
Blanchiment d’argent et cryptomonnaies : La police brésilienne démantèle un réseau criminel à 1 milliard de dollars
Opération Hawala. Au Brésil, la police fédérale vient de démanteler un réseau criminel impliqué dans le blanchiment d’argent via les cryptomonnaies. L’opération, baptisée Hawala, a permis de mettre fin à des activités illégales qui auraient généré plus d’un milliard de reais (environ 200 millions d’euros) en moins de deux ans. Retour sur cette affaire qui secoue le pays.
- La police fédérale brésilienne a démantelé un réseau criminel majeur impliqué dans le blanchiment d’argent via les cryptomonnaies, générant plus d’un milliard de reais en moins de deux ans.
- L’opération a mis au jour un système complexe utilisant des entreprises fictives et des comptes à l’étranger, avec des fonds convertis en cryptomonnaies pour brouiller les pistes.

Une opération de grande envergure
Le 2 septembre, la police fédérale brésilienne a lancé une opération d’envergure pour démanteler un réseau criminel spécialisé dans le blanchiment d’argent, le trafic de marchandises et l’évasion fiscale. Des mandats de perquisition et de saisie ont été exécutés dans plusieurs villes, dont Araçatuba et São Paulo comme l’explique le communiqué de presse officiel. Les forces de l’ordre ont saisi des voitures de luxe, des armes à feu, des drones et du matériel électronique.
Selon les autorités, le réseau utilisait des entreprises fictives et des comptes bancaires à l’étranger pour dissimuler ses activités illégales. Les fonds étaient ensuite convertis en cryptomonnaies pour compliquer la traçabilité. Une des entreprises impliquées aurait transféré plus d’un milliard de reais en cryptomonnaies sur une période de 18 mois.
Les personnes arrêtées font face à de multiples accusations, notamment pour association de malfaiteurs, contrebande, évasion fiscale et blanchiment d’argent. Si elles sont reconnues coupables, elles risquent de lourdes peines de prison.
Par ailleurs, si le terme « Hawala » vous semble sorti d’un film d’espionnage, vous n’êtes pas loin de la vérité. En arabe, ce mot signifie « transfert » ou « confiance ». L’Hawala est un système de transfert de fonds informel et ancestral, qui fonctionne en dehors des circuits bancaires traditionnels. Basé sur la confiance entre un réseau de courtiers (les hawaladars), il permet de déplacer de l’argent à travers le monde sans qu’un seul billet ne traverse les frontières.
Autant dire que ce mode de fonctionnement est un rêve pour les réseaux criminels et les trafiquants, qui l’utilisent depuis des décennies pour faire voyager des fonds de manière discrète. Le choix de ce nom par la police brésilienne n’est donc pas un hasard : c’est un clin d’œil ironique et bien trouvé à la méthode de blanchiment d’argent que les criminels ont tenté de moderniser… en passant par les cryptomonnaies.

Lutte contre le blanchiment d’argent : un problème mondial
Le Brésil, comme de nombreux autres pays, intensifie ses efforts pour réguler l’utilisation des cryptomonnaies et prévenir leur utilisation à des fins criminelles. Cette opération démontre que les autorités sont prêtes à frapper fort pour démanteler les réseaux criminels qui exploitent les failles du système financier traditionnel et numérique.
Au-delà de l’aspect criminel, cette affaire soulève également des questions sur la régulation des cryptomonnaies au Brésil. Le pays a récemment adopté des lois pour encadrer l’utilisation des actifs numériques, mais les défis restent nombreux. Les autorités devront redoubler d’efforts pour surveiller les transactions suspectes et collaborer avec les plateformes d’échange pour identifier les utilisateurs impliqués dans des activités illégales.
Notons que ce n’est pas le premier coup de filet des autorités brésiliennes. Au mois d’avril 2025, l’affaire Braiscompany a révélé une arnaque de grande ampleur dans le secteur des cryptomonnaies, avec un système de Ponzi ayant escroqué 20 000 investisseurs pour plus de 190 millions de dollars. Le cerveau de l’opération a écopé d’une peine de plus de 120 ans de prison.
L’opération Hawala marque une étape importante dans la lutte contre le blanchiment d’argent via les cryptomonnaies au Brésil. Elle souligne la nécessité pour les autorités de rester vigilantes face à l’évolution rapide des technologies financières et des méthodes utilisées par les criminels pour dissimuler leurs activités. Alors que le pays continue d’adopter les cryptomonnaies, il devra également renforcer ses mécanismes de régulation pour prévenir leur utilisation à des fins illicites.
