EOS : Block.One veut voter pour les producteurs de blocs

La société Block.One est la créatrice du logiciel open-source EOSIO, sur lequel se base la blockchain publique d’EOS lancée en juin 2018. Après plus d’un an d’observation de sa part, Block.One explique à la communauté qu’elle exercera désormais son droit de vote pour élire les producteurs de blocs qui valident la blockchain d’EOS. Et ce vote aura du poids.

Les paroles et les actes

Dans une publication parue ce 13 novembre sur son site, Block.one rappelle tout d’abord le fonctionnement de la blockchain EOS dont le consensus par Delegated Proof-of-Stake (DPoS) passe par l’élection de 21 producteurs de blocs (ou blocks producers, BP) par les détenteurs d’EOS.

Block.one explique ainsi détenir pas moins de 9,5 % du total des EOS en circulation, soit près de 100 millions de tokens, avant de détailler les raisons qui poussent l’entreprise à chercher à participer à la gouvernance d’EOS par le vote :

« Depuis juin 2017, Block.one a observé l’exploitation du réseau et la gouvernance de nombreuses chaînes publiques à travers le monde (…) Nous nous sentons maintenant prêts à commencer à jouer notre rôle proportionnel [dans la blockchain EOS], avec l’objectif de continuer à soutenir des mises à niveau saines du réseau EOS (…) pour une décentralisation maximale ».

Autant dire que, même si ce pouvoir de vote est appelé à se diluer avec l’émission de nouveaux EOS dans le temps, Block.One va décidément fortement peser dans le game démocratique d’EOS.

Une tendance à la centralisation

Les 21 Block Producers d’EOS – Source : Blocks.io

Déjà en octobre 2018, une possible collusion entre producteurs de blocs chinois avait fait grand bruit au sein de la cryptosphère, car ces block producers se seraient entendus pour se maintenir mutuellement au sein des 21 producteurs récompensés en EOS (pour assurer le fonctionnement de la blockchain). Pour ce faire, il suffit qu’une majorité de producteurs de blocs corrompus votent pour eux-mêmes et pour leurs complices afin qu’ils puissent se maintenir au pouvoir.

En effet, dans le système actuel, chaque token peut être utilisé pour voter pour 30 candidats BP différents : évidemment, dans ces conditions, le risque est grand de voir des producteurs de blocs déjà en place voter pour eux-mêmes, puis vendre leurs votes à d’autres aspirants validateurs peu scrupuleux.

La question de la centralisation géographique est d’ailleurs loin d’être réglée, puisque d’après les données actualisées en continu de bloks.io, près de la moitié des producteurs de blocs – 9 exactement au moment d’écrire – sont localisés en Chine.

Afin de remédier à ces menus soucis, la communauté d’EOS semble avoir atteint un consensus autour du principe « one token one vote », un mécanisme également soutenu par Brendan Blumer, CEO de Block.one. Ce nouveau principe limiterait le pouvoir de vote de chaque token, puisqu’il ne serait plus possible que de voter pour un seul candidat pour chaque token détenu. Suffisant pour en finir avec le copinage sur smart contracts, même si la ploutocratie – principe selon lequel le plus riche a plus de poids de vote – persisterait ? Cela reste à voir.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.