Ethereum : Tornado Cash touché, mais pas coulé
Effet placébo pour la réglementation ? – 2022 a été l’année de nombreuses innovations dans l’écosystème des cryptomonnaies. Elle fut également l’année des réglementations. Ainsi, nous avons notamment vu l’Office of Foreign Asset Control (OFAC) établir des sanctions à l’égard de Tornado Cash. Ces sanctions ont-elles été efficaces ?
OFAC vs Tornado Cash
Au début du mois d’août dernier, le protocole Tornado Cash a été au cœur de l’attention. En effet, l’Office of Foreign Asset Control américain a mis le protocole sur liste noire.
Ainsi, l’organisme américain a accusé Tornado Cash d’avoir facilité le blanchiment de plus de 7 milliards de dollars. En réaction, l’OFAC a décidé d’émettre des sanctions à l’encontre du protocole et des entités qui interagissent avec.
Rapidement, de nombreux services crypto basés aux États-Unis ont entrepris de censurer le protocole. Par la suite, cette censure s’est même étendue au blocs d’Ethereum, avec l’application des mesures de l’OFAC par de nombreux producteurs de blocs.
Les sanctions de l’OFAC sont-elles efficaces ?
Le 9 janvier, l’entreprise Chainalysis, spécialisée dans l’analyse des données on-chain a publié une étude visant à mesurer l’efficacité des sanctions mises en place par l’OFAC.
« Nous verrons comment la stratégie de sanctions liées aux cryptomonnaies du gouvernement américain a évolué au fil du temps, nous examinerons les types d’entités qu’il a sanctionnées jusqu’à présent et nous analyserons l’impact de ces sanctions sur les entités elles-mêmes et sur l’écosystème plus large de la crypto-criminalité. »
De plus en plus de sanctions et de sanctionnés
Dans un premier temps, Chainalysis a tenté de faire un historique des sanctions. Pour ce faire, l’entreprise a compilé des données depuis 2018, date des premières mesures émises par l’OFAC.
Ainsi, nous pouvons voir que le nombre d’adresses et d’entreprises sanctionnées n’a cessé de croître depuis 2018. Néanmoins, il est important de noter que ces actions restent relativement anecdotiques, avec seulement une dizaine d’entités sanctionnées en 2022 pour un total d’environ 350 adresses.
En 2022, les trois plus importantes entités ciblées par l’OFAC ont été :
- Hydra, le marché du darknet ;
- Tornado Cash, le mixer décentralisé ;
- Garantex, l’exchange décentralisé russe.
Quels impacts ont eu ces sanctions ?
Néanmoins, l’OFAC reste un organisme américain, par conséquent les sanctions appliquées n’ont pas forcément l’effet escompté à l’échelle mondiale.
Ainsi, Chainalysis a souhaité déterminer l’impact réel de ces sanctions en analysant les activités on-chain liées aux entités sanctionnées, après que l’OFAC les a placées dans son viseur.
« Les données on-chain montrent que chacun des trois services sanctionnés a été affecté différemment. »
Comme nous pouvons le voir sur le graphique ci-dessus, les sanctions à l’encontre de Hydra semblent avoir porté leurs fruits. En effet, les transferts en cryptomonnaies liés à cette plateforme se sont effondrés après la mise en place des sanctions.
De son côté, le protocole de mixage Tornado Cash a, lui aussi, enregistré une baisse d’activité notable après la mise en place des sanctions par l’OFAC. Ainsi, le protocole enregistrait un volume allant de 5 à 10 millions de dollars avant la mise en place des sanctions. Après celles-ci, le protocole a vu son volume s’effondrer, si bien que celui-ci ne dépasse plus que rarement les 5 millions de dollars.
Par conséquent, les sanctions mises en place par l’OFAC semblent avoir eu un impact modéré sur Tornado Cash, en réduisant certes le volume, mais de manière bien moins significative que sur le marché d’Hydra.
« En tant que service mondial, Tornado Cash comptait probablement un plus grand nombre d’utilisateurs susceptibles de subir des conséquences en cas de violation des sanctions américaines ou de ne plus pouvoir utiliser d’autres services si leurs portefeuilles affichaient une exposition à Tornado Cash après sa désignation. »
Enfin, la plateforme d’échange décentralisée Garantex n’a quant à elle pas bronché face aux sanctions de l’OFAC. En effet, celle-ci a même enregistré une explosion de son volume après les annonces de l’organisme américain.
Conclusion : une victoire en demi-teinte pour l’OFAC
Comme le souligne Chainalysis, la portée de l’OFAC reste limitée et ses sanctions n’ont pas toujours l’effet escompté.
Par exemple, les sanctions ont permis de mettre hors ligne le site de Tornado Cash. Par conséquent, celui-ci est devenu bien moins accessible réduisant de fait son audience. Néanmoins, sous le capot Tornado Cash est composé de smart contracts impossibles à arrêter. De ce fait, celui-ci peut toujours être utilisé malgré la mise en place de sanctions.
« Cela suggère que les sanctions contre les services décentralisés agissent davantage comme un outil pour décourager l’utilisation du service plutôt que de l’arrêter complètement. Dans le cas de Tornado Cash, ces incitations semblent avoir été puissantes, puisque ses flux entrants ont chuté de 68 % dans les 30 jours suivant sa désignation. Cela est d’autant plus important que Tornado Cash est un mixer, et que les mixers sont d’autant moins efficaces pour le blanchiment d’argent qu’ils reçoivent peu de fonds. »
De son côté, la communauté Ethereum prend au sérieux la censure pratiquée sur ses blocs. Ainsi, le projet Flashbots, à l’origine de cette censure, a dévoilé plusieurs idées pour mitiger ce phénomène.
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