la surveillance » des cryptos.
La Banque Centrale justifie sa volonté d’imposer un cadre plus strict de surveillance au marché des cryptomonnaies comme une façon d’éviter tout risque de contamination vers le système financier traditionnel, car la BCE craindrait à terme des « retombées dans l’économie réelle ».
L’institution financière souhaite ainsi utiliser à la fois les données disponibles sur les blockchains publiques, mais aussi les métadonnées relatives aux transactions qui se passent hors blockchain (au niveau des plateformes de change, classiquement).
Le rapport ne fournit cependant pas plus de détails sur les moyens précisément envisagés pour atteindre ce but. Pour autant, l’émergence de nouveaux intermédiaires et de nouvelles pratiques questionne l’institution : comment conserver une vision d’ensemble sur les protocoles de seconde-couche permettant d’effectuer des transactions sans les inscrire directement dans la blockchain sous-jacente, ou encore sur les véhicules financiers indexés sur les cours des cryptomonnaies mais ne nécessitant pas de détenir ces fonds en personne (à la manière des contrats sur la différence, ou CFD) ?
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Les cryptos : un marché résilient manquant de données fiables
On note qu’en commentaire d’une partie de son rapport, la BCE reconnaît bien que « le marché des cryptoactifs est résilient » en termes de transactions on-chain, et que malgré la baisse généralisée des prix des cryptos après le pic de fin 2018 « un nombre élevé de cryptoactifs continuent d’être échangé chaque jour sur les plateformes de négociation ».
La banque centrale déplore toutefois une trop importante dispersion des prix d’un crypto-exchange à l’autre, provoquée en partie par les opérations de wash trading qui prendraient place du fait d’acteurs divers sur certaines exchanges (consistant à s’acheter et se vendre un actif afin de tromper le marché en gonflant artificiellement les volumes d’échange).
En conclusion, le rapport explique que « la BCE et la communauté des banques centrales devraient contribuer aux efforts pour combler les lacunes en matière de données liées aux cryptoactifs ». Les régulateurs restent donc attentifs et s’attendent à une meilleure perception de la situation cryptomonétaire au fil des années et de leurs progrès méthodologiques.