The Graph (GRT) va-t-il devenir le Google de la Blockchain ?
Certains projets attirent les superlatifs. Soit que leurs levées de fonds aient été aussi colossales que fulgurantes, incarnant un engagement communautaire hors-norme, soit que l’ambition sous-jacente relève de l’évidence : la capacité à devenir un géant du secteur, ce qu’on appelle un « game changer ».
The Graph (GRT) rentre dans cette catégorie bien particulière de projet. D’une part parce que dès son annonce, c’est un peu comme si l’argent était littéralement tombé du ciel (des primo-investisseurs prestigieux comme Coinbase Venture et Multicoin Capital et une ICO publique bouclée en un temps record), mais également parce qu’il suffit de quelques minutes passées à soupeser le projet pour s’apercevoir du sérieux des enjeux et des ambitions derrière le token GRT.
Chacun sait que les futurs Amazon, Uber et autres Airbnb de la crypto finiront immanquablement par surgir. Avec The Graph, il est possible que nous soyons déjà confronté au futur Google de la Blockchain.
Cet article vous est proposé dans le cadre d’une campagne de communication éducative, et soutenue par The Graph.
La proposition de valeur de The Graph (GRT)
De sa propre présentation sur le site officiel, The Graph se décrit de la manière suivante :
« The Graph est un protocole décentralisé d’indexation et d’interrogation de données issues de blockchains, à commencer par Ethereum. Il permet d’extraire des données qu’il est difficile d’obtenir directement. The Graph apprend quoi et comment indexer les données Ethereum sur la base des descriptions des sous-graphes, connues sous le nom de manifeste des sous-graphes. La description du sous-graphe définit les contrats intelligents d’intérêt pour un sous-graphe, les événements de ces contrats auxquels il faut prêter attention et la façon de faire correspondre les données des événements aux données que le graphique stockera dans sa base de données. »
Documentation technique de The Graph
Quelque peu froide et techno-analytique, cette description n’est pas nécessairement explicite et pourrait facilement faire passer à côté de l’essentiel.
Si on abordera le détail de l’architecture qui permet à The Graph de fonctionner dans un instant, retenez ceci : The Graph a une ambition à la fois colossale et d’une simplicité évidente : prendre toutes les blockchains existantes, les indexer et permettre à n’importe quel utilisateur ayant besoin d’une information spécifique de disposer d’une porte d’entrée unique pour obtenir le ou les résultats les plus pertinents.
Et si ce descriptif ne vous rappelle rien, c’est que vous avez peut-être perdu de vue la proposition de valeur initiale de….Google à la fin des années 90 : prendre tout le web existant, l’indexer… etc., voila, vous avez compris l’idée.
A ce stade, il n’est pas inutile de rappeler que comme toutes évolutions technologiques, celles en lien avec les blockchain et les registres distribués évoluent et traversent différentes générations, allant croissant en complexité.
La première génération de blockchain, incarnée par l’ancêtre commun Bitcoin a été suivie quelques années plus tard par la seconde dont Ethereum et ses smart contracts demeure aujourd’hui le représentant incontesté. Les blockchain 3.0 sont supposées apporter des architectures à la fois plus complexes (layer 2, sidechain, sharding…), et représenter des réseaux permissionnées tournés résolument vers le business, ainsi qu’une inter-opérabilité plus poussée.
Or ces évolutions naturelles ont été de pair avec un phénomène tout aussi naturel : une très importante complexification, doublée d’un foisonnement de projets, parfois semblables, souvent très différents, chacun d’entre-eux rêvant de devenir le « nouveau standard » et évoluant sur des réseaux distincts, avec des règles propres.
Déterminer en l’état quels seront parmi ces projets ceux qui sauront s’imposer est une histoire complexe à l’issue incertaine qu’on ne racontera pas ici. En revanche, là où la carte de l’écosystème est vaste, parfois brouillonne, The Graph à l’intelligence tactique de déjà proposer une boussole et un compas. L’avantage est double :
- d’une part, cette approche est sans équivalent aujourd’hui sur le marché des réseaux décentralisés
- d’autre part, cet outils est par essence adaptable et évolutif, en capacité d’accompagner organiquement les évolutions et mutations de l’écosystème.
Autrement dit, The Graph n’est pas soumis aux diktats des phénomènes de mode et ne s’expose pas au risque d’être dépassé par les tendances et les innovations. Au même titre que le modèle de Google n’a pas été impacté par les changement de protocoles du web, ou les nouvelles tendances sociale, The Graph a pour ambition de devenir dès maintenant et définitivement la porte d’entrée unique du Web 3.0, celui qu’on qualifie de plus en plus souvent d’Internet de la valeur.
