La SEC interdit la vente de la cryptomonnaie de Telegram aux Etats-Unis
Gros coup de pression sur le projet TON de Telegram : le gendarme financier américain – la SEC (Security and Exchange Commission) – vient de lancer une procédure visant à interdire aux investisseurs américains ayant acheté des tokens GRAM de vendre ces derniers, à quelques semaines de leur distribution annoncée. Ce sont plus d’un milliard de GRAM acquis par 47 investisseurs qui pourraient se voir bloqués dans le cadre d’une procédure qui n’augure rien de bon.
Telegram a depuis réagi en deux temps… à sa manière.
Lavage à SEC
Dans un communiqué de presse en date du 11 octobre, la SEC a fait savoir qu’elle déposait devant la cour fédérale du district de Manhattan une demande d’interdiction de vente des tokens GRAM. Un sacré rebondissement, alors même que la distribution des jetons était attendue pour la fin du mois d’octobre au plus tard.
« Notre action [en urgence] d’aujourd’hui vise à empêcher Telegram d’inonder les marchés américains de jetons numériques dont nous estimons qu’ils ont été vendus illégalement. Selon nous, les défendeurs [Telegram] n’ont pas fourni aux investisseurs d’informations suffisantes sur les activités commerciales, la situation financière de l’entreprise, les facteurs de risque et la gestion de l’entreprise (jetons GRAM et société Telegram inclus) [vis-à-vis des obligations liées à] la réglementation sur les securities ». Communiqué de la SEC en date du 11 octobre
La position de la SEC est assez classique, et elle matérialise surtout sa volonté de procéder à un grand nettoyage sur le vaste n’importe-quoi de 2018, dont même les sites de notations d’ICO ne sortent pas indemnes. Le gendarme financier américain se place également dans une dynamique assumée de classification des crypto-activités sur le sol américain : clairement, Telegram ne rentre pas dans le moule.
Le coup est rude. Dans le détail et très concrètement, ce sont les 47 investisseurs américains (sur un total de 179 participants à la vente privée de début 2018 qui avait rapporté pour mémoire, 1.7 milliard de dollars), qui se voient retirer le droit de récupérer, et encore moins de revendre, leurs tokens GRAM. C’est ainsi près de 420 millions de dollars d’investissements dont le sort devient incertain.
La SEC semble avoir également fait savoir qu’elle exigerait que Telegram rembourse les acquéreurs américains, estimant également que la levée de fonds était de toute façon bien supérieure aux besoins réels pour mener à bien le projet.
Une réaction des plus inquiétantes
Faisant suite à ce coup de tonnerre, Telegram a d’abord réagi sur son propre canal Telegram dédié aux échanges avec les investisseurs. Jusque là, rien de plus normal. Ce qui l’est moins, c’est que l’équipe en charge a finalement décidé de geler ledit compte, tout en effaçant l’intégralité des échanges ! Cette fermeture brutale a été assortie d’un message bien peu rassurant :
« En raison du niveau accru d’incertitude réglementaire, nous prenons une pause pour analyser les nouvelles informations et adapter nos politiques. L’équipe de TON sera de nouveau avec vous une fois que nous aurons plus de clarté sur le statut juridique de TON et des GRAM, ainsi que sur le type d’analyse autorisée qui peut être publiée à leur sujet. Nous sommes impatients de partager plus d’informations avec vous dès que possible. » Communiqué de Telegram du 12 octobre.
Par la suite, l’entreprise s’est à nouveau exprimée, expliquant qu’elle était « surprise et déçue de la décision de la SEC, avec laquelle [elle est] en désaccord ». Une audience est prévue le 24 octobre à New York, dans les suites des actions entreprises par la SEC à l’encontre de Telegram.
Coup d’arrêt brutal porté par la SEC, contexte international caractérisé par un durcissement de la régulation, projet qui tarde à aboutir en dépit des délais et de l’importance des fonds disponibles… Le lancement de la blockchain de Telegram n’a jamais semblé aussi lointain.