Guerre en Ukraine : le Bitcoin à l’origine d’un « nouvel ordre monétaire » ?
La fin d’un monde – Les récents événements en Ukraine jettent le doute et l’incertitude sur la stabilité du monde. Stabilité sociale, économique… humanitaire. Les plus éminents analystes travaillent en ce moment même pour quantifier les dégâts à court, moyen et long terme. Ancien conseiller du Trésor américain, Zoltan Pozsar est désormais analyste pour le Crédit Suisse. Il évoque dans sa dernière note, un nouveau paradigme économique mondial, un « nouveau Bretton Woods ».
L’ordre monétaire mondial chamboulé : quelle place pour le Bitcoin (BTC) ?
Longue de quatre pages, l’analyse de Pozsar dresse un bilan froid des événements actuels et de leur répercussion sur les échanges internationaux ainsi que l’environnement macro économique. Alors que les premiers signes d’inflation pointaient déjà à l’horizon l’an passé, l’invasion russe et le conflit militaire ne vont probablement pas atténuer l’essoufflement du dollar system.
« Depuis le début du conflit en Ukraine, le spot dollar Libor, FRA-OIS et les FX swaps ont montré des signes de stress. »
Zoltan Pozsar
Le Libor est un taux d’intérêt (London Interbank Offered Rate), tandis que le spread (écart) FRA-OIS mesure la différence entre le Libor à trois mois ou le taux interbancaire et le taux au jour le jour, qui est le taux sans risque fixé par les banques centrales. Les FX swaps sont les échanges de devises étrangères. On comprend donc que ces segments du marché sont soumis à rude épreuve à cet instant.
Le FRA-OIS est un indicateur utilisé depuis la crise des subprimes de 2008 pour mesurer le taux de risque du secteur et le stress subi par l’organisation actuelle dans de tels moments.
D’après Pozsar, nous assistons purement et simplement à « la naissance de Bretton Woods III ».
Selon lui, l’organisation monétaire actuelle a implosé à l’instant où les nations du G7 ont décidé de saisir les devises étrangères de la Russie. La mesure a pour but de la contraindre dans ses échanges internationaux.
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Les marchandises deviennent un collatéral, c’est à dire de l’argent
« Une crise se déroule devant nous. Une crise des marchandises. Les marchandises servent de collatéral… et le collatéral, c’est de l’argent. »
Au-delà des aspects monétaire, les préoccupations ambiantes découlent également de la crise à venir sur les matières premières, les marchandises, l’énergie mais aussi leur acheminement. Alors que la chaîne logistique mondiale était déjà mise à rude épreuve depuis la pandémie, les tensions vont s’accroître dans les semaines à venir.
D’après la banque américaine JP Morgan, la Chine détiendrait 84% du cuivre mondial, 70% du maïs, 51% blé, 40% du soja, 26% du pétrole brut et 22% des stocks mondiaux d’aluminium. L’Europe de l’Est est majoritairement dépendante du gaz russe. Cet aspect realpolitik participe à son sentiment que le système actuel et son fonctionnement se sont grippés les dernières semaines.
Finalement, Pozsar avance qu’à la fin de cette crise et de cette guerre, le dollar américain sera vraisemblablement plus faible que le renminbi chinois, lequel serait toujours soutenu par des stocks de marchandises déjà détenus par les autorités chinoises. Quoiqu’il en soit, « la monnaie ne sera plus jamais la même » à l’issue de ce tumulte, qui semble être le pivot d’un nouveau système. Un nouveau système qui « profiterait à Bitcoin s’il existait encore d’ici là ».
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