Architecture et fonctionnement de The Graph (GRT)
Si la comparaison avec Google nous sert de fil rouge aujourd’hui, il y a un point fondamental sur lequel les deux projets divergent pourtant fondamentalement.
En effet, si Google n’a jamais dissimulée son ambition de devenir une puissance centralisatrice, caractérisée par une grande verticalité dans son fonctionnement, The Graph œuvre à la mise en place d’une solution permettant de décentraliser et de distribuer le plus largement possible des services qui pour l’heure, passent nécessairement par des acteurs commerciaux privés.
Or, ces acteurs peuvent disparaître, muter…Ils peuvent résilier ou modifier leur conditions de services, produisant un déséquilibre des forces et une forme d’insécurité en défaveur des utilisateurs réels.
« La mission de The Graph est de permettre des applications Internet entièrement alimentées par une infrastructure publique. La décentralisation de l’ensemble de l’architecture permettra la mise en place d’applications résistantes aux défaillances commerciales et aux positions dominantes, et facilitera également un niveau d’interopérabilité sans précédent. Les utilisateurs et les développeurs seront en mesure de savoir que les logiciels dans lesquels ils ont investi du temps et de l’argent ne peuvent pas disparaître soudainement. »
Blog de The Graph
Ainsi, pour dépasser le système binaire dominant actuellement, celui où dans la majorité des cas, un utilisateur A rémunère les services d’un prestataire B, The Graph propose une approche distribuée, constituée à la fois d’outils logiciels libres et open source, ainsi que de fonctions nouvelles que n’importe qui sera en capacité d’endosser, ou de quitter, sans condition.
Dans les faits, les frontières s’effacent entre utilisateurs, consommateurs et producteurs, les rôles de chacune des parties étant interchangeables au gré des besoins et des circonstances, sans qu’il ne soit nécessaire qu’une autorité centrale en coordonne la course.
Le fonctionnement technologique de The Graph
Pour parfaitement saisir la manière dont fonctionne The Graph, il faut voir sa mécanique comme procédant à des opérations inverses de celles des oracles comme Chainlink par exemple.
Ainsi, alors que des services d’oracle vont aller chercher des données du « vrai monde » de manière à les injecter dans une blockchain, The Graph va extraire des informations de multiples réseaux, les agréger et le rendre intelligibles à destination de l’environnement physique de l’utilisateur.
Il convient de rappeler que si les technologies blockchain sont riches de promesses insoupçonnables, elles souffrent aujourd’hui on l’a vu de d’une certaine prolifération mais également d’un problème sémantique : elle ne parlent pas la même langue et pire, ne disposent même pas du moindre langage de requête.
Autrement dit, gloire soit rendue aux développeurs et codeur actuels travaillant sur des dApp (des applications décentralisées) : ils doivent suer sang et eau pour communiquer et interagir avec une blockchain au cas par cas, chaque nouveau projet étant à ce titre un nouveau défi à relever, parfois à partir de zéro.
Or, impossible d’imaginer un développement sain de l’industrie sans l’apparition de services permettant de collecter et d’agréger efficacement de la data sur les chaînes de blocs. C’est à cette fonction que The Graph emploie les rouages de son réseau, en s’appuyant sur les mécanismes suivants :
- A défaut de langage de requête, The Graph utilise GrapheQL. GrapheQL est un peu l’équivalent de Google Search, le moteur qui va crawler l’intégralité du web pour en indexer toutes les informations.
- Il est possible pour les développeurs de forger des Sous-Graphe spécifiques, nourris de données particulières et assorties de caractéristiques propres. Fin 2020, plus de 3000 sous-graphe était déjà déployés sur le réseau
- Plus finement encore, les Manifestes de Sous-Graph permettent de disposer d’un mappage de données très fin, celle-ci devenant exploitables aisément pour tout créateur d’application décentralisée
Rôle des acteurs de la blockchain The Graph
On l’a vu, le fonctionnement de The Graph fait l’économie de toute autorité centrale de surveillance ou de coordination, au profit de fonctions endossées par des individus (ou des groupes d’individus), cette approche étant prévue pour être vertueuse « by design » et rendant difficile – voire impossible – de corrompre à la fois le réseau mais également les données extraites et agrégées.
