Guerre en Ukraine : la Banque Centrale russe tremble face à Bitcoin

Empêcher la fuite des capitaux à tout prix – Suite aux sanctions économiques inédites prises par une partie de la communauté internationale, l’économie russe vacille. Un défaut de paiement de la dette est sur la table alors qu’une énorme récession est envisagée. Certains pensaient que Bitcoin et les cryptomonnaies pourraient être un moyen d’échapper à cette rafale de sanctions. Mais tout n’est pas si simple. Pour limiter l’exode des fonds, la Banque Centrale russe (CBR) accentue la pression sur ses administrés et contrôle leurs moindres faits et gestes. Back In USSR chantaient les Beatles… on n’en est pas loin.

Les banques ont l’obligation de surveiller leurs clients

Dans une lettre datée du 16 mars, Yuri Isaev – le vice-président de la CBR – demande aux banques de renforcer le contrôle des transactions de leurs clients. Cette information a été publiée par le quotidien russe Vedomosti. C’est une référence dans le monde des affaires et de la finance à Moscou. En substance, les établissements financiers doivent porter une attention particulière à toute personne morale ou physique qui tenterait de retirer des actifs en direction de certains pays. Ces derniers dits « hostiles » ou « non-amis » rassemblent plus de 48 nations dont les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’ensemble des pays de l’Union Européenne.

« Les comportements atypiques« , « les activités anormales » seront « répertoriées, reportées et contrôlées« . Toutes les tentatives de contournement des restrictions nouvellement imposées par les banques doivent finalement être « stoppées« . L’ensemble des transactions dites « suspectes » seront déclarées au Rosfinmonitoring, le service fédéral de lutte contre le blanchiment d’argent – l’équivalent russe de Tracfin. Le tout sous couvert de la loi anti-blanchiment FZ-115. Les risques encourus sont énormes. La justice russe est particulièrement sévère ces derniers temps à ce sujet. Elle prévoit de fortes amendes voire même une responsabilité pénale. Voilà pour le cadre légal.

Les autorités russes renforcent les contrôles sur sa population pour l'empêcher de sortir de l'argent du pays par tous les moyens : traditionnels ou cryptos.

Bitcoin et les cryptomonnaies ne sont même plus une solution

Dans les faits, ces nouvelles directives renforcent les premières mesures prises dès les premiers jours de la crise. Et les cryptomonnaies reviennent à nouveau dans le débat comme une option de sortie.

« Les recommandations de la Banque centrale visent à empêcher la « croissance » des stratagèmes de contournement des restrictions, de retrait de fonds par le biais d’échanges de cryptomonnaies »

 Alexei Voylukov, vice-président de l’Association des banques de Russie – Source : Vedomosti

Près de 10 millions de russes détiennent 63 milliards de dollars en cryptos sur les différentes plateformes. Les autorités le savent et leurs inquiétudes semblent justifiées. Avec la suspension des cartes de paiement puis l’inflation record, les cryptos deviennent clairement un plan B pour les citoyens russes. Ceci pour effectuer des transferts, des achats ou protéger leur épargne. Malheureusement les nouveaux dépôts sur les plateformes semblent compromis. Les médias internationaux semblent obnubilés par les histoires d’oligarques russes et de leurs bateaux saisis aux quatre coins du monde, mais en réalité, ce sont surtout les gens « normaux » qui payent le plus lourd tribut à cette situation.

« La Russie n’est pas à Moscou, elle est dans le cœur de ses enfants ». Ainsi parlait un personnage dans Guerre et Paix, le chef-d’œuvre de Léon Tolstoï. La guerre impacte principalement les petites gens qui en subissent les conséquences. Et ceci des deux côtés de la ligne de front. Plus que conscient du drame absolu que traverse la population ukrainienne, on ne saurait éclipser les difficultés des familles russes face aux privations dont elles font l’objet. Bitcoin et les cryptos pourront-ils alléger les maux des populations civiles ? Certains comme le président Zelensky y croient dur comme fer. Nous on peut seulement l’espérer, ou comme John Lennon, l’imaginer.

Ben Canton

Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.