À Hong-Kong, une MNBC peut en cacher une autre
Le bac à sable de la Chine. Depuis quelques mois, certains observateurs se demandent ouvertement si la région administrative spéciale d’Hong-Kong ne servirait pas de laboratoire à ciel ouvert pour la grande puissance régionale qu’est la Chine. En effet, alors que l’Empire du Milieu continue sa politique plutôt restrictive à l’égard des cryptomonnaies, l’ancienne colonie britannique n’en finit plus d’annoncer de nouveaux projets liés au Web3. Divers projets de stablecoins et de tokenisation d’actifs financiers sont déjà en cours de développement alors qu’Hong-Kong va participer à un programme de développement de paiements transfrontaliers utilisant à la fois la MNBC chinoise (le e-CNY) et sa propre MNBC : le e-HKD. Direction les bords de la rivière des Perles pour faire le point sur les dernières annonces.
Hong-Kong envisage de faire cohabiter le e-CNY et le e-HKD
En début de semaine, Paul Chan, le secrétaire aux Finances d’Hong Kong a fait un discours très attendu sur les orientations du budget de la région administrative spéciale dont les thèmes principaux étaient le développement durable appliqué à divers secteurs de l’économie, mais aussi l’inclusion numérique et bien sûr les projets en cours liés au Web3. Concernant les premières thématiques, il fut question de finance verte, de véhicule électrique, de ville intelligente et respectueuse de l’environnement ainsi que de divers projets autour du numérique. Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui concerne essentiellement ses propos concernant les avancées dans le domaine du Web3.
Il est important de noter à ce sujet que M. Chan a rappelé que les évolutions règlementaires et technologiques du territoire se faisait dans le respect d’un principe fort qui dicte la conduite d’Hong-Kong : « un pays, deux systèmes ». Partant de là, la région administrative spéciale peut expérimenter des choses différentes de la Chine continentale tout en restant dans son giron et nous allons voir qu’en matière de Web3, cette maxime est parfaitement intégrée. Hong-Kong est en effet qualifié de « super connecteur » par le dirigeant qui a dressé la liste des projets en cours.
Le petit territoire chinois multiplie les projets Web3
Tout d’abord, il a abordé la phase 1 du programme pilote concernant le e-HKG (pour Hong-Kong dollar numérique) mené par l’Autorité Monétaire d’Hong-Kong qui étudie des cas d’utilisation au niveau national. Paiements programmables, paiements hors-ligne et tokenisation sont actuellement à l’essai alors que la phase 2 devrait débuter prochainement et poursuivre dans l’exploration de nouveaux usages concrets de cette MNBC locale. Mais une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) peut en cacher une autre et le secrétaire aux Finances a annoncé vouloir élargir l’utilisation du yuan numérique dans le même temps.
Il est ainsi question que le grand public puisse recharger son portefeuille de e-CNY en utilisant le réseau local de paiement appelé Faster Payment System qui permet d’envoyer et de recevoir des paiements en utilisant simplement un numéro de téléphone ou une adresse de courrier électronique. Simple d’usage et quasi instantané, ce système est très populaire et il sera donc dorénavant disponible à la fois pour le dollar local, mais aussi pour le yuan numérique. Ce faisant, les paiements et transferts d’argent transfrontaliers seront simplifiés entre Hong-Kong et le vaisseau amiral : la Chine.
Rappelons pour terminer que cette région fait office de précurseur en matière d’émission d’obligations dites vertes sur la blockchain et qu’elle s’apprête également à élaborer un cadre règlementaire pour les stablecoins dans le territoire. Enfin, les ressortissants d’Hong-Kong peuvent également profiter des ETF Bitcoin au comptant, ce qui fait d’eux des privilégiés par rapport à leurs homologues chinois.