Affaire Cartier : bijoux de luxe, drogue et 15 millions $ blanchis en Tether (USDT)
Grossière erreur. Bien que, d’après les experts de Chainalysis, le blanchiment d’agent lié aux cryptomonnaies se soit effondré en 2023, la facilité et la rapidité des transactions via les blockchains attirent malheureusement toujours les criminels. À tort, comme nous allons le voir une fois de plus avec ce membre de la famille des bijoux Cartier reconverti en marchand de drogues, car les registres distribués des blockchains sont publics, et le pseudonymat des transactions ne protège pas les malfaiteurs d’une traque approfondie des forces de l’ordre. Blanchir de la cocaïne avec de l’USDT de Tether s’est donc avéré être une erreur monumentale.
Des stablecoins USDT auraient aidé à blanchir l’argent d’un trafic de cocaïne
Ce début mai 2024, un communiqué presse paru sur le site du Department of Justice (DoJ) américain nous apprend que 6 individus, dont « un membre prétendu de la famille Cartier », sont accusés de blanchiment d’argent et de trafic de drogue.
Il s’agit en l’occurrence de Maximilien de Hoop Cartier, qui se prétend descendant direct de Louis Cartier, fondateur de la marque de bijoux et montres de leur portant son nom. D’après le Bureau du procureur du district Sud de New York, entre mai et novembre 2023, les complices auraient blanchi « un total d’environ 14,5 millions de dollars en Tether », c’est-à-dire en stablecoin du dollar, l’USDT.
« Maximilien de Hoop Cartier et cinq ressortissants colombiens auraient tenté d’importer plus de 100 kilogrammes de cocaïne, et blanchi des millions de dollars (…) par le biais – d’une plateforme d’échange de cryptomonnaies non autorisée – pour transférer des fonds illicites des États-Unis vers la Colombie. »
James Smith, directeur adjoint du FBI
Tether annonce renforcer sa lutte anticriminalité avec Chainalysis
Le même jour – en réponse ou par coïncidence ? – la société Tether publiait un communiqué sur l’amélioration de ses mesures de conformité, en concluant un accord les enquêteurs et experts des transactions on-chain de Chainalysis.
Bien qu’aucun lien direct ne soit mentionné avec le communiqué du DoJ ci-dessus, on peut lire dans la publication de Tether que la crypto-entreprise « s’efforce de lutter activement contre les activités illicites » et que le groupe a « collaboré avec 124 organismes d’application de la loi dans 43 juridictions mondiales ».
« L’engagement proactif de Tether à surveiller le marché secondaire de l’USDT (…) a le potentiel de transformer l’ensemble de l’écosystème et d’en faire un lieu de transaction plus sûr. (…) Les [registres distribués des] cryptomonnaies sont transparents, et exploiter cette transparence pour s’associer aux forces de l’ordre et geler les fonds criminels est le meilleur moyen de dissuader leur utilisation à des fins de terrorisme, d’escroquerie et d’autres activités illicites. »
Jonathan Levin, cofondateur et directeur de la stratégie (CSO) de Chainalysis
En résumé, utiliser des cryptomonnaies pour commettre ou blanchir des crimes est une très mauvaise idée au bout du compte. En effet, si ces crypto-transactions sont rapides et incensurables, la trace des transactions des malfaiteurs peut être remontée si leurs délits justifient d’y consacrer temps et personnel des forces de l’ordre – et/ou celui de sociétés spécialisées comme Chainalysis.