L’arbitrage sur Bitcoin génère de gros profits « sans risques » (étude)

L’arbitrage de prix est une activité possible sur tous les marchés financiers, qui consiste à profiter d’un écart de cotation d’un actif entre deux bourses. Le marché des cryptos, et en particulier celui de Bitcoin (BTC), semble particulièrement favorable à l’arbitrage, selon une récente étude.

Des millions d’opportunités d’arbitrage sur Bitcoin

Le 27 avril, le Financial Analysts Journal (FAJ) a publié une recherche très détaillée sur les activités d’arbitrage au sein du marché de Bitcoin. Proposée par Sinan Krückeberg et Peter Scholz, cette étude retrace l’évolution des écarts (ou « spread« ) dans la cotation du BTC sur les différentes plateformes d’échange.

L’arbitrage consiste à exploiter ces écarts. Ici, par le fait d’acheter des bitcoins sous-cotés sur une crypto-bourse, pour les revendre en quasi-simultané sur une autre plateforme où les BTC sont surcotés.

Intitulée « Efficacité décentralisée ? Arbitrage sur les marchés des bitcoins », ce rapport montre que les traders de bitcoin ont des écarts d’arbitrage de plus en plus significatifs, et croissants en nombre, de 2013 à 2018.

Cette évolution est démontrée par les histogrammes par année ci-dessous. Les écarts « exploitables » – càd ici un spread de plus de 0,5 % qui persiste pendant au moins une minute – n’ont fait que progresser en nombre et rentabilité.

Arbitrage sur Bitcoin 2013 à 2018
Histogrammes par année des écarts exploitables sur Bitcoin (BTC) – Source : Financial Analysts Journal

Là où il n’y avait que 1 882 écarts exploitables en 2013, il y en avait déjà plusieurs dizaines de milliers en 2015.

Et sur les 15 mois allant de janvier 2017 à mars 2018, il existait plus de deux millions d’opportunités, avec un écart moyen supérieur à 4 %.

Un marché qui se compte en centaines de millions de dollars

Ces arbitrages auraient pu rapporter au minimum 377 millions de dollars aux traders sur l’année 2017, et au moins 384 millions de dollars pour le seul premier trimestre de 2018 !

Il faut dire qu’on était alors en plein dans des montagnes russes de cotation, suite à la bulle spéculative qui a vu Bitcoin frôler les 20 000 $. Une période idéale pour l’arbitrage.

Ces écarts d’arbitrage, importants et croissants, risquent inévitablement d’attirer des traders professionnels et autres institutionnels désireux de profiter de ces opportunités. A ce titre, il est d’ailleurs dommage que 2019, et ce début d’année 2020 mouvementé, ne soient pas inclus dans cette étude.

Dans ses conclusions, l’étude estime qu’il n’y a en quelque sorte « qu’à se baisser » pour récolter ces opportunités d’arbitrage. Cela ne demanderait que de la ressource humaine et un certain niveau de capital financier. Autrement dit, tout ce que les fonds d’investissement institutionnels possèdent !

Illustration : Wit Olszewski/Shutterstock.com

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.