L’étude chinoise qui ravive le spectre d’un bitcoin écologiquement désastreux

Et c’est (re) parti pour la même rengaine – Une étude chinoise, intitulée « Policy assessments for the carbon emission flows and sustainability of Bitcoin blockchain operation in China », vient d’être publiée dans le prestigieux magazine scientifique Nature par Shangrong Jiang et 6 de ses pairs. Dans ce papier, les chercheurs dressent un état des lieux des émissions de CO2 de la blockchain Bitcoin et entendent démontrer qu’un changement de législation en Chine pourrait durablement les réduire.

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Trop de CO2 dégagé par le minage de BTC

Les chercheurs chinois estiment que le minage de bitcoins produirait l’équivalent de 130,5 millions de tonnes de CO² d’ici 2024. Cela représente l’équivalent de la somme des émissions du Quatar et de la République Tchèque en 2016.

En outre, les chercheurs prévoient une augmentation de la consommation énergétique du minage en Chine, qui pourrait atteindre 297 térawattheures en 2024, soit la consommation énergétique de l’Italie. L’étude se base sur les données ci-dessous pour établir ses prédictions et affirme que la Chine détient 75 % du hashrate du réseau Bitcoin.

Répartition du hashrate de Bitcoin par pool de minage
Statistiques de l’étude de Jiang et al. – Source : Nature

« Étant l’un des plus grands consommateurs d’énergie de la planète, la Chine est un signataire clé de l’accord de Paris. Cependant, en l’absence d’interventions appropriées et de politiques réalisables, l’exploitation intensive de la blockchain Bitcoin en Chine peut rapidement devenir une menace qui pourrait potentiellement saper les efforts de réduction des émissions déployés dans le pays. »

Etude de Jiang et al.

Tout d’abord, il convient de relativiser ces données qui datent d’avril 2020. Selon les dernières données, la Chine détiendrait en réalité plutôt 50 % du hashrate, suivie par les États-Unis (11 %) et par la Russie (10 %). Il semble donc que les prédictions de croissance des émissions et de la consommation soient partiellement erronées.

De plus, l’Accord de Paris contient des objectifs chiffrés de réduction des émissions de CO2. Toutefois, il semble peu probable que ces objectifs soient atteints par la Chine, comme par les autres signataires. Quoi qu’il en soit, rejeter la faute sur le minage de bitcoins est un peu facile. La Chine met en avant le concept de civilisation écologique, qu’elle a inscrite dans sa constitution en 2018.

Pour terminer, la Chine investit massivement dans les énergies renouvelables, plus précisément dans la chaîne de valeur qui permet de produire ces infrastructures, car elle entend en contrôler la production. En parallèle, le pays ne prévoit d’atteindre la neutralité carbone qu’en 2060. En attendant, les centrales à charbon continuent d’être bâties à échéances régulières sur tout le territoire.

Cette légère dissonance cognitive chinoise s’inscrit dans un cadre plus large de mise en avant de sa politique respectueuse de l’environnement, suite au retrait des États-Unis de l’accord de Paris. La problématique de la consommation énergétique de Bitcoin nous parait être l’un des grands enjeux du réseau pour les années à venir. Pour autant, l’état alarmant de l’environnement n’est pas le fruit de l’exploitation de blockchain.

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Thomas G.

Financier et juriste, je suis passionné par les cryptomonnaies depuis leur apparition sur le Deepweb. Fervent supporter du Bitcoin, je suis convaincu que les devises numériques joueront un rôle déterminant dans l'avenir de nos sociétés. Je m'intéresse tout particulièrement aux aspects financiers et législatifs des cryptomonnaies.