On en parle un peu plus loin plus en détail, mais outre l’amour du travail bien fait, les participants au réseau The Graph sont incité à œuvrer efficacement et en harmonie, afin de toucher en contrepartie des récompenses sous forme de tokens GRT.
- Indexateurs : Il s’agit des opérateurs de nœuds du réseau. En contrepartie de la sécurisation de la blockchain, ils touchent des récompenses en tokens GRT
- Conservateurs : signalent qu’un sous-graph en particulier présente de l’intérêt. Il peut s’agit de développeurs, de participants volontaires au réseau, ou de simples utilisateurs souhaitant poser leur pierre. La fonction étant également assortie de récompenses, il peut également s’agir d’investisseurs soucieux d’œuvrer au chantier commun
- Délégateurs : il font l’interface entre indexateurs et nœuds du réseau en verrouillant des tokens GRT en leurs noms en contrepartie de frais
- Arbitre : le shérif en ville, les arbitres patrouillent sur le réseau à la recherche de transactions non-conformes ou de failles dans l’indexation et la délégation.
- Pécheur (fisherman) : son rôle est de s’assurer qu’une requête ramène un résultat pertinent à l’utilisateur final
Les fonctions de ces différents acteurs, et leurs interactions sont nombreuses et parfois complexes et leurs devoirs et privilèges respectifs conditionnent l’équilibre de l’édifice The Graph. Nous reviendrons dans un article dédié sur les subtilités de ce petit écosystème.
Le token GRT
Le jeton GRT est la cheville ouvrière de l’architecture de The Graph. Ce token au standard ERC-20 évoluant sur le réseau Ethereum permet de procéder à des échanges de valeur entre les différents acteurs du réseau, décrits un peu plus tôt.
Ainsi Les indexeurs, conservateurs et délégateurs actifs peuvent fournir des services et prétendre à des revenus du réseau sous forme de GRT, proportionnellement à la quantité de travail qu’ils effectuent.
Quant aux utilisateurs finaux, ils peuvent librement se procurer, échanger et utiliser le token GRT. Un token qui à l’image du projet dans son ensemble est né sous les meilleures auspices. En effet, quelques semaines à peine après la mise en place de The Graph, Coinbase Pro annonçait déjà lister l’actif, un record.
Au moment de la rédaction, The Graph occupe la 53ème place du Marketcap avec une capitalisation totale de près de 2.5 milliards de dollars. Si à terme 10 milliards de jetons seront émis (avec un taux d’inflation d’environ 3% par an), 1.2 milliards de GRT sont actuellement en circulation.
Signe de son importance, The Graph a été rapidement listé sur les principales plateformes d’exchange crypto comme Binance, Kucoin ou Crypto.com.
Le staking de GRT
A noter qu’au titre de blockchain fonctionnant en Preuve d’enjeux (PoS), il est possible pour les détenteurs de tokens GRT de positionner leurs actifs sur une plateforme de staking. L’opération est simple, rapide et vous permettra de générer entre 10 et 20% de dividendes par an, au gré des indexeurs ou délégateurs que vous sélectionnerez.
Pour procéder au staking de GRT, rendez-vous sur la plateforme dédiée du site où il vous sera demandé de synchroniser votre wallet Metamask.
La synchronisation effectuée, vous serez en capacité de déléguer simplement et un un instant vos GRT à un opérateur de votre choix. Notez qu’une fois déposés en staking, les tokens GRT sont soumis à une période d’immobilisation de 28 jours.
Originellement capable de fonctionner sur Ethereum et IPFS, The Graph prévoit de progressivement intégrer de plus en plus de réseaux distribués, montant en pertinence à mesure que le périmètre de données disponibles s’élargira.
Récemment Polkadot, NEAR, Solana et CELO ont été intégrés à la nouvelle carte du monde des blockchain que The Graph établit jour après jour. En parallèle, 11 milliards de requête avaient été passées sur le réseau de sous-graph en février dernier, la croissance de The Graph ayant déjà connu une évolution de facteur 100 en 2020.
Des chiffres extrêmement impressionnants mais qui pourraient pourtant ne constituer qu’un modeste échauffement pour un projet dont la croissance suivra nécessairement l’explosion exponentielle de la quantité de données numériques décentralisées qui faudra toujours traiter plus efficacement.
Dans le prochain épisode de notre découverte de The Graph, vous découvrirez en quoi le projet ne se contente pas de faire le bonheur de sa communauté, mais se préoccupe également de la qualité du sommeil des développeurs et codeurs de l’écosystème crypto.