L’homme aux 134 millions € en bitcoins ? Alexander Vinnik (et le rançongiciel Locky) en procès
La justice française reste implacable – Bien loin de sa Russie natale, l’informaticien Alexandre Vinnik, lié à la sulfureuse plateforme BTC-e, est actuellement jugé par la justice française. Après la première journée de procès, Alexandre Vinnik continue de nier en bloc son implication dans le ransomware Locky.
Alexandre Vinnik, poursuivi à travers le monde
Bien avant d’arriver dans les mains de la justice française, Alexander Vinnik faisait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt. Aux États-Unis, pour son implication dans la plateforme BTC-e, qui a été une plaque tournante du blanchiment d’argent. En France concernant une potentielle implication dans le ransomware Locky… tout comme en Russie.
Arrêté en 2017 par la police grecque, celui-ci a été livré à la justice française en janvier 2020, la Grèce ayant privilégié le mandat d’arrêt européen au mandat américain.
Le procès parisien
C’est alors que le procès d’Alexander Vinnik a commencé hier, lundi 19 octobre à Paris. L’accusé est soupçonné d’être à l’origine du ransomware Locky, qui a fait plus de 200 victimes, pour un montant total de 135 millions d’euros sur le territoire français entre 2016 et 2018.
En pratique, ce dernier est accusé de blanchiment d’argent, d’association de malfaiteurs, d’extorsion et de tentative d’extorsion, chacun des délits étant passible de 10 ans de prison.
Le rançongiciel Locky serait activement lié à la plateforme BTC-e, dont Vinnik était l’un des « opérateurs ». Après avoir été infectées, les victimes du logiciel étaient invitées à payer la rançon via BTC-e en échange la clé de déchiffrement de leurs données.
Tout au long de l’audition, Vinnik n’a cessé de nier les faits. Une position maintenue par son avocat, Frédéric Belot, qui a déclaré à nos confrères de Libération :
« Toutes ces infractions sont hors sujet. Il [son client] n’en a jamais entendu parler de sa vie. Il ne comprend pas ce qu’on lui reproche. Il vivait dans un trois-pièces en banlieue de Moscou. La France, pour lui, c’était les croissants et la tour Eiffel. »
Au terme de la journée, la justice n’a pas réussi à prouver que Vinnik était derrière le compte « Vamnedam » sur la plateforme BTC-e, qui a reçu la grande majorité des rançons liées à Locky.
Pourtant, les enquêteurs français ont établi un certain nombre de faits, présentés à la barre. Ils ont ainsi réussi à établir un lien entre Vinnik et l’adresse mail « [email protected] », utilisée par le compte Vamnedam. Ces derniers ont également évoqué des preuves tirées de son ordinateur personnel, telles que des relevés de comptes ou des papiers d’identité.
De son côté, la défense dépeint Vinnik comme un freelance ayant fait uniquement office de consultant externe à la plateforme BTC-e. L’avocat est allé jusqu’à annoncer que son client avait été victime d’un « abus de confiance » de la part des bénéficiaires de BTC-e.
Le procès va se poursuivre jusqu’au jeudi 22 octobre. La justice devra alors décider du sort de Vinnik.