Monnaies numériques de banques centrales : la fin du système bancaire programmée ?
Les potentielles alternatives au système bancaire actuel se multiplient. D’une part, nous assistons à la naissance d’options décentralisées. D’autre part, la course à la première banque centrale numérique pourrait mettre fin aux mécanismes existants.
Le système bancaire tel que nous le connaissons vit-il ses derniers jours ? Un rapport rédigé par la FED de Philadelphie suppose un risque sans précédent pour les banques commerciales. Ce risque serait induit par la naissance de banques centrales numériques.
Un système bancaire trop risqué
Dans ce papier de 32 pages, l’hypothèse d’un retrait massif des clients d’une même banque est considéré comme un risque systémique. Un bank run qui pourrait être évité par la naissance de banques centrales numériques.
Néanmoins, comment trouver l’équilibre ? Comment créer une monnaie numérique étatique de nature ouverte sans pour autant complètement désintermédier le système bancaire ? C’est le réel dilemme qui est posé sur le long terme.
Suivant l’hypothèse du remplacement des banques commerciales (Société Générale, Crédit Agricole, BNP) par les banques centrales numériques, qu’adviendrait-il de l’obtention des crédits ?
Même si les banques ont leur défauts, la concurrence qui s’établit entre elles permet aux individus une flexibilité dans la négociation des taux d’intérêts. Si les banques centrales numériques venaient à voir le jour, elles aspiraient les dépôts des entreprises et particuliers qui souhaiteraient minimiser les risques d’exposition à la fragilité financière des banques.
L’implication serait la création d’un nouveau monopole étatique, qui administrerait selon son bon vouloir la distribution monétaire. Cela entraînerait par la même occasion un manque de compétitivité lié au crédit.
Bitcoin, une alternative décentralisée ?
Ce type de rapport fait planer un sérieux doute sur les questions qui se posent au sommet des états, et la santé réelle du système bancaire qui était supposé avoir tiré les enseignements de la crise des subprimes.
Créé à la suite de cette crise, l’invention de Satoshi Nakamoto suit une feuille de route diamétralement opposée. Elle propose la limitation du risque bancaire, grâce à l’introduction d’une alternative transparente, où les règles sont connues de tous et prévisibles.
En plus d’assurer la souveraineté monétaire des participants au réseau, l’inflation volontaire qui peut être mise en place par les banquiers centraux dans l’optique d’une taxe indolore, où d’un besoin monétaire soudain, est proscrite.
La dévaluation nominale de l’épargne citoyenne deviendrait alors caduque.
La crédibilité d’un système monétaire décentralisé était raillée par la grande majorité de l’exécutif il y a encore quelques années. Il semblerait que la crise économique brutale qui se développe sous nos yeux ait eu l’effet d’un réveil assez rude.
Les citoyens du monde seront-ils assez clairvoyants pour faire les choix monétaires qui s’imposent ? L’avenir nous le dira !
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