Qu’est-ce qu’un Non-Fungible Token (NFT) ?
Défrayant la chronique depuis quelques années, les Non-Fungible Tokens (NFT) ou “jetons non-fongibles” semblent en capacité de révolutionner l’art numérique. Mais, outre la capacité à dématérialiser des oeuvres d’art, ils possèdent de nombreux autres cas d’utilisation qu’il serait dommage de négliger. Que sont exactement ces tokens qui ne cessent de faire parler d’eux ?
Définition de la fongibilité et de son contraire
Commençons par le début et voyons ensemble la définition de “fongible” que nous propose le vénérable Larousse :
“Se dit de choses qui se consomment par l’usage et qui peuvent être remplacées par des choses de même nature, de même qualité et de même quantité”
En analysant cette définition, deux choses importantes s’en dégagent.
La première qui semble la plus évidente, est celle de choses qui peuvent être remplacées par d’autres choses de même nature. Par exemple, deux bouteilles d’eau d’un litre provenant de la même source. Même nature, même qualité, même quantité.
La seconde notion est la plus importante mais aussi la plus vague : c’est celle de l’usage.
- Une pièce d’un euro créée au Vatican sera plus rare qu’une pièce d’un euro créée en France. Question de quantité.
- Certains n’échangeront jamais une part de pizza Chèvre-miel contre une part de pizza Hawaïenne. Question de qualité.
- D’autres préféreront des morilles aux amanites tue-mouche. Question de nature.
Dès lors où une chose ne peut pas être remplacée par une même chose de même nature, qualité et quantité, elle devient de facto non fongible. Et même si une chose respecte ces trois critères, il suffit d’un usage qui diffère pour lui faire perdre son statut de fongibilité.
Avec ces différentes nuances de fongibilité en tête, intéressons-nous maintenant à la manière dont elles se transposent dans l’univers crypto.
Tokens semi-fongibles et non-fongibles
Après ces différentes définitions de la fongibilité du monde réel, qu’en est-il dans l’espace décentralisé ? Hé bien, de la même manière, il en existe deux nuances principales.
Commençons avec le plus connu, le Non-Fungible Token (NFT). Comme son nom l’indique, un Non-Fungible Token n’est PAS fongible. C’est un token qui représente un actif unique avec des caractéristiques qui lui sont propres.
Un NFT peut prendre la forme d’une œuvre numérique, un terrain virtuel, un nom de domaine ou encore des équipements dans des jeux vidéo. Même s’ils sont issus d’un même projet ou d’un même artiste, à chaque fois le NFT représente un actif unique.
Le Semi-Fungible Token quant à lui va avoir une toute autre utilité. Prévu pour être produit massivement et consommé, ce token doit tout de même garder une identité qui lui est propre.
Initialement pensé pour les jeux vidéo, le concept du Semi Fungible Token a été créé par Enjin en proposant l’ERC-1155 sur Ethereum.
L’exemple le plus parlant pour imager la Semi-Fungible Token est celui de tickets de cinéma ou de concerts. Chaque token possède des informations liées à la date, l’heure et la nature de l’évènement. Mais il n’a pas vocation à être gardé longtemps ou échangé sur un marché secondaire.
Il a fallu plusieurs années et de nombreuses expériences avant que ces différents standards puissent voir le jour. Faisons un point rapide sur leur histoire avant de se plonger dans différents exemples concrets d’utilisation.
Une brève histoire de Non-Fongible Tokens
L’histoire des NFTs sur la blockchain remonte à 2013 avec les Colored Coins qui permettaient de prouver l’appartenance à des terrains ou différents types de métaux.
Les expériences autour des NFTs se sont enchaînées année après année. Grâce à la plateforme Counterparty sur Bitcoin en 2014, le jeu Spell of Genesis a pu sortir ses premières cartes en 2015. En 2016, le jeu de cartes à échanger Force of Will a réussi à se hisser à la 4ème place du podium des ventes derrière Magic : The Gathering, Pokemon et Yu-Gi-Oh en Amérique du Nord.
En 2017, c’est sur Ethereum que CryptoPunks a fait son airdrop, Decentraland a commencé à travailler sur son metavers et Dapper Labs a participé participe à la création du standard des NFTs sur Ethereum avec CryptoKitties.
