Les stablecoins pourraient impacter la souveraineté financière de l’UE pour des décennies, selon la Banque de France
Stablecoins, wanted en Europe ? – Face aux risques pour leur « pré-carré » de l’émission monétaire, les grands banquiers centraux commencent à s’inquiéter face aux stablecoins. Que ce soit à la Banque de France ou à la Banque centrale européenne, ce type de cryptomonnaies est déjà dépeint comme un danger pour l’économie.
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La Banque de France veut un euro numérique de toute urgence
Dans une déclaration parue ce 11 septembre, François Villeroy de Galhau, le Gouverneur de la Banque de France, encourage les banquiers européens à se préparer rapidement à l’ère des paiements numériques :
« En Europe, nous sommes confrontés à des choix urgents et stratégiques en matière de paiement, choix qui auront des implications sur notre souveraineté financière pour les décennies à venir. »
Son inquiétude se porte particulièrement sur les projets de stablecoins de « Big Techs », comme Facebook et son projet Libra. Ces géants pourraient assez facilement mettre en place des « systèmes monétaires privés », qui viendraient concurrencer directement les monnaies de banques centrales.
C’est de là que vient l’urgence d’émettre, de façon coordonnée, une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) à l’échelle européenne pour Villeroy de Galhau. Le banquier insiste même lourdement :
« Permettez-moi d’être clair ! Nous ne pouvons pas nous permettre de rester à la traîne en ce qui concerne [l’émission] de CBDC. »
Christine Lagarde pousse aussi à la création d’une MNBC européenne
Lors de la même conférence, la Présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a elle aussi critiqué le « retard » de l’Europe dans cette « compétition » mondiale pour émettre une MNBC.
À l’inverse, l’introduction d’un euro numérique permettrait à l’Eurosystème « d’être à la pointe de l’innovation ». Il s’agit bien là d’une MNBC qui serait accessible au public, et pas seulement aux grands acteurs bancaires et financiers :
« (…) les nouvelles technologies peuvent être utilisées pour rendre le règlement des transactions financières plus efficace. Elle ouvre également la possibilité d’une MNBC de détail, qui serait très innovante en ce sens qu’elle serait accessible à un large public. »
Fait rare pour une banquière, Christine Lagarde n’appelle pas une MNBC pour supprimer l’argent liquide. Elle précise qu’un euro numérique viendrait comme « un complément et non un substitut » aux pièces de monnaies et billets.
En effet, toujours selon la Présidente de la BCE, les 2 combinés (MNBC + espèces) « favoriseraient l’inclusion financière et offriraient un choix aux consommateurs ».
La question de l’euro numérique est très présente dans les esprits des banquiers centraux européens. L’émission rapide d’une monnaie numérique par la BCE leur paraît en effet primordiale, face à la menace des stablecoins de grands groupes privés.