Flash4People : attention au MLM crypto-compatible
Aujourd’hui, nous allons étudier le cas de l’entreprise Flash4People, laquelle est une émanation directe de l’ICO de Flashmoni, s’étant déroulée de fin 2017 au premier trimestre 2018. L’approche de Flash4People repose sur un système de vente dit MLM (Multi Level Marketing), soit une approche fondée sur la viralité et la vente multicanal, les membres du réseau étant incités à en recruter d’autres, contre rétribution (potentielle). Si le MLM en tant que tel n’est pas illégal, il n’en reste pas moins strictement encadré par le Code de la consommation, du fait de son jumeau maléfique : la vente dite « à la boule de neige », définie et punie par le Code Pénal, art.131.38 et suivants, et qu’on qualifie souvent de « vente pyramidale » ou « pyramide de Ponzi ».
Il faut en effet garder à l’esprit une autre caractéristique de la vente type Ponzi : elle propose préférentiellement un « service » peu tangible, construit sur une promesse (d’enrichissement incroyable, bien souvent), le tout assorti d’un discours volontairement compliqué et inutile. La cryptomonnaie et la blockchain, concepts encore nouveaux et peu évidents à appréhender pour le commun, se prêtent malheureusement bien à cet exercice.
Ainsi de nombreuses sociétés apparaissent aujourd’hui, dissimulant parfois habilement des système pyramidaux derrière l’argument séduisant de la « nouvelle cryptomonnaie qui va remplacer Bitcoin ». Observons donc ce nouvel ovni cryptomonétaire qui prétend apporter révolutions aussi diverses que chimériques dans son sillage.
Mars 2018 – Découvrez Flashmoni, une ICO presque banale mais surtout bancale
L’ICO de Flashmoni est d’abord annoncée en janvier 2018 sur le forum spécialisé Bitcointalk. Le Branding date de fin 2017 : il s’agit de proposer un écosystème de produits financiers (Wallet, carte physique assortie de paiement sans contact, etc.), auxquels s’ajoutent des produits de distribution physique, type ATM (distributeur de billets). Un exchange est également annoncé (FlashExchange), ainsi qu’une application mobile.
Rien de proprement révolutionnaire. En effet, à cette période, ce type de proposition (tout un écosystème financier plus ou moins étendu basé blockchain) se décline en des dizaines de projets proposés au grand public. Pour autant, cette ICO en particulier ne présente pas de signaux d’alertes notables ; du moins, rien qui n’ait été relevé à l’époque.
Un token utilitaire ERC-20 est annoncé : l’OZT, vendu en 3 phases pour un total de 730 millions d’unités, à un prix fixe de 0.13 USD, du 1er novembre 2017 au 10 mars 2018. Là encore, rien que de bien habituel.
70% des tokens sont réservés à la vente (le reste se distribuant entre l’équipe, les investisseurs précoces, ou encore la campagne supposée de bounty). 70%, c’est également le montant des fonds qui seront supposément dédiés à l’achat d’or physique, selon le modèle économique présenté par Flashmoni.
En effet, l’OZT a une particularité : selon l’entreprise, le token sera backé sur de l’or métal, lequel sera acquis avec l’essentiel de la levée de fonds. Cette procédure a soi-disant vocation à garantir la valeur du token OZT, de façon à ce que celle-ci ne baisse pas.
A l’issue de l’ICO, la société annonce avoir récupéré l’impressionnant montant de 72 millions de dollars, somme très respectable, d’autant plus dans une période qui se caractérise par une chute drastique des levées de fonds et une perte de confiance importante, du fait notamment de nombreux scams et de l’entrée dans le fameux hiver crypto.
Étonnamment, il semble que ce montant (tellement conséquent qu’il place Flashmoni dans le Top10 des ICO ayant levé le plus d’argent mi-2018) ne soit ensuite jamais particulièrement questionné. Il devient donc pour ainsi dire officiel, sans qu’il soit possible cependant d’en matérialiser jusqu’à aujourd’hui la réalité. Notons que l’hiver crypto évoqué précédemment a dû être rude pour tout le monde, puisque pour une raison technique que l’on imagine malheureuse et accidentelle, le Livre Blanc de l’époque ainsi que l’équipe d’origine ont tous deux disparus du site officiel depuis. D’une manière générale, tout le marketing déployé à l’époque (vidéos explicatives ou autres posts facebook) a également et fort malheureusement pris un billet aller simple pour un coffre suisse et n’est plus en ligne à l’heure actuelle.
