Le FMI préconise 85% d’augmentation de la fiscalité pour les mineurs afin de lutter contre le réchauffement climatique
IA, minage et réchauffement climatique. En introduction de son dernier article de blog, le FMI se demande ce qu’ont en commun les cryptoactifs et l’intelligence artificielle et la réponse est bien évidement leur appétit vorace d’énergie. Au delà des considérations sur leur utilité ou « indépendamment de leurs avantages sociaux et économiques » comme le formule Shafik Hebous et Nate Vernon-Lin, les auteurs, « l’impact climatique de ces activités est préoccupant ».Pour convaincre le lecteur, rien de mieux que de lui apprendre par exemple qu’une transaction Bitcoin consomme autant qu’un habitant du Ghana ou du Pakistan pendant trois ans. Malheureusement, il a déjà été démontré, et à maintes reprises, que ces chiffres cités sont faux. Cela n’empêche pourtant pas le FMI de montrer son aversion pour Bitcoin dans cette étude ouvertement critique. Voyons tout de même ensemble comment les « experts » du FMI justifient la mise en place d’une nouvelle taxe.
L’IA et le minage de crypto dans le viseur du Fonds Monétaire International pour leur consommation d’électricité
Dans leur rapport intitulé Carbon Emissions from AI and Crypto Are Surging and Tax Policy Can Help, les experts du FMI pointent du doigt la consommation d’électricité du secteur de l’extraction de cryptomonnaie et celui de l‘intelligence artificielle (IA) qui ont besoin tous deux de centres de données très importants pour fonctionner. Comme on peut voir sur le graphique ci-dessous, le minage de cryptomonnaie et l’IA représentent actuellement à eux deux un petit peu plus de 2% de la consommation globale d’électricité et selon les projections de l’Agence Internationale de l’Energie, cela pourrait grimper d’ici trois ans à 3,5% dans le scenario de base. Dans le pire cas de figure, on pourrait même friser les 6% !
Du côté du dioxyde de carbone, même constat avec 1% des émissions mondiales qui pourrait être imputé à ces deux secteurs à l’horizon 2027 dans un scenario de base et presque 2% dans une fourchette haute. Pour ces spécialistes, il faut absolument modifier cette trajectoire et l’idée de faire baisser à la fois la consommation d’électricité et les émissions de carbone a fait son chemin et cela passerait par la mise en place d’une fiscalité adaptée pour contraindre les acteurs de cette industrie à modifier leurs comportements.
Une fiscalité locale et transfrontalière permettrait de « ralentir la hausse des températures »
En effet, selon les estimations des experts de l’institution basée à Washington « le système fiscal est un moyen d’orienter les entreprises vers la réduction des émissions » et voici leur proposition concernant les mineurs de crypto :
« Selon les estimations du FMI, une taxe directe de 0,047$ par kilowatt-heure conduirait l’industrie minière crypto à réduire ses émissions conformément aux objectifs mondiaux. Si l’on considère la pollution atmosphérique et l’impact sur la santé locale, ce taux d’imposition pourrait même augmenter à 0.089$, se traduisant par une augmentation de 85% du prix moyen de l’électricité pour les mineurs.
Un tel prélèvement augmenterait les recettes publiques annuelles de 5,2 milliards de dollars dans le monde et réduirait les émissions annuelles de 100 millions de tonnes, soit les émissions actuelles de la Belgique. »
Extrait de Carbon Emissions from AI and Crypto Are Surging and Tax Policy Can Help – Source : imf.org
Concernant les centres de données orientés vers l’IA, la solution est la même mais dans des proportions légèrement moindres car ils ont tendance à être « dans des endroits où l’électricité est plus verte » :
« Pour les centres de données, une taxe ciblée sur leur consommation d’électricité devrait être fixée à 0,032$ par kilowatt-heure ou 0,052$ pour inclure les coûts de pollution de l’air. Cela pourrait rapporter jusqu’à $18 milliards par an. »
Extrait de Carbon Emissions from AI and Crypto Are Surging and Tax Policy Can Help – Source : imf.org
Les auteurs reconnaissent qu’il existe un futur où les centres de données gérés par une IA pourraient avoir une utilisation de l’énergie plus efficace mais en l’absence d’évidence en la matière, c’est une fiscalité contraignante qui est préconisée. De plus, dans la mesure où certains Etats pratiquent une forme de dumping écologique et fiscal, « une harmonisation mondiale du prix du carbone » serait souhaitable.
Il faudrait enfin « compléter les taxes sur l’électricité avec des crédits zéro émission, des accords bilatéraux d’achat d’électricité et des certificats d’énergie renouvelable » afin de développer l’utilisation des énergies renouvelables et « contenir ainsi la hausse des températures ». Les pays du monde arriveront-ils à s’entendre pour mettre une telle fiscalité en place ? Cela est-il vraiment souhaitable ? Le FMI campe toujours sur ses positions anti Bitcoin et ne semble pas avoir pris connaissance des derniers travaux qui remettent en cause sa vision partiale du minage qui est manifestement de plus en plus vertueux.