Amaury Séchet, le “dictateur bienveillant” de Bitcoin Cash, quitte Bitcoin Unlimited

Quand “Code is Law” est remplacé par “Troll is Law” – Amaury Séchet est bien connu de la communauté crypto pour son rôle de développeur principal du client Bitcoin ABC, propre à Bitcoin Cash (BCH). Il vient d’annoncer son départ de Bitcoin Unlimited (BU), l’une des engeances historiques de développeurs big blockers. Ses mots sont durs envers une communauté insidieusement minée par les dissensions, notamment du fait des thuriféraires du Bitcoin Satoshi Vision (BSV).

Guerres intestines

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Le départ d’Amaury Séchet s’inscrit dans une tendance plus lourde ces dernières semaines au sein de Bitcoin Unlimited (BU) : son collègue Anthony Zegers annonçait également son départ le 20 mars dans un post dédié. Décrit par M. Séchet comme un des premiers à rejoindre le projet et l’un de ses développeurs les plus prolifiques, nul doute que son départ a joué dans la balance.

Les conditions de travail décrites tant par Zegers que par Séchet sont ainsi plus proche du bordel auto sabordeur que du réel développement open source : M. Séchet détaille par le menu, captures d’écran à l’appui, comment certaines propositions de correction de bugs qu’il a soumis se sont retrouvées parasitées inutilement par des contributions inutiles ou encore des erreurs grossières décrites comme involontaires, et ce de façon répétée.
Cette gestion ésotérique est même désignée par Séchet comme raison principale de la persistance de failles béantes dans le code de BU, facilement patchables sur le principe mais jamais traitée dans les temps avant qu’un crash ne survienne.

Il est donc finalement temps de partir, puisque comme le dit M. Séchet, “nous avons essayé d’améliorer BU en participant dans sa communauté, mais il est clair que cela ne fonctionne pas”.

Les visions d’un Satoshi embrouillé

Au cœur de cette drôle d’ambiance, les aficionados du Bitcoin Satoshi Vision (BSV), le rejeton forké depuis la chaîne BCH, sous l’impulsion du sérénissime Craig S. Wright. Ils auraient gagné une forme de majorité dans les rouages de BU, et rendraient ainsi tout travail constructif impossible. M. Séchet nous a expliqué tout le bien qu’il pensait de ce projet, pour lequel il envisage le “même brillant avenir que Bitconnect, et pour les mêmes raisons”, puisqu’il s’agit d’un “projet créé par des arnaqueurs pour vendre du rêve”, “mené par un arnaqueur n’ayant jamais […] apporté aucune preuve, et n’ayant pas les compétences de ses fanfaronnades”.

Séchet conclut son propos en parlant de “triste blague”, listant certaines des propositions soumises au vote de modification du protocole, de plus en plus surréalistes.

Citons pour exemple la proposition de vendre tous les BCH de l’organisation contre un stack équivalent en BSV (quelle originalité).

Mais le cirque ne s’arrête pas là : rappelons que les figures du milieu ayant contribué à Bitcoin Cash ou apporté leur soutien à Bitcoin ABC font l’objet d’une plainte déposée par une mystérieuse société United American Corp. Cette plainte les accuse notamment de tenter de détourner Bitcoin Cash à leur profit.

La ficelle est un peu grosse, et Amaury Séchet dit son regret de ne pas voir la communauté BSV s’élever contre ses pratiques “toxiques”.

La route est donc toujours bien sinueuse pour Bitcoin Cash. Ceux qui appelaient à éviter le “fork de trop” pourront difficilement être accusés d’avoir joué les Cassandre, pour le coup. Affaire à suivre donc, Amaury Séchet ayant pour sa part prévu de poursuivre son travail, “la recherche d’une monnaie saine pratique étant un but trop important pour s’en laisser distraire”, heureux de se débarrasser “d’un environnement chaotique”.

Grégory Mohet-Guittard

Je fais des trucs au JDC depuis 2018. En ce moment, souvent en podcast et la tête dans le nuage.