MtGox et Mark Karpelès : l’ancien « baron du Bitcoin » fait son retour avec UnGox
Crypto flash back. Le 3 janvier 2009, marquait une étape importante pour la finance : le minage du premier bloc bitcoin par Satoshi Nakamoto, architecte de ce qui allait devenir la cryptomonnaie de référence. À cette époque, Bitcoin, son réseau, sa cryptomonnaie et son potentiel disruptif demeuraient méconnus du grand public. Néanmoins, quelques entrepreneurs ont rapidement perçu les opportunités permises par cet écosystème émergent et ont choisi d’y investir leurs efforts.
Parmi ces pionniers, le nom de Mark Karpelès, surnommé « le Baron du Bitcoin », résonne particulièrement dans la communauté crypto française. Figure emblématique de cet univers en constante évolution, Marc Karpelès a indéniablement laissé son empreinte dans l’histoire des cryptomonnaies. À l’occasion de sa récente interview accordée à la Tribune, ce dernier à fait un point sur son parcours, du fiasco MtGox à son futur projet UnGox.
MtGox, une légende Bitcoin
Initialement conçue en 2009 comme une plateforme d’échange de cartes pour le jeu « Magic: The Gathering », MtGox a rapidement évolué pour devenir, à l’époque, un exchange de référence. Située au Japon, cette plateforme, sous la direction Jed McCaleb puis de Marc Karpelès, a su s’imposer comme un pivot central du marché des cryptomonnaies, gérant à son apogée près de 70% de toutes les transactions Bitcoin mondiales.
Cependant, en 2014, le rêve s’est transformé en cauchemar. La plateforme a annoncé être victime d’un hack et avoir perdu au total 850 000 bitcoins, une quantité astronomique représentant des centaines de millions de dollars au cours actuel du BTC.
Cet événement, considéré comme l’un des premiers scandales de l’industrie crypto a secoué la confiance du marché et a préfiguré d’autres crises à venir, à l’instar de l’effondrement de la plateforme FTX en 2022. La réponse rapide du gouvernement japonais a conduit à la liquidation éclair de MtGox en 2014, plongeant Marc Karpelès dans une tourmente judiciaire. Emprisonné de 2014 à 2015, Karpelès a été accusé non seulement de négligences liées à la sécurité de la plateforme, mais également de manipulations du système informatique de sa société et de détournement de fonds estimé à environ 2,6 millions de dollars en valeur actuelle du Bitcoin.
A Mark de résumer l’épilogue de ce feuilleton judiciaire :
« La cour de justice au Japon n’est pas la plus rapide du monde (…) la procédure a commencé en 2014, le hacker russe Alexander Vinnik finalement mis en cause dans ce piratage a été arrêté en 2017 par la police américaine. »
Mark Karpelès – La Tribune
Mark Karpelès dans la tourmente MtGox
Son arrestation au Japon en 2015, pour des accusations de détournement de fonds et de manipulation de données, a donc alimenté le feuilleton judiciaire. En dépit de ces défis, Karpelès a toujours clamé son innocence, affirmant avoir été victime des failles de sécurité de sa propre plateforme.
En 2019, il a été condamné à deux ans et demi de prison avec sursis, mais a été acquitté des accusations les plus graves. Il déclare d’ailleurs à nos confères de La Tribune :
« J’ai été blanchi sur les motifs de détournements de fonds et d’abus de confiance »
Il faut comprendre l’ampleur de cette affaire à l’époque. Le hacker de MtGox ayant siphonné le wallet chaud de la plateforme avec patience pendant plusieurs année avait réussi à se faire discret. L’impact total de ces retraits représente plus de 660 000 bitcoins en février 2014. Avec la hausse phénoménale du cours à l’automne la même année puis sa consolidation autour des 850 dollars, Mt. Gox doit faire face à de fortes variations quant aux retraits demandés par les utilisateurs. C’est ce qui mène l’équipe derrière la plateforme à découvrir que ces bitcoins manquent à l’appel.
Le 7 février, Mt. Gox suspend les retraits. Le cours du bitcoin, qui se maintenait alors au-dessus des 800 dollars, chute violemment et descend à 700 dollars en quelques heures. Entre le 9 et le 11 février, une attaque exploitant la malléabilité des transactions sur Bitcoin touche toutes les plateformes d’échange de l’écosystème. Cela concerne Mt. Gox qui alerte ses utilisateurs. C’est le début de la fin.
De nombreux acteurs de la première heure, souvent appelés « OG » dans le milieu crypto, évoquent cette époque en termes comparables à ceux d’anciens combattants. Une explosion qui n’est pas sans rappeler celle que nous avons traversée en novembre 2022, alors que FTX et tout l’empire de Sam Bankman-Fried implosaient.
Karpelès exprime d’ailleurs avoir eu de l’empathie pour Sam Bankman-Fried au tout début de la faillite de FTX, pour ensuite comprendre la réalité des faits, comme il a pu l’exprimer sur ses réseaux sociaux il y a quelques mois. Absence de remord, perte de connexion avec la réalité : Il considère l’affaire SBF comme un abcès qui a éclaté, nécessitant un assainissement dans le monde crypto.
Quel Avenir pour Marc Karpelès ?
Aujourd’hui, âgé de 38 ans, Marc Karpelès affirme qu’il ne possède plus aucun bitcoin. Toujours passionné par les cryptomonnaies, il souhaite désormais contribuer à l’écosystème crypto depuis la France, son pays d’origine. Ses plans incluent le lancement d’une agence de notation pour les cryptomonnaies, baptisée Ungox, visant à offrir des évaluations fiables et transparentes pour les investisseurs.
Il a pour objectif de jouer un rôle dans l’amélioration de la compréhension et de l’adoption des cryptomonnaies en fournissant des informations essentielles et des analyses de risques. Dans les détails Karpelès considère que le niveau de sécurité requis dans le monde crypto « augmente très vite et représente un défi constant face à l’évolution du piratage ».
Cependant, bitcoin, dont la centralisation autour de quelques mineurs de bitcoin inquiète l’ancien patron de MtGox, aurait ses limites. Ce dernier ambitionnerait plutôt de créer des solutions plus décentralisées et de se tourner ainsi vers Ethereum.
« J’ai tendance à regarder d’autres technologies. Ethereum a une valeur ajoutée avec les smart contracts… On peut encore trouver mieux. »
Alors que nous sommes fasse à ce qui semble être une crypto rédemption, le parcours de Marc Karpelès et l’histoire de MtGox restent indissociablement liés à l’évolution du Bitcoin et à celle de notre écosystème. Une blessure que le marché crypto peine d’ailleurs à panser : le remboursement des victimes de MtGox trainant depuis maintenant près de 10 ans laisse un arrière goût amer à la communauté crypto. Entre le hack et l’augmentation du prix du bitcoin, notons que les victimes, pour 1 BTC volés sont remboursées 0,18 satoshis. Sur 42 000 comptes victimes du piratage, 2000 à 3000 portefeuilles français sont concernés.