Pourquoi ce montant pose question ?
Le plan exposé par Flashmoni s’agissant de l’achat de l’or garantissant son jeton était simple : 70% de la levée de fonds devait servir à acheter du métal précieux, ces fonds étant eux-même issus de la vente d’un maximum de 511 millions de jetons (il était prévu par ailleurs que les tokens invendus soient brûlés). Le contrat du token est visible ici, et il fait effectivement apparaître un total supply de 730 000 000 jetons.
Je vais être magnanime avec Flashmoni, et je vais considérer, faute de sources fiables disponibles, que :
- TOUS les jetons ont été vendus : 511 millions, comme ça OKLM, même si je me permets de rappeler que ce n’était pas vraiment l’ambiance en mars 2018,
- Personne n’a voulu du moindre bonus, et tous les OZT ont trouvé preneur à 0.137 USD. J’agis ainsi par souci de simplification, puisqu’en réalité les 3 phases d’achat étaient assorties de généreux bonus.
L’opération est simple, l’ICO de Flashmoni aurait donc levé un total de 70 millions de dollars, presque tout rond. Ne pinaillons pas, ce n’est pas si loin des 72 millions annoncés, même si nous pouvons nous accorder pour considérer mon mode de calcul comme particulièrement bienveillant. Quoi qu’il en soit, voilà donc Flashmoni claironnant détenir un trésor de guerre de 70 millions de dollars et, toujours conformément à son plan initial, comme devant consacrer 70% de ce montant à l’achat d’or physique, soit 49 millions.
Évidemment, la société est bien obligée d’attendre de disposer des fonds pour aller chez madame la marchande d’or en lingot. Considérons que cette acquisition est effectuée une quinzaine de jours après la fin de l’ICO – le temps de se remettre et de compter la caisse -, soit le 1er avril 2018. Ce jour là, un kilo d’or 24K, celui dont on fait les dents, coûte 43 000 USD (et là, pas de promo possible). Le 1er avril 2018, Flashmoni se présente au guichet de la Banque Postale de Dubaï la plus proche et s’offre ainsi un peu plus de 1139 kilos d’or.
Pas si mal ! Mais gardez ce chiffre en tête, car c’est le premier d’une longue série dont les leaders de l’entreprise Flashmoni (qui changera bientôt de nom, comme je vais vous l’expliquer) vont avoir parfois du mal à se rappeler.
Rappelons donc qu’à l’époque le discours officiel de Flashmoni sera pourtant le suivant : l’entreprise annonce posséder 2.2 tonnes d’or (ou 2.3, selon les sources), conservées dans un coffre à Dubaï. Plus anecdotiquement, au sein de la communauté revient également de manière régulière le fait que la société (ou son fondateur) possède(nt) plusieurs mines d’or.
Les choses se compliquent
Plus dans le détail, il existe un autre token : l’OZTG (G, pour Gold). Dans les faits, c’est ce token-là qui est finalement présenté comme étant backé par une certaine quantité d’or, sur une base 1 OZTG = 20 OZT = 1 « grain » d’or ( une mesure anglo-saxonne, dans laquelle 480 grains constituent une once d’or 24 carats). Le contrat de ce second Token est consultable ici.
Petit fun fact cependant : ce token OZTG, présenté comme étant donc backé sur la quantité d’or détenue par Flashmoni et dont le supply devrait en conséquence être 20 fois moins important que celui de son petit frère l’OZT, présente un supply de 730 000 000 de tokens lui aussi. Surement un copier-coller malheureux, mais passons, de toute façon vous allez voir que l’imbroglio ne s’arrête pas là.
