Régulation crypto : Incertitude pour le stablecoin USDT de Tether face à l’arrivée de MiCA en Europe
MiCA est dans la place ! Le déclenchement effectif du cadre réglementaire Markets in Crypto Assets (MiCa) est officiel depuis ce début de semaine. Et cette étape marque sans aucun doute le début d’un changement de cap notable pour le secteur des cryptomonnaies européen. Une première du genre pour une juridiction de cette ampleur, qui soulève quelques inquiétudes du côté des stablecoins. En particulier pour le leader USDT de Tether, toujours crypto non grata du fait de son incapacité à obtenir la certification nécessaire. Une incertitude qui commence à devenir pesante !
- Le cadre réglementaire MiCA pour les cryptomonnaies a été officiellement lancé en Europe, suscitant des inquiétudes pour les stablecoins comme l’USDT de Tether.
- Les exigences de MiCA pourraient être incompatibles avec le fonctionnement de grands acteurs comme Tether, en raison des réserves bancaires requises et du manque de transparence historique de l’entreprise.
USDT : stablecoin non grata en Europe ?
La mise en place du cadre réglementaire MiCA ambitionne de clarifier et d’uniformiser le traitement des cryptomonnaies sur le territoire européen. Une volonté saluée par les acteurs de l’écosystème américain obligés de faire face au Far West imposé par la SEC, mais déjà largement critiqué par les petites crypto-entreprises locales.
Car ce millefeuille de réglementations parfois proches de l’absurde était déjà largement indigeste avant son lancement officiel ce 30 décembre. Avec le risque de nuire à un secteur du Web 3 déjà pas très peuplé dans cette partie du monde.
Un exercice de style duquel a rapidement été exclut le leader incontesté des stablecoins USDT de Tether. Cela au point d’obliger l’entreprise à mettre un terme à sa version EURT adossée à l’euro à la fin novembre.
Dans le même temps, le stablecoin USDT est devenu indisponible sur les plateformes implantées en Europe, comme Binance ou Coinbase (liste non exhaustive). Et rien ne permet pour le moment de penser que la situation va s’arranger dans un avenir proche.
Tether dans une impasse réglementaire ?
Le problème semble insoluble. Car les exigences émises par le règlement MiCA au sujet des stablecoins pourraient bien être incompatibles avec la logique de fonctionnement de certains mastodontes du secteur. En particulier sur la question sensible de la gestion de leurs réserves effectives. Un exercice pour lequel Tether a historiquement brillé pour son manque chronique de transparence.
C’est en tout cas l’un des points de frictions réglementaires mis en lumière par Agne Linge, responsable du développement pour la société de stratégie crypto WeFi. Car « cette demande n’est pas économiquement viable sans perturber l’écosystème crypto dans son ensemble ». En particulier du fait de « l’importante capitalisation de Tether et de son adoption mondiale ».
« La nouvelle loi de l’UE exige désormais que les petits émetteurs de stablecoins conservent 30 % de leurs réserves dans une banque commerciale à faible risque au sein de l’UE, tandis que les grands acteurs comme Tether doivent conserver 60 % ou plus dans les banques »
Agne Linge
Une situation qui expliquerait en partie la capacité plus importante de l’USDC de Circle à répondre aux exigences du cadre réglementaire MiCA. Car son adoption reste bien moins importante, avec une part de marché (43,8 milliards de dollars) toujours 3 fois inférieure à l’USDT (138 milliards de dollars).
Agne Linge souligne également d’autres aspects problématiques de la mise en œuvre du cadre réglementaire MiCA. Comme par exemple le risque évident de « pousser les petites entreprises, et même certaines grandes entreprises, hors de l’Union européenne (UE) ». Le tout accompagné de politiques fiscales agressives dans de nombreux pays d’Europe, comme par exemple avec la volonté de l’Italie d’augmenter drastiquement les taxes sur les gains de capitaux. Bienvenue en 2025 !