Au fur et à mesure des années, plusieurs cas d’usage utilisant les NFTs se sont donc dessinés :
- De l’utile
- De l’art
- Des jeux vidéo
- Des objets de collections
Il aura fallu attendre mi-2018 pour qu’un standard (l’ERC-721) sur Ethereum voit le jour et permette une inter-utilisation des tokens sur cette blockchain.
Depuis, plusieurs métavers comme The Sandbox ou CryptoVoxels se sont développés, plusieurs place de marché artistiques comme SuperRare ou Known Origin sont apparus et des jeux vidéo comme Gods Unchained ou Axie Infinity ont connu plusieurs mises à jour importantes.
En plus de ces différents projets, plusieurs blockchains spécialisées NFT ont vu le jour comme WAX, Ronin ou Flow, sans compter les sidechains qui ont été adoptées pour échapper aux frais d’Ethereum.
Plusieurs catégories de NFTs
Les NFTs peuvent se classer dans différentes catégories selon leur utilisation. Ces catégories peuvent ne pas être les mêmes partout car leur définition est très subjective. De plus, certains NFTs rentrent dans plusieurs catégories à la fois.
Les jeux vidéo
Dans la catégorie des jeux vidéo, il existe plusieurs styles différents. RPG, FPS, stratégie, Trading Card Game, etc. En fonction du style, les NFTs seront donc utilisés différemment.
Pour les Trading Card Game (TCG) comme Magic: The Gathering ou Hearthstone, il est assez simple d’imaginer comment les NFTs vont être utilisés. Chaque carte sera représentée par un NFT.
Le jeu le plus populaire qui utilise ce concept aujourd’hui est Gods Unchained mais très vite un problème de balance est apparu. Il est en effet très difficile de créer un équilibre dans les règles de jeu avec des cartes aux caractéristiques immuables.
Concernant les FPS comme Counter Strike ou Fortnite, les NFTs seront utilisés pour la personnalisation de ses personnages.
Pour les RPG, cela prendra plutôt la forme des différents équipements (armes, armures…) qu’il sera possible d’obtenir dans le jeu.
En fonction des besoins, cela ne sera donc pas toujours des NFTs qui seront utilisés mais aussi des Semi Fungible Tokens. Grâce à la norme ERC-1155, un SFT permet de distribuer des actifs fongibles et non-fongibles au sein du même token.
Très simplement : Greg ouvre un coffre d’un jeu vidéo qui renferme 50 JDCOIN et une plume légendaire d’édition. Le coffre sera un ERC-1155 qui sera brûlé après utilisation, les JDCOIN des ERC-20 et la plume légendaire, un ERC-721.
L’art numérique
Les NFTs ont beaucoup fait parler d’eux grâce à la vente record de 69.3 millions de dollars par l’artiste Beeple lors d’une vente aux enchères chez Christie’s. L’œuvre numérique représente un collage de 5000 jours de travail à raison d’une œuvre par jour.
Les artistes amateurs ou confirmés du monde entier ont très bien compris le message. Il est désormais possible de vendre ses créations personnelles sur la blockchain et se passer d’intermédiaire pour y parvenir.
Ce que confèrent les NFTs dans le secteur de l’art numérique est avant tout la reconnaissance du travail accompli. Grâce à la blockchain, il existe désormais une preuve irréfutable de l’instant où l’œuvre a été créée et par qui. Cela dit, cela ne fonctionne que si l’authenticité originale est prouvée !
Les NFTs peuvent aussi servir de certificat d’authenticité numérique pour des œuvres existant dans le monde réel. L’une des plus grandes problématiques avec cette utilisation concerne le marché secondaire. En effet, comment vérifier sans tiers de confiance que le NFT soit transféré en cas de revente de l’œuvre physique ?
Un autre élément auquel doivent prêter attention les artistes comme les acheteurs concerne la décentralisation de l’hébergement de l’œuvre numérique. Afin que l’oeuvre numérique ne disparaisse pas en cas de fermeture du serveur sur lequel elle est hébergée. Plus le média sera décentralisé (comme sur IPFS par exemple), plus elle perdurera dans le temps.