Malheureusement, difficile de disposer de beaucoup plus de détails : le White Paper disponible à l’époque semble avoir lui aussi mystérieusement disparu, à la fois du site mais également des autres sources disponibles.
L’équipe fondatrice derrière l’ICO de Flashmoni
L’équipe alignée pour l’ICO était assez pléthorique, puisqu’elle se composait de 20 personnes et de 5 advisors. En dépit d’une image très anglo-saxonne, elle se révèle, à la consultation de la page Linkedin du projet, étonnamment constituée de nombreux français :
- Le CEO, Serge Lobreau,
- Mickael DAMOU, CIO, « ICO advisor »,
- Jacqueline Pradel, Maître enseignant Reiki (si si, sic),
- Alexandre Assouline, « ICO advisor »,
- Samuel Beaumont, spécialiste en finance islamique,
- Gérard Bertola, « ambassadeur » et community manager,
- Leonore Riotte, graphiste (pardon, Directrice artistique et CEO de la filiale FLASHCOM),
Serge Laubrau, le CEO de Flashmoni, un parcours complexe
La formule « complexe » nous paraît consacrée pour désigner un curriculum vitae tellement impressionnant qu’il pourrait bien paraître étonnamment bodybuildé. Trop pour être honnête ?
Serge Piana Laubrau n’en est pas à son coup d’essai en matière d’entreprise et présente déjà un impressionnant background entrepreneurial. Il a notamment fondé la société Sapian Group, basée à Dubaï, laquelle se compose de deux employés (lui inclus) et se présente comme cotée en bourse, tout en proposant supposément un panel de services financiers et communicationnels. Vous trouverez par ici un texte à sa gloire qui rappelle qu’il a appris le français en 6 mois et qu’il serait devenu un « grand nom de la cryptomonnaie grâce à Flashmoni », ce qui a un double mérite : poser le sérieux assez fantasque du CEO, et agiter un nouveau drapeau rouge sous vos yeux ébahis.
Parlant de gloire, Serge Laubrau semble avoir fâché tout rouge un de ses anciens associés d’affaires, ce dernier ayant mis en place et largement documenté une page Internet dédiée où l’homme d’affaires est présenté comme auteur de fraudes diverses – incluant Flashmoni – à hauteur de 100 millions de dollars. Si je ne suis pas du tout fan de ce type de démarche anonyme qui vient présenter une seule version d’une histoire, dans un contexte bien souvent conflictuel dont on ignore tout, j’ai tout de même pris le temps de fact-checker les éléments mis en avant, et je vous encourage à le faire également. J’en retiens les point suivants :
- La société TheBloqChain.com, engagée par FlashMoni, n’a pas été payée pour son travail sur le token, les smart contracts n’ont été déployés que tardivement et partiellement,
- Les 2.2 tonnes d’or censément acquises par Flashmoni sont fantasmées, personne n’en a jamais vu la couleur chatoyante,
- L’ICO n’a pas levé 72 millions de dollars,
- Serge Lobreau prétend disposer d’une licence de l’AMF Française, ce qui bien évidemment ne tient pas debout.
Contactée par nos soins, l’AMF nous a expliqué qu’au delà de l’absence de licence évidente concernant ce projet, dans les cas potentiels d’escroquerie, c’est la justice pénale qui serait concernée, avec d’autres interlocuteurs et acteurs qu’elle-même. Du fait de sa position spécifique, « l’AMF suit ainsi avec attention le déroulé des événements [dans le cas Flash4People] et invite les particuliers concernés à contacter [son] service Epargne Info Service au 0153456200 en cas de doute ». L’institution rappelle également qu’il convient d’être très vigilant dès lors que « des propositions d’investissements sont faites dans tous les sens sur internet en misant sur des effets de mode, avec des risques d’escroquerie très importants ».
Quoi qu’il en soit, le CEO de Flashmoni semble avoir de toute façon connu une année 2018 compliquée, tel qu’il l’évoque sur le blog de la société.
