Australie : mode d’emploi pour monter un scam crypto et finir au tribunal
La branche en charge du cybercrime de la police australienne vient d’annoncer l’interpellation de 5 individus, dans le cadre d’une arnaque au faux investissements crypto. Le préjudice s’élèverait à 2.7 millions de dollars australiens (environ 1.6 millions d’euros) et aurait fait une centaine de victimes, lesquelles se voyaient présenter par les escrocs des rendements mirifiques.
Originaires de la Gold Coast australienne, les prévenus ont été inculpés pour escroquerie, blanchiment et association de malfaiteurs.
Kangourous malicieux
L’Australie est un riant pays de la taille d’un continent où la nature semble avoir pris un malin plaisir à placer tous les animaux les plus dangereux de la planète, le tout sous une température infernale que seule la moyennasse bière locale semble être en mesure de compenser. La nature australienne en effet est dangereuse, mais c’est une autre forme de prédateurs qui nous intéresse aujourd’hui : bien humains ceux-la, et que la police du Queensland a annoncé avoir interpellé ces dernières semaines.
Il s’agit donc de 5 individus, 3 hommes et deux femmes. Ils ont été incarcérés dans le cadre d’une vaste enquête menée depuis 2017 portant sur des escroqueries à l’investissement dans les cryptomonnaies et le forex.
Les investigations, menées dans le cadre du dossier « Noisettes du Quebec » (ça ne s’invente pas) par les services spécialisés en cybercriminalité de la police australienne permettront de traduire en justice les auteurs présumés devant le tribunal de première instance de Southport dans les prochains mois.
Peu élaborée, mais malheureusement tristement efficace, l‘arnaque passait par un site Internet incitant à l’investissement, cette incitation étant assortie de promesses de rendements très conséquentes. Une plateforme téléphonique et une équipe de commerciaux offrait à l’ensemble une apparence de légitimité. C’est près de 100 victimes pour un préjudice de 2.7 millions de dollars australiens (1.6 millions d’euros) qui ont pour l’heure été identifiées, même si ce chiffre pourrait continuer à augmenter.
Encore une fois très classiquement, les investisseurs pouvaient facilement transférer de l’argent vers les comptes des opérateurs de la plateforme, tout en étant incités à toujours augmenter la mise dans la perspective de « booster » un peu plus encore leurs gains. Un tableau de bord sur le site permettait même de supposément constater la réalité de l’augmentation exponentielle des revenus.
Malheureusement, au moment de la récupération des gains les choses se gâtent soudainement et les téléphones commencent à sonner dans le vide.
Des procédés classiques, mais efficaces
La police australienne en fait état : c’est sous le nom de Exmount Trading que les escrocs officiaient, plus particulièrement via un site Internet dédié. De multiples autres noms et raisons sociales permettaient par ailleurs aux opérateurs de la plateforme de couvrir un large périmètre ( « The Atlas Group », « AFG Associates Pty Ltd », « tradex123 »…).
Personne n’est en mesure d’avoir la certitude de ne jamais tomber dans des pièges parfois sophistiqués. Cependant, on conviendra qu’encore une fois les victimes potentielles n’avaient pour la plupart probablement pas procédé aux vérifications les plus basiques.
Ainsi, le site officiel (non sécurisé et non-conforme aux standards de sécurité minimaux, comme il se doit) brille surtout par l’absence d’informations factuelles, l’utilisation de « buzz words » à toutes les phrases, l’ensemble assorti de fautes d’orthographes, détectables même par un non-anglophone.
Comme bien souvent, l’équipe est aux abonnés absents et la partie « About us » est un kamoulox improbable, assorti d’illustrations d’allure aléatoire la plupart extraites de la catégorie « Finances et Loteries » d’une banque d’image quelconque.
Enfin, 30 secondes de recherches ouvertes sur Google permettent de se faire une idée de la qualité du service.
DYOR ! Faites vos propres recherches
On ne le répétera jamais assez : l’investissement, c’est risqué, et l’investissement crypto encore plus ! Ainsi, en la matière, le temps consacré à vérifier l’histoire qu’on vous raconte sera TOUJOURS le meilleur investissement qui soit.
Difficile d’y voir une bonne nouvelle, mais l’expérience montre que bien souvent, il est inutile d’être un expert en économie ou en finance pour déjouer les escroqueries. 10 minutes passées sur Google et la consultation des sources d’informations fiables de la communauté suffiront dans l’immense majorité des cas à vous éviter bien des déconvenues.
A ce propos, n’oubliez de vous rafraîchir la mémoire sur les outils permettant de débusquer les escroqueries dans les articles dédiés de votre journal favori. Que ce soit pour constater que les scammers utilisent plus ou moins toujours les même ficelles ou que les ventes de packs magiques de tokens fantômes continuent à sévir.
Et on terminera sur ce communiqué de la police australienne qui résume parfaitement les choses :
« Nous demandons à la communauté de rester résiliente face à ce type de délinquance. Soyez toujours prudent et gardez le contrôle de vos finances. Demandez-vous si vous contrôlez ces transactions, méfiez-vous des appels téléphoniques ou des courriels non sollicités qui offrent des occasions de placement et demandez conseil à vos amis, à votre famille ou à vos conseillers financiers ». Surintendant détective Terry Lawrence du Financial and Cyber Crime Group.