Le géant financier BlackRock vient de déposer une demande d’ETF au comptant sur Bitcoin auprès de la Security Exchange Commission. Une demande qui, si elle devait être validée par le gendarme boursier américain, serait de nature à faire franchir une étape déterminante à l’industrie crypto.
Pierre qui roule, amasse du bitcoin
Aussi incontournable que relativement peu connu du grand public, BlackRock est rien moins que le plus grand gestionnaire d’actifs mondial, avec un total sous gestion estimé de 10 trillions de dollars AUM (Assets under Management).
Un peu comme Bitcoin, BlackRock est jeune à l’échelle financière (l’entreprise US a été fondée il y a 25 ans), et un peu comme Bitcoin, son expansion s’est faite à une vitesse véritablement exponentielle. Le fonds a ainsi prospéré autant dans les moments d’euphorie et de croissance, qu’au cœur des crises immobilières ou des subprimes à la fin des années 2010.
La convergence de ces deux astres financiers n’a ainsi aux yeux des observateurs jamais été une question de « si », mais de « quand », avec de nombreux signes avant-coureurs que quelque chose se tramait en coulisse.
C’est donc ainsi sans véritable surprise qu’on apprenait il y a quelques heures le dépôt par BlackRock auprès de la SEC d’une demande d’ETF au comptant sur Bitcoin qui, si elle n’est pas la première demande du genre, pourrait bien marquer l’histoire en étant acceptée par les autorités boursières US.
Quand Larry rencontre Gary
Tout n’est que contexte, et voir cette demande surgir de nulle part précisément lors d’un climax apocalyptique inédit sur la scène crypto américaine incluant dans le rôle de la brute la SEC, et dans celui des crypto-truands Coinbase, Binance ou encore Kraken n’est en rien du au hasard.
On sait qu’au centre de la crypto-war enclenchée par le gendarme boursier américain se trouve un homme, Gary Gensler qui semble être véritablement rentré en croisade contre l’industrie toute entière, quitte à s’y bruler les ailes.
Et si les patrons de Binance ou de Coinbase ont quelques arguments à faire valoir dans cette lutte, disposant de moyens de dépenses financiers et juridiques importants en dépit des frimas du bearmarket, l’arrivée d’un acteur comme BlackRock rééquilibre soudainement l’équation.
En effet, on ne traite pas un homme comme Larry Fink, CEO de BlackRock qui discute avec les dirigeants du G7 (et gère leurs patrimoines nationaux), comme on rudoierait un vulgaire CZ.
Sur le fonds, l’enjeu est important : ce que demande BlackRock, via son entité ad hoc iShares c’est l’autorisation de lancer ce qu’on appelle un ETF « au comptant », ou iShares Bitcoin Trust, c’est à dire un instrument financier dérivé reposant sur Bitcoin, et impliquant la détention véritable du sou-jacent en bitcoins. Ce type de véhicule financier est accessible aux particulier, mais est surtout apprécié des investisseurs dit institutionnels (les fameux).
D’autres s’y sont cassés les dents avant, et la SEC est même en procés contre Grayscale, suite au refus il y a quelques mois d’une demande semblable.
Si en la matière, on sait qu’il faut se garder des prédictions, il n’empêche qu’on a du mal à « parier contre BlackRock », pour reprendre les terme d’Anthony Pompliano (qui rappelle au passage que le terme ETF est inexact, BlackRock souhaitant en réalité constituer un Trust).
Et dans ce contexte, même la puissante SEC pourrait tomber sur un os en titane. A la clé, difficile de ne pas voir les retombées positives pour Bitcoin et le marché crypto dans son ensemble d’un point de vue strictement spéculatif.
La puissante BlackRock est-elle prête à marquer l’histoire de Bitcoin d’une pierre noire ? Les prochains mois nous le diront. En attendant, on savourera l’ironie de voir que le prestataire choisi par le fonds géant pour gérer la fiduvie de ses bitcoins n’est nul autre que… Coinbase, dont la SEC a pourtant ces dernières semaines fait une de ces cibles favorites.
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