Les mixeurs de bitcoins finiront-ils par être interdits ? Le créateur de Bitcoin Fog finit en prison
Enfin, un criminel derrière les barreaux – Mixer ses bitcoins semble être un excellent choix pour conserver sa vie privée. Cependant, le recours à ce genre de services est de moins en moins accepté par diverses plateformes. Le débat est relancé suite à l’arrestation de l’opérateur d’une plateforme de mixage célèbre sur le deep web.
Le créateur de Bitcoin Fog derrière les barreaux
Lancé il y a presque 10 ans, Bitcoin Fog était une plateforme permettant à ses utilisateurs de mélanger leurs BTC avec ceux d’autres utilisateurs et ainsi les rendre indiscernables.
Le 27 avril dernier, son fondateur Roman Sterlingov a été arrêté par l’IRS (le fisc US) pour blanchiment d’argent. Le montant blanchi s’élèverait à plus de 1,2 million de BTC, soit 336 millions de dollars au moment des faits.
En pratique, Sterlingov prélevait une commission de 2 à 2,5 % sur chacune des transactions, amenant sa fortune à quelques 8 millions de dollars en BTC au moment des faits, une valeur qui a dû exploser au cours des derniers mois.
Selon les estimations des autorités US, environ 23 % des BTC mixés sur Bitcoin Fog finissaient sur des plateformes d’achats de produits stupéfiants sur le deep web.
Bien que les adresses Bitcoin soient pseudonymes, les autorités US ont pu remonter jusqu’à Sterlingov en analysant 10 ans de données sur la blockchain. Ces derniers ont pu lier son identité à ses adresses grâce à un paiement réalisé pour payer les frais du serveur du site Bitcoin Fog, avec la crypto aujourd’hui disparue, Liberty Reserve, et dont les fonds avaient été transférés depuis Mt Gox.
« Avec l’analyse de blockchains, la chose que nous répétons sans cesse est que toute cette activité est sur ce grand livre pour toujours. Et si vous avez fait quelque chose de mal il y a 10 ans, vous pouvez être attrapé et arrêté pour cela aujourd’hui. »
Déclaration de Sarah Meiklejohn, Professeur à l’University College London
Les mixeurs de BTC dans le viseur des échanges
Bien qu’ils ne soient pas forcément liés à des activités illicites, les mixeurs de bitcoins ne sont pas vus d’un bon œil par les plateformes d’échange. Qu’ils soient centralisés, comme Bitcoin Fog, ou décentralisés via l’usage de CoinJoin, de nombreux échanges, tels que Binance, ont d’ores et déjà refusé des dépôts ayant eu recours à de tels techniques. Effectivement, ces dernières ne souhaitent pas prendre le risque d’accepter, dans leur système, des cryptomonnaies issues de trafics illégaux.
Bien que cette situation soit compréhensible, elle n’en reste pas moins questionnable quant à la vie privée des utilisateurs. Ainsi, un utilisateur souhaitant uniquement protéger ses données personnelles sera mis dans le même panier qu’un trafiquant, sous couvert du principe de sécurité.
Heureusement pour les aficionados de la confidentialité, les plateformes d’échange décentralisées restent accessibles, malgré l’utilisation de mixeurs. En revanche, des difficultés se présenteront au moment de la conversion des actifs en monnaies fiduciaires.