Et soudain, Flash4People surgit du néant
Depuis mi-2018, Flashmoni s’est fait discret. Le thread dédié sur Bitcointalk n’est plus alimenté depuis mai 2018, le site présentant l’ICO sent le renfermé et a été dépouillé de beaucoup d’informations, l’explorateur de bloc Ozblock.org renvoie une erreur 404, de même que le site pour le KYC. Le compte Medium à lui été suspendu. Enfin le site dédié à « l’App », présentée comme un produit central, est considéré comme dangereux et infecté par la plupart des navigateurs.
En revanche, par un article datant du 1er mai, le CEO informe la communauté de l’apparition d’une nouvelle branche de l’entreprise : Flash4People… et c’est alors que la fête peut vraiment commencer !
Pour commencer, vous trouverez la plaquette commerciale de l’entreprise par ici (je n’ose parler de White Paper) et aurez l’occasion de faire la connaissance de 3 de nos compatriotes : Fabrice Kerhervé, fondateur et président et Patrick et Sandra Colin, fondateur et chairman.
Patrick et Sandra sont des vieux briscard du MLM, Fabrice quand à lui est clairement une rock star du secteur ! Il présente les attributs disparates d’un gourou du marketing à l’américaine, doté du look de BHL et du bagout d’un camelot de marché provençal.
De Nice à Moscou, en passant par la Chine
Niçois d’origine, Fabrice a 54 ans. Il apparaît dès 2007 dans cette ville à l’occasion d’un événement organisé par sa société KGC Network. Il est à cette occasion décrit comme « roi de la vente directe par Internet », fort de 300 000 clients dans 32 pays et d’un chiffre d’affaires de 160 millions de dollars. Pour impressionnant qu’il soit, 50% de ce montant est supposé être atteint avec la vente de gels vaginaux et de produits de soins. Le rédacteur de l’article mentionne également que Fabrice, entouré d’un impressionnant service d’ordre pour l’occasion, ambitionne de se déployer dans le secteur des bijoux et des cosmétiques et s’apprête à se lancer à la conquête de la Chine et du Japon.
Au rang des multiples affaires à la tête desquelles on retrouve notre fringuant homme d’affaires, on mentionnera notamment d’autre sociétés de MLM comme People and Connection Limited, JM F International, mais également Natura4Ever (où il évolue au côté du couple Colin).
Fabrice n’est pas seulement un homme d’affaires avisé, c’est également un « people » qu’on retrouve sur les tapis rouges d’événements mondains. Il est à l’occasion également présenté en tant que « leader Russe du marketing de réseau », en deal avec Organo Gold, un autre MLM de type pyramidal n’ayant pas vraiment bonne presse sur Internet, spécialisé dans la vente de packs de « café organique » vendu au tarif défiant toute concurrence de 200€ le kilo. Au revoir le café équitable, visiblement.
Notons qu’il fait également des trucs rigolos avec ses mains dans les vidéos de présentation de Flash4People en menaçant de disrupter le périmètre (on se calme hein !).
Un CV bien rempli donc, dans lequel on retrouve étonnamment peu de liens avec la blockchain et la crypto ! Peu importe, Fabrice n’est pas là pour évangéliser les masses sur le sujet, ou prendre le relais des ambitions initiales de Flashmoni (les ATM crypto, vous vous souvenez ?). Non, Fabrice est plutôt là pour 3 choses :
- rappeler que Flash4People est gavé d’or,
- vous exposer des calculs tellement douteux qu’ils en deviennent amusants, impliquant qu’une grosse partie de cet or deviendra soi-disant vôtre,
- … et vous vendre des packs, comme dans tout bon MLM douteux, bien évidemment !
Car, Fabrice, autant les Dapps, la tokenisation, les smart contracts, la RGPD, les licences bancaires, toutes ces bêtises, il prend un peu ça en route, mais s’il y a bien quelque chose qu’il faut lui reconnaître, c’est qu’il vendrait des vélos à un cul-de-jatte (et en plusieurs coloris) !
Les promesses de Flash4People
Au travers de la plaquette marketing mentionnée un peu plus haut, et d’une vidéo de présentation qui traîne à peine en longueur (et que je me suis frappée en entier, par souci de déontologie journalistique), l’opportunité nous est dorénavant offerte de juger sur pièce de la proposition de valeur de Flash4People.
