Pump & Dump crypto : la SEC ne laisse plus rien passer

La SEC fait son boulot dans la crypto – Après des années de quasi anarchie où tout était presque permis sur le marché des cryptos, il semble que la fête des escrocs soit finie. La Security and Exchange Commission (SEC) a décidé de partir en croisade contre les projets cryptos malveillants dont les « Pump & Dump » en sont un exemple. Dans cette entreprise, la SEC pourra compter sur le soutien des autres agences gouvernementales et notamment du FBI qui souhaite, lui aussi, protéger le consommateur américain des affres des gangsters 3.0.

Les auteurs du Pump & Dump au pain SEC et à l’eau

Dans cette affaire, le gendarme financier américain à plusieurs entités dans le collimateur. Il s’agit de la société Arbitrade Ltd., enregistrée aux Bermudes, ainsi que deux de ses responsables : James Goldberg et Stephen Braveman. Il y a également Cryptobontix Inc., une entreprise canadienne, fondée et dirigée par Troy Hogg. Enfin, on retrouve Sion Trading, une société des Émirats Arabe Unis qui est dirigée par Max Barber. Ce dernier se présente comme un soi-disant « négociant international en or ».

Qu’est-ce que la SEC reproche à ces personnages ? D’avoir organisé, géré et profité d’un système de Pump & Dump entre 2017 et 2019 autour du token appelé le Dignityle DIG. Pour cela, ils sont accusés de « violation des dispositions antifraude et des lois fédérales sur les valeurs mobilières« . Et le régulateur exigera « le remboursement des gains mal acquis plus les intérêts avant jugement et des sanctions pécuniaires civiles« . Le tout avec « injonction immédiate et permanente« .

Mais au fait, c’est quoi un Pump & Dump ? En voici un mode d’emploi en quatre actes, basé sur le cas précis du Dignity. Notez en passant toute l’ironie dans le nom du token.

La SEC a lancé une procédure contre plusieurs sociétés et individus impliqués dans une affaire de Pump and Dump. Détails à suivre dans l'article.
Une arnaque à 36,8 millions de dollars autour de Dignity

Le Pump & Dump pour les nuls

Tout d’abord il faut bien sûr créer un jeton. Troy Hogg aurait ainsi démarché des développeurs russes qui ont mis en service sur Ethereum le fameux jeton Dig. Et c’est la plateforme – russe encore Livecoin qui proposera en « exclusivité » cette crypto à la vente.

Puis, il s’agit de légitimer le projet et de trouver un concept fort. En l’espèce, il s’agira d’un token adossé à de l’or physique. 3 milliards de Dig sont proposés avec une logique extrêmement simple : 1 Dig = 1 dollar en or physique. C’est une idée qui n’est pas révolutionnaire mais qui trouve son public, car l’or à la réputation d’être un actif solide.

Or, crypto, milliards, plus c’est beau, plus ça passe !

Ensuite on va créer une petite « hype«  en organisant une conférence de presse, en faisant des communiqués sur les réseaux sociaux et dans les médias spécialisés – qui tombent pour certains dans le panneau. Les deux sociétés affirment alors détenir 10 milliards d’or physique – acheté auprès de Sion – pour garantir le projet. Et en plus, cerise sur le gâteau, on garantit à la communauté qu’un audit a eut lieu et que les résultats sont très bon.

Il ne reste plus qu’à gonfler les prix de vente et à vendre des millions de dollars de jetons à des consommateurs crédules et/ou dupés par la communication ultra positive du projet. Le dossier avance ici le chiffre de 36,8 millions de dollars. Lorsque le cours est au plus hautou presque – vous vendez l’intégralité des jetons en votre possession. Et vous laissez le cours s’effondrer en sirotant des mojitos dans le paradis fiscal de votre choix.

Depuis, le Dig est retombé à zéro et a été délisté de l’exchange russe au grand dam de ceux qui pensaient avoir acheté de l’or tokénisé. Les protagonistes de cette affaire ont enfreint le Securities Act de 1933 et le Securities Exchange Act de 1934. Et la SEC va les interdire de nouvelles responsabilités dans la finance ou des entreprises cotées en bourse. Donc avant de vous lancer, pesez bien le pour et le contre car même Kim Kardashian s’est fait prendre par la patrouille !

Ben Canton

Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.