Les cryptomonnaies, moins éthiques que Wall Street ? Ce milliardaire met les pieds dans le plat
Question rhétorique – Vous connaissez FTX ? Oui, cette plateforme qui vient de lever 1 milliard de dollars et qui semble toujours plus inarrêtable ? Et bien ce n’est pas d’elle dont nous allons parler aujourd’hui, mais d’un de ses investisseurs. Il répond donc au nom d’Orlando Bravo. Il a construit un des plus grands fonds de capital-investissement, private-equity pour les bilingues. Ce milliardaire s’est exprimé sur la situation actuelle de « cryptomonnaies peu étiques » comparées au capital-investissement.
Les cryptos sont peu éthiques par rapport au private equity
À cannes, le 26 septembre, lors de la conférence de capital-investissement, le milliardaire et cofondateur de Thoma Bravo a défini les cryptomonnaies comme peu éthiques. Rangeons nos fourches, ce directeur d’une firme estimée à 7 milliards de dollars détient des parts dans FTX. Il a aussi personnellement défendu le Bitcoin. Pendant une entrevue, il a déploré le fait que les normes éthiques dans l’industrie cryptographiques ne soient pas aussi élevées que dans le capital-investissement.
Son groupe de PE a investi 150 millions de dollars dans la fameuse bourse de cryptomonnaies FTX. L’entreprise possède aussi des participations dans 4 autres firmes du secteur. Il aurait cependant déclaré dans une interview au Financial Times que sa firme mettrait un arrêt au développement des investissements dans les sociétés cryptos. Bien sûr, le responsable de Thoma Bravo se satisfait des performances de son entreprise. Cependant, il témoigne qu’il a rencontré des problèmes dans l’industrie au sens large.
« J’ai appris à connaître ce monde un peu plus, et certaines des pratiques commerciales ne sont pas à la hauteur de l’éthique à laquelle nous sommes tous habitués dans le domaine du capital-investissement avec vos investisseurs, vos clients et votre communauté, et cela a été un peu décevant. »
Orlando Bravo, responsable du capital-investissement chez Thoma Bravo
Mais le milliardaire mise sur 5 chevaux cryptos
L’entrepreneur est ainsi optimiste par rapport au Bitcoin et aux cryptomonnaies. Cependant il estime que l’industrie fait preuve d’un manque de transparence inquiétant. Il relativise son propos en énonçant que l’industrie est jeune et que les problèmes se résoudront avec le temps. Pour rappel en janvier, il avait déclaré que les cryptomonnaies étaient l’ultime réserve de valeur.
Les autres entreprises dans lesquelles Thoma Bravo investi sont Anchorage Digital, Falcon X, Figment et TRM Labs. Pour ces investissements il a donc levé un fonds de croissance l’an dernier de 1,5 milliards de dollars.
Concernant ces futurs investissements cryptos. Il a énoncé :
« Nous faisons plus de ce qui a été très, très réussi. Et si quelque chose n’est pas encore réussi, nous ne nous précipitons pas pour faire 10 autres choses.. Nous sommes vraiment satisfaits de ce que nous avons. Et nous voulons le voir se développer et réussir avant de pouvoir en faire beaucoup plus. »
Il a aussi exprimé qu’ils allaient « certainement envisager » d‘investir à nouveau dans FTX. Et ce dans le cas ou elle organiserait un autre tour de financement. La société sera « un grand gagnant », a-t-il dit, décrivant Sam Bankman-Fried, 30 ans, comme « l’un des meilleurs entrepreneurs » qu’il ait rencontré.
Private equity, vraiment étique ? Au sens large ?
Comme tout nouveau marché, celui des cryptomonnaies n’est pas arrivé à maturité et des problèmes éthiques, sécuritaires, environnementaux restent à résoudre. Le private equity s’il fait face à des régulations n’est lui non plus pas en reste.
Les sociétés de capital investissement sont les sociétés qui interviennent après celles de capital-risque. En bref l’investissement est moins risqué, donc il rapporte moins. Un société de private equity va investir dans une société dont le business plan à déjà été éprouvé. Elles investissent en général pour 5 ans en vu d’aider l’entreprise à grandir et à se développer.
Mais ces sociétés sont toutes sujettes à critiques. On accuse parfois ces sociétés de chercher à maximiser la rentabilité des entreprises au détriment de leur longévité. Aussi si l’investissement tourne au vinaigre, il est parfois fait état d’investisseurs récupérant leur dû et désertant les lieux. « Après-moi le déluge » dira-t-on.
Évidemment toutes les entreprises ne sont pas comme cela. De nombreuses cherchent à développer une réelle relations de confiance avec les projets dans lesquelles elles investissent. Chaque entreprise de capital-investissement a des spécialités et une réputation qui la précède.
Un autre fait qui pousse à l’éthique. Les entreprises, qu’elles soient de capital investissement ou pas, obtiendront des crédits moins couteux et plus facilement si elles sont éthiques. En effet des scores RSE dépendent du taux de parité des sexes, des engagements environnementaux et sociétaux. Ces scores engendrent ensuite une augmentation ou une diminution du taux d’intérêt appliqué sur le prêt.
Le marché des cryptomonnaies a donc des progrès à faire. Qui aime bien châtie bien, la critique est nécessaire pour faire avancer et améliorer tout projet. Et si le marché n’est pas mature, c’est tant mieux.