Vous vous souvenez ? « Rendre les choses inutilement compliquées » étant un marqueur notable du caractère douteux d’un projet, observons ensemble comment cette maxime s’applique parfaitement à Flash4People. Sous vos yeux ébahis, la mise en pratique du concept avec la naissance d’un 3ème token : le OZTK.
50 millions d’exemplaires d’un jeton décrit comme de « l’or liquide », échangeable manifestement contre du vrai métal jaune, mais seulement pendant des FlashAward à Dubaï (les salles des fêtes de Vesoul et Dunkerque étaient réservées ?).
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Inutile de chercher le contrat de ce token, puisqu’il est inexistant sur ETHScan. Malheureusement, les défenseurs acharnés de cette usine à gaz, sans doute piégés dans un biais de confirmation tenace et fort douloureux, viendront nous rétorquer que le jeton évoluera à terme sur un mainet propre – la blockchain OZEETY. Malheureusement, l’explorateur de bloc dédié ne fait apparaître que le token OZTG (au supply changeant, ce qui est tout de même amusant).
Le site officiel de Flash4People : de l’amateurisme technique à l’emprunt d’identité
Le site officiel de Flash4People est tout jeune, à peine quelques semaines. Rien de scandaleux en soi, même si une rapide recherche à l’aide du site spécialisé Scam Advisor nous apprend quand même l’absence de certificat SSL (au moment de l’écriture de cet article) , « oubli » un peu embêtant pour un site tout neuf qui sera amené à accueillir des informations sensibles, et particulièrement des transactions financières. Rappelons pour les curieux pourquoi les certificats SSL, c’est important juste ici.
J’en profite pour remercier certains membres de la communauté CryptoFR, notamment MayMay, Kiillia et les autres participants de ce thread dédié pour leur vigilance et leurs recherches sur ce dossier. Vous trouverez d’ailleurs dans le fil de discussion de nombreuses autres informations pertinentes (et tout aussi inquiétantes).
Par précaution, une archive de ce site demeurera consultable ici. Il serait en effet malheureux que, pour une raison ou pour une autre, celui-ci soit modifié, voire disparaisse dans les prochains jours…
Des rangs en veux-tu en voilà
Venons en à l’essentiel : le site présente quelques-uns de ses membres les plus valeureux, façon « employés du mois« , assortis de leur rangs respectifs.
Pour la France, Robert Boucher est en mesure d’arborer fièrement son statut de « Commander in Chain », impressionnant ! Ce n’est cependant rien comparé à l’élégante, Ksenia qui peut se targuer d’être de niveau « Satoshi« . Le jeune Carlos Abreu se contente d’un grade de « Tokener« , ce qui n’est déjà pas si mal.
On rappelle en effet que, comme tout MLM douteux qui se respecte, les personnes enrôlées se voient classées dans des rangs, selon leur degré de contribution, et en l’espèce c’est rigolo :
Une question se pose immédiatement : comment, considérant que la société Flash4People n’est apparue qu’il y a quelques semaines (et joue particulièrement sur le terrain du « on est tous égaux, seul le mérite et le travail comptent »), est-il seulement possible que des membres atteignent déjà les niveaux finaux, alors même que de surcroît, le lancement officiel n’est prévu que dans 15 jours ?
Ksenia Solovieva a par exemple d’ores et déjà atteint l’avant dernier niveau de la pyramide, ce qui impliquerait qu’elle ait déjà recruté ou fait recruter près d’un million de pigeo… pardon, membres ? Une véritable stakhanoviste de la crypto, cette « Ksenia ».
Des avatars bien vides
Mais où est donc localisé Robert ? C’est une question toute rhétorique car, il semblerait très étonnant que vous croisiez ce fringant golden boy à l’Auchan du Coin. En effet, « Robert Boucher » est un modèle photo que vous pourrez retrouver sur le site du photographe Jonathan Gayman, catégorie « corporate ».
