25 milliards de $ : le poids des baleines tueuses de la crypto
2021, un service complet – Si l’année 2021 a récompensé les détenteurs de cryptomonnaies, elle l’a fait sans distinction. En effet selon le rapport sur la crypto-criminalité de Chainalysis publié ce mercredi 16 février, c’est près de 25 milliards de dollars que cumulent les wallets qualifiés de « criminels » par l’entreprise. Cependant si l’explosion de la valeur de ces portefeuilles indique une prévalence toujours intense de l’activité criminelle, il est important d’en nuancer leur évolution.
La différence entre un bon et un mauvais wallet
Pour cette étude seuls les portefeuilles détenant plus d’un million de dollars en cryptomonnaies sont pris en compte. Un portefeuille est alors qualifié par Chainalysis de criminel si 10% ou plus de ses fonds proviennent d’adresses illicites. A titre d’exemple, un wallet valorisé à 1 million de dollars possédant 100 000 dollars de cryptomonnaies provenant du récent hack de Multichain rentre dans le cercle des infréquentables.
« Chainalysis a identifié 4 068 baleines criminelles détenant plus de 25 milliards de dollars de cryptomonnaie. »
Chainalysis
On note 4 068 « baleines criminelles » mais pour autant leur représentation effective n’est que de 3,7% sur la totalité des whales. La majorité de ces adresses criminelles ne détiennent d’ailleurs qu’un pourcentage assez faible de jetons provenant d’adresses illicites.
Comme le relève l’entreprise spécialisée, près d’un tiers de ces portefeuilles contiennent « seulement » 10 à 25% de fonds résultants d’activités illégales. Ainsi la grande majorité des cryptomonnaies sur liste noire sont regroupées dans des wallets assumant pleinement leur statut illégal.
L’explosion des chiffres en 2021
Près de 11 milliards de dollars de fonds illicites au total étaient répartis sur ces portefeuilles à la fin de l’année 2021. La comparaison avec 2020 donne une augmentation de plus de 3 fois la totalité des fonds illicites, soit approximativement 8 milliards de plus. Cependant, bien que ce chiffre soit énorme, sa valeur a été inévitablement gonflée par le bull run de 2021. De plus, les bitcoins du hack Bitfinex récemment retrouvés viennent réduire le total de 3,6 millliards pour le début de 2022.
Répartition des actifs illicites par domaine
La part des fonds volés comme ont pu l’être ceux du hack du wormhole Solana représentent la majorité écrasante des cryptomonnaies illicites en circulation. Cependant il est intéressant de noter une augmentation significative de la valeur en provenance du marché du darkweb.
Alors que les fonds volés sont de loin la partie la plus importante de la valeur total des actifs illicites, ils ne représentent pour autant qu’un quart des sources de fonds reçus par les portefeuilles criminels. Et c’est le marché du darknet qui s’impose en premier fournisseur devant la masse proliférante des scams en tout genre.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant les chiffres, la pérennité des portefeuilles détenant des fonds criminels commence à diminuer. Toujours selon le rapport de Chainalysis, on constate en effet que la durée de la détention des cryptomonnaies issues d’activités illégales est drastiquement réduite par rapport aux années précédentes. Il devient très risqué d’en détenir et chacun chercher à les faire circuler le plus rapidement possible. Qui de mieux que les criminels pour juger de l’efficacité des services de police ?
Bien que la valeur des cryptomonnaies en provenance de fonds illicites ait le vent en poupe, les criminels n’ont pas pour autant un avenir radieux. A ce jour les initiatives de condamnations et de récupérations de fonds perdus se multiplient et sont particulièrement efficaces. Le préjugé faisant des cryptos le moyen parfait pour le crime et le blanchiment s’évapore de plus en plus. Les débats mal informés doivent maintenant laisser sa place à la réalité des faits. Les moyens mis en œuvre dans la sécurité sont pourtant colossaux et augmentent chaque année. Ils sont grandement facilités par la traçabilité parfaite qu’offre la blockchain. Pour autant les transactions illégales existeront encore dans les années à venir.