Namecoin : la deuxième cryptomonnaie de Satoshi Nakamoto

Nakamoto est connu pour être le créateur de Bitcoin, mais il est moins connu pour sa participation à la création d’un deuxième coin : Namecoin. Il est fort possible que vous ayez déjà entendu ce nom quelque part, mais que vous l’ayiez considéré que comme un énième fork de Bitcoin. Son histoire est pourtant fort intéressante, et ce à plusieurs niveaux : de la participation de Nakamoto à l’élaboration du concept, son lien avec Bitcoin ou encore le fait qu’il propose une solution a un problème qu’on pensait alors impossible à résoudre.

Dans cet article, nous parlerons brièvement des noms de domaines, puis de la création de Namecoin (et de la participation de Nakamoto), pour enfin finir sur un petit guide pratique.

Un nom de domaine : pour quoi faire ?

Un nom de domaine est un identifiant de domaine internet. Le but de celui-ci est de communiquer facilement l’adresse d’un ensemble de serveurs informatiques. Ils sont plus digestes que les adresses IP, et plus facile à retenir. Un nom de domaine permet donc d’avoir un identifiant qui peut être ensuite traduit en une adresse IP unique compréhensible par un ordinateur.

Par exemple, le nom de domaine amiens.fr revoie à l’adresse IP 185.86.48.21 : il s’agit de l’adresse IP du serveur qui héberge le site de la municipalité d’Amiens.

Aujourd’hui, ce genre de services existent déjà. Nous avons l’habitude d’utiliser les noms de domaine pour accéder à des sites internet via notre navigateur web. Le problème est ailleurs : c’est qu’il nous faut faire confiance à des autorités centrales. Ce sont elles qui vont maintenir les bases de données nécessaires, contenant tous les noms de domaines et leur adresses IP associées. Lorsque nous souhaitons accéder à un site en ligne, c’est donc à ces entités que l’on doit demander notre chemin. Il serait donc souhaitable d’avoir un système décentralisé en lieu et place de celui-ci.

Ce qui nous amène au fameux triangle de Zooko. Ce Zooko avait inventé une théorie qui disait que les protocoles de communication devraient avoir 3 propriétés : être sécurisés, décentralisés et humainement compréhensibles… mais, qu’en pratique, il n’était possible que de remplir que deux de ces trois caractéristiques à la fois.

Triangle de Zooko : Choisissez-en 2 !

En effet, le système qu’on a décrit plus haut est bien sécurisé et humainement compréhensible, mais pas décentralisé. Il existe d’autres systèmes, comme Tor (et ses adresses .onion) qui eux sont sécurisés et décentralisés. Pour autant, ils ne sont pas humainement compréhensibles stricto sensu. On pourrait dire que c’est aussi le cas des adresses bitcoin.

Si l’on a un système avec une autorité centrale, cela veut aussi dire qu’on peut fatalement observer des abus. Malheureusement, cela est très courant et il arrive souvent que des sites soient censurés car ces autorités centrales doivent se plier aux pressions des gouvernements.

Note : en réalité, le protocole de résolution d’un nom de domaine est un peu plus compliqué, mais le principe reste le même. Je recommande cette playlist de vidéos pour en saisir tous les détails.

La naissance de Namecoin

Le premier post proposant un système de nom de domaine (ou DNS) décentralisé a été posté sur BitcoinTalk en Novembre 2010. Le projet avait alors pour nom bitDNS

Le concept a fait sens pour beaucoup de personnes de la communauté. En effet, celle-ci était composé surtout de crypto-anarchistes et de passionnés d’informatique. Plusieurs personnes avaient d’ailleurs déjà tenté de conceptualiser un DNS décentralisé, mais sans grand résultat.

Après le lancement de Bitcoin, certains ont vu qu’on pouvait utiliser l’algorithme de preuve de travail afin de stocker les noms de domaines de manière distribuée, et donc ne plus avoir d’autorité centrale.

L’idée va aussi faire un bout de chemin du côté de Satoshi, qui propose d’avoir deux chaînes et réseaux différents mais de laisser la possibilité à un mineur de soumettre une solution pour les deux services en parallèle. Ce concept est aujourd’hui connu sous le nom de AuxPoW (Auxialiary Proof of Work), ce que l’on connaît aussi sous le nom de “merged mining”.  

Ce projet s’est concrétisé sous la forme de Namecoin, qui tourne depuis Avril 2011. Il est aujourd’hui possible de miner des Namecoins en même tant que Bitcoin grâce à AuxPow. Il connaît donc la même résistance que Bitcoin. Aujourd’hui, le projet est dirigé par Jérémy Rand et activement développé par une équipe de volontaires.

On notera que quelques mois avant le lancement de Namecoin, Aaron Swartz avait aussi exploré l’idée. Il voulait alors utiliser lui aussi l’algorithme de preuve de travail développé par Nakomoto.

Qui l’utilise ?

Namecoin fonctionne parfaitement avec ZeroNet, un système de partage de contenu résistant à la censure. Les sites Zeronet ne sont pas identifiables par des adresses IP, mais par des adresses Bitcoin. On peut donc associer son adresse Bitcoin à un nom de domaine en “.bit”.

Il est aussi possible d’associer l’adresse IP de son serveur, permettant aux personnes utilisant ncdns d’y accéder via le nom de domaine namecoin ou encore via son adresse Tor en “.onion”.

Namecoin possède aussi son propre fork du portefeuille Electrum. Il permet de gérer ses noms de domaines ainsi que ses namecoins, le coin qui permet d’acheter les noms de domaine. C’est un portefeuille avec un noeud SPV, il récupère donc que les informations nécessaires sans avoir besoin d’une autorité centrale ou de télécharger la chaîne complète.

Lola D.

"Le Cyberespace est fait de transactions, de relations, et de la pensée elle-même, formant comme une onde stationnaire dans la toile de nos communications. Notre monde est à la fois partout et nulle part, mais il n’est pas où vivent les corps." - John Perry Barlow, Déclaration d’indépendance du Cyberespace, Davos, Suisse, 8 février 1996