La blockchain & l’industrie du football
Les blockchains s’immiscent dans tous les secteurs et s’adaptent à de nombreux cas de figure, notamment en ce qui concerne les données dites “prouvables”. Il est clair que la technologie intéresse le monde du sport, et il semble que le football soit l’un des premiers domaines sportifs à s’y intéresser.
Selon la BBC, le club de football de Premier League Arsenal aurait signé un contrat de sponsoring avec CashBet – un site de jeu d’argent crypto-friendly – et même le « dieu » du football, Lionel Messi, semble être passionné de cryptomonnaies. Le quintuple Ballon d’Or a par exemple récemment déclaré qu’il a “creusé profondément dans la blockchain et les systèmes décentralisés”. SportyCo, une plateforme d’investissement sportif décentralisée, a également conclu un accord de sponsoring avec le RCD Espanyol. La plateforme serait soutenue par des favoris du football comme Roberto Carlos et Ronaldinho.
La blockchain pour un football plus sûr ?
Ce qui intéresse le monde du football, et plus généralement le monde du sport, sont les caractéristiques intrinsèques d’une blockchain, qui pourraient être un ajout positif aux processus existants, notamment dans le domaine de la sécurité et de l’immutabilité des données.
Michael Broughton, expert footballistique chez Sport Investment Partners, a déclaré :
« Le sport, y compris le football, a une excellente occasion d’utiliser cette nouvelle technologie et d’être à l’avant-garde de son adoption future. Il peut aider à fournir un meilleur service et générer des revenus plus importants. La technologie blockchain doit être présentée aux acteurs et spectateurs du monde sportif comme une technologie qui ne changera pas leur expérience utilisateur, mais qui permettrait de conserver leurs données personnelles et financières de façon beaucoup plus sure. »
À titre d’exemple, le stade de Manchester United, Old Trafford, a une capacité d’accueil de près de 75.000 places. Le suivi des dossiers joints à ces billets à des fins de sécurité et de marketing pourrait être un cauchemar logistique, mais pas avec la technologique blockchain.
Pour Broughton, c’est là que l’on peut voir la plus grande différence :
« À l’heure actuelle, la plupart des sites sportifs ne savent pas exactement qui entre dans le stade. Dans les clubs de football de la Premier League, il n’est pas rare que les gens laissent leurs amis utiliser leurs abonnements lorsqu’ils ne peuvent pas se rendre aux matchs. Les clubs de football peuvent savoir qu’un billet a été utilisé, mais pas toujours par qui. Ils ne pourront donc plus jamais cibler le marketing de club vers ces spectateurs. La plupart des clubs et des stades ont ce problème. Si vous mettez votre système de billetterie sur une blockchain, vous pouvez vérifier si les gens étaient présents, où, et à qui ils ont donné leurs billets. Si les gens veulent transférer ces billets à des amis ou à d’autres personnes, ils doivent être enregistrés sur la blockchain. »
De plus, selon l’expert, l’immutabilité des données pourrait être un avantage majeur dans les paris sportifs.
« Vous avez un système de paris plus sûr si vous savez que ces paris sont légitimes, ce qui ne peut être que bon, pour les sociétés de jeux d’argent et l’industrie des paris sportifs. Plus de paris peuvent être faits, qui sont plus susceptibles d’être des paris légaux. »
M. Broughton a également discuté de la manière dont le nouveau règlement général de l’Union européenne sur la protection des données (RGPD) pourrait favoriser une adoption plus rapide :
« Je crois que GDPR accélérera certaines utilisations de la blockchain. Si[le consommateur] décide que[ses données] ne devraient plus être utilisées, alors c’est inscrit sur leur bloc, ce qui arrête l’utilisation ou la visibilité de ces données. Bien qu’elles soient stockées en toute sécurité, elles ne peuvent pas être utilisées tant que l’autorisation n’a pas été accordée. Cela devrait aider à empêcher les entreprises de revendre vos données à partir de maintenant. »
Les smarts contracts titulaires ?
Christina Henry, avocate chez Wiggin LLP, a expliqué comment la blockchain pourrait aider à rationaliser les droits de diffusion sportive :
« Le découpage de ces droits peut s’avérer complexe. Les réseaux blockchain ont le potentiel d’aider les organisations sportives et les radiodiffuseurs à suivre les droits qui ont fait l’objet d’une licence et à identifier les droits qui n’ont pas été exploités. Des contrats intelligents sur un réseau blockchain pourraient également contribuer à faciliter les paiements automatiques en remontant la chaîne des titulaires de droits lorsque ces droits sont exploités. » Elle rajoute :
« Ce type de technologie pourrait même s’étendre aux tests de dépistage de drogues dans l’industrie du sport. » […] « Il est possible que la blockchain soit utilisée comme une sorte de système sécurisé de gestion des dossiers pour consigner les ordonnances et les résultats des tests, mais dans le contexte des résultats des tests de dépistage de drogues, un réseau de blockchain privé – plutôt qu’un réseau public – serait plus approprié. »
La blockchain ne résoudra pas tous les problèmes du football
Henry tempère ses déclarations et rajoute que :
« la technologie blockchain n’est pas une solution universelle, et des recherches appropriées doivent être menées pour déterminer si elle permettra effectivement de rationaliser les processus existants et de les rendre plus efficaces. […] C’est aux clubs de déterminer s’ils doivent utiliser cette technologie et si son utilisation améliore les choses ou non. »
De plus, l’avis selon lequel la blockchain et les smart contracts révolutionneraient la gestion administrative du football à l’échelle mondiale n’est pas partagé de tous. En effet, David Gérard, auteur de « Attack of the 50 foot blockchain », et surtout crypto-sceptique, l’a fait savoir en déclarant :
« Le problème réside dans le fait que la nature immuable des contrats intelligents signifie qu’ils ne peuvent pas être modifiés. Les contrats intelligents peuvent être mauvais sur le plan pratique. Essayer d’apporter des changements peut être comme essayer de reprogrammer une énorme fusée spatiale après son lancement – quelque chose qui prendrait environ six mois à la NASA et à ses scientifiques. »
Il n’en est pas moins que les potentielles adaptations des blockchains peuvent apporter beaucoup au monde du football et plus largement au monde du sport. Notamment dans la gestion administrative des clubs et de la FIFA, mais aussi pour les services de paris sportifs… Après l’adoption de l’arbitrage vidéo, viendra peut-être la transition vers l’utilisation généralisée de la blockchain dans le monde footballistique.
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