Euro numérique : l’Italie est prête, mais cela ne changera rien

L’Association des Banques Italiennes a annoncé jeudi dernier son souhait d’accélérer la mise en place d’un euro numérique.

Elles sont prêtes

Composée des 700 banques les plus influentes du pays, l’ABI a dressé une liste de 10 priorités qui conditionneront le succès d’une nouvelle monnaie numérique européenne.

Dans ce communiqué, les banques italiennes s’engagent à adopter un comportement conforme avec la ligne de conduite de la BCE. Cette dernière serait « la garante du maintien de la confiance » entre citoyens et établissements financiers.

Après la mise en place du projet Spunta, familiarisant les banques aux technologies de registres distribués, des résultats encourageants ont été constatés, améliorant l’efficacité des transferts interbancaires.

Selon le groupe, une monnaie numérique émise par la BCE serait synonyme d’immense avancée technologique, garantissant un meilleur contrôle des transactions, mais aussi une maîtrise retrouvée des taux d’échanges et d’intérêts.

« Une monnaie numérique programmable représente une innovation dans le secteur financier capable de profondément révolutionner la monnaie et les échanges. Cette transformation apportera une grande valeur ajoutée, surtout en terme d’efficacité et de supervision des coûts d’opération et de management. »

Un aller sans retour

La liste des pays souhaitant accélérer la transformation monétaire s’allonge. Plus tôt dans l’année, la Banque de France avait appelé à la multiplication d’initiatives pilotes, permettant de préparer la transition numérique. La banque centrale néerlandaise faisait elle aussi part de ses intentions en avril 2020, avec le souhait profond d’endosser le rôle d’instigateur.

De son côté, Jens Weidmann, président de la Bundesbank, soulevait la dangerosité d’une telle implémentation et les conséquences systémiques potentielles pour les établissements financiers. L’Europe semble néanmoins bien décidée à passer à la vitesse supérieure, et valider de facto un fonctionnement monétaire inclusif.

Ignorer les risques est une chose, rester inerte face à la concurrence monétaire en est une autre. L’agilité avec laquelle les puissances asiatiques épousent ce virage technologique oblige le vieux continent à se retrousser les manches et engager sa transition.

Difficile aussi d’omettre les initiatives privées, qui pourraient à terme, créer de nouveaux pôles de pouvoir monétaires indépendants des états.

Monnaie numérique : le dilemme serait-il ailleurs ?

Les états ont pris conscience de l’obsolescence de la monnaie dans un contexte numérique. Cependant, il n’est jamais fait mention d’un système plus juste, où la fixation de règles monétaires immuables et connues de tous serait la nouvelle base de confiance entre citoyens et institutions.

Le pouvoir des banquiers centraux dans l’émission de nouveaux flots de liquidités afin de « stimuler » l’économie profite trop souvent à une minorité établie et en contrôle de l’appareil financier. 

Les monnaies numériques étatiques promettent un avenir douloureux aux géants bancaires et fait craindre l’anticipation d’une faillite bancaire généralisée. Les banques centrales, placées au rang de sauveur, viendraient en contrepartie accroître la surveillance des flux monétaires.

La validité du système financier est indirectement remise en cause par la multiplication d’appels au changement. Les problématiques de répartition de richesses, elles, ne sont malheureusement jamais abordées.

Josselin A.

Finance décentralisée, Souveraineté monétaire, Géopolitique. Twitter: @SweetGold9