Les objets de collections
Cette catégorie est probablement la plus transversale à toutes les autres. Tout NFT peut être perçu comme un objet de collection. Dans cette catégorie se trouvent essentiellement des NFTs qui n’auront aucun autre but que d’être collectionné.
Par exemple, les CryptoPunks n’ont aucune utilité particulière à part être collectionnés pour leur caractéristiques plus ou moins rares. Il en va de même pour les Pudgy Penguins ou les Bored Ape Yacht Club.
La frontière entre un NFT artistique et de collection est extrêmement fine mais surtout pourra être amenée à bouger dans le temps. Tandis que l’intention initiale de création va permettre de définir dans quelle catégorie rentre un NFT, l’usage pourra faire changer cette catégorie dans le temps !
Les terrains virtuels
Certains parlent de métavers, d’autres de monde virtuel. La définition du métavers étant peu précise, nous parlerons ici de monde virtuel. L’exemple le plus connu à ce jour est indéniablement Second Life.
Dans notre univers décentralisé, ces NFTs ont la particularité d’être reliés à un bout de terrain dans un univers virtuel. Les premiers à avoir fait des expériences dans ce sens est le projet Etheria en 2015 mais c’est réellement Decentraland qui a démocratisé ce concept sur Ethereum.
Très concrètement, ces bouts de terrain n’attendent qu’une chose : que quelqu’un construise quelque chose dessus. Cela peut être des galeries pour exposer ses œuvres, mais aussi des petits jeux, des conférences en ligne, voire son casino.
Grâce aux standards d’utilisation entre machines virtuelles, il est effectivement possible d’utiliser des NFTs provenant d’autres projets pour les intégrer dans son propre terrain ! Il est aussi tout à fait possible de développer son propre smart contract et l’intégrer sur son terrain pour y générer une économie par exemple.
Les utilitaires
Dernière catégorie, les utilitaires. Les NFTs de cette catégorie peuvent prendre plusieurs formes mais l’une des plus connues reste celle des Ethereum Name Service. Plutôt que de devoir taper 0x123456789….987654321 comme adresse de destinataire pour un envoi, numeros.eth sera suffisant.
L’utilisation des NFTs utilitaires est encore très minoritaire mais pourrait couvrir de nombreux usages. C’est le cas par exemple au Vietnam avec la délivrance de diplômes universitaires ou en Italie avec le pass sanitaire.
Un autre cas d’utilisation est celui d’ownest.io qui utilise les NFTs pour suivre les différentes étapes de délivrance d’un colis.
Les NFTs utilitaires sont probablement ceux qui seront le plus employés à l’avenir mais de manière invisible pour le grand public. Sans possibilité d’être achetés ou vendus, ils échappent aux différents radars habituels mais couvrent néanmoins un champs d’utilisation bien plus large que les précédentes catégories.
Une adoption trop rapide ?
Depuis mars 2020 et la série de confinement mondiaux, l’adoption des NFTs a été pour le moins fulgurante. De nombreux entreprises et artistes mondiaux s’y sont penchés et ont commencé à les utiliser, nouant de plus en plus de partenariats avec les startups déjà présentes dans l’écosystème.
La croissance organique que connaissait l’écosystème des NFTs jusque-là a été fortement accélérée, notamment par des investissements massifs de différents fonds d’investissement. Il est donc normal que certains estiment qu’il s’agisse de bulles purement spéculatives mais pourtant, lorsque nous séparons le bruit des signaux, l’adoption des NFTs est belle et bien réelle.
Pièce de puzzle manquante de l’écosystème crypto, son adoption sera totale lorsque leur usage sera devenu complètement invisible et le terme “NFT”, disparu du langage courant. Tout comme à une certaine époque il était courant de dire “j’ai eu ce MP3”, aujourd’hui tout le monde parle de téléchargement d’albums musicaux.
Et il ne faut pas s’y tromper : La transparence offerte par les NFTs, lorsqu’ils sont utilisés sur une blockchain publique, met en exergue les dysfonctionnements du monde réel. La régulation “des nfts” ne pourra se faire que lorsqu’on aura trouvé une définition commune de “Non-fongible” qui sorte du cadre de l’immobilier.
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