On va immanquablement y avoir droit, alors je vais désamorcer : « c’est la faute du webmaster/du graphiste/du stagiaire, on avait pas le temps/c’est provisoire/c’est pour illustrer, on va rectifier, ça ne prouve rien ».
Après tout, pourquoi pas ? Rappelons qu’une photo issue d’une banque d’image, cela peut constituer une pratique courante dans l’industrie.
La société Flashmoni usurpe l’identité d’un homme d’affaire croate
J’ai une révélation tragique : même problème pour le troisième protagoniste cité, Carlos Abreu, le Tokener, qui semble mener une double-vie ! Chez Flash4People, il se fait passer pour un sympathique membre, en pleine ascension. Et par ailleurs, quelque part en Croatie, il utilise l’identité de Max Oldorf,directeur commercial et fondateur de la compagnie aérienne We Connect !
Bon, plus sérieusement, Max Oldorf, le vrai croate, s’est purement et simplement fait voler sa photo. Nous voilà donc en train d’outrepasser légèrement les simples promesses commerciales intenables :
« Introduit par la loi Loppsi 2, le délit d’usurpation d’identité est prévu par l’article 226-4-1 du Code pénal. Cette disposition sanctionne en particulier les infractions commises sur un réseau de communication au public en ligne, ce qui vise notamment l’usage de faux comptes ou le vol de compte sur internet. L’application de la sanction prévue par la loi nécessite la réunion de plusieurs conditions. »
« Art. 226-4-1 du Code Pénal : Le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou de faire usage d’une ou plusieurs données de toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende. Cette infraction est punie des mêmes peines lorsqu’elle est commise sur un réseau de communication au public en ligne. »
j’ai jugé utile de contacter Max Oldorf pour obtenir confirmation et lui ai malgré tout demandé si, sur un malentendu, il aurait pu faire partie de Flash4People. Je vous livre sa réponse :
« Bonjour Hellmouth, Haha, c’est très drôle, oui c’est effectivement une fraude. Je n’ai rien à voir avec ce site web. Je leur ai demandé d’utiliser une autre image. Passez une bonne journée » Max Oldorf
Coup de bol pour les gestionnaires de Flash4People , Max est une bonne pâte qui semble plus amusé qu’autre chose par la situation. Mais imaginez maintenant que ce ce soit votre photo ? Et que, Internet n’oubliant rien, vous soyez définitivement associé à une arnaque géante ?
Enfin, plus largement, et ce message s’adresse à tous les défenseurs de leurs futurs bourreaux financiers et qui vont probablement débouler sous peu : prenez un instant pour vous demander, en toute transparence, ce qu’il convient de penser de telles méthodes, déployées précisément par des gens qui vantent leur transparence et leur éthique à longueur de vidéo. Et pour les « leaders », perpétuellement recyclés de MLM old-school en MLM New Age, traversant les époques, toujours à l’affût de la nouvelle mode (les options binaires, les diamants, la crypto), pour fourguer votre discours rance de VRP du rien, parvenez-vous à assumer les méthodes ici exposées ?
Pour notre part, au Journal du Coin, on préfère vous prévenir : ne cédez pas aux publicités qui vous incitent – dans l’urgence – à venir acheter des packs probablement constitués de plus de vide que d’or, ou encore qui vous promettent de fastueuses cérémonies à Dubai avec la remise de « votre poids en or ». Comme d’habitude, quand le schéma global ressemble à une pyramide, le risque est très grand que c’en soit une ; et quand c’est trop beau pour être vrai, c’est sans doute que ça l’est.
Pour rappel, et parce qu’il vaut mieux le dire deux fois qu’une, l’Autorité des Marchés Financiers nous a expliqué directement qu’elle « suit avec attention le déroulé des événements [dans le cas Flash4People] et invite les particuliers concernés à contacter [son] service Epargne Info Service au 0153456200 en cas de doute ». L’institution rappelle également qu’il convient d’être très vigilant dès lors que « des propositions d’investissements sont faites dans tous les sens sur internet en misant sur des effets de mode, avec des risques d’escroquerie très importants ».
En conclusion : Flash4People, dans le doute, on s’en tient loin, on se porte bien !