Crypto : Le Jésus du Bitcoin, Roger Ver en croisade contre le fisc américain
Bitcoin Jesus …en(Ver) et contre tous ! L’adoption de Bitcoin a longtemps été associée à certains de ses plus fervents défenseurs, parmi lesquels Roger Ver, surnommé « Bitcoin Jesus ». Figure charismatique de notre écosystème, Ver s’est fait connaître pour sa promotion intense du Bitcoin, puis du Bitcoin Cash (BCH), le fork qu’il a soutenu à partir de 2017. Mais, aujourd’hui, Ver fait face à des accusations fiscales d’une ampleur inédite : le fisc américain lui reproche d’avoir dissimulé des gains en cryptomonnaies non déclarés, totalisant 240 millions de dollars. Une affaire de plus qui s’ajoute à la longue liste de péchés du Jésus du Bitcoin. On fait le point.
- Roger Ver, surnommé « Bitcoin Jesus », a été accusé d’une fraude fiscale massive liée à des cryptomonnaies non déclarées, totalisant 240 millions de dollars.
- Ver, arrêté en Espagne, conteste les accusations en affirmant qu’il n’était plus résident fiscal des États-Unis, tandis que le procureur cherche à faire de ce cas un exemple pour les détenteurs de cryptomonnaies.
Bitcoin Jésus dans le viseur du fisc US
Le secteur des cryptomonnaies est souvent associé à des affaires de crimes numériques comme le blanchiment d’argent ou les cyberattaques. Pourtant, le cas de Roger Ver, accusé d’une fraude fiscale de plus de 48 millions de dollars en impôts impayés, représente la première affaire de cette ampleur portée devant les tribunaux américains pour des transactions exclusivement en cryptomonnaies, selon Bloomberg.
Selon l’acte d’accusation, Ver aurait dissimulé une partie de ses avoirs en Bitcoin et en autres cryptomonnaies au fisc américain lorsqu’il a renoncé à sa citoyenneté en 2014 pour devenir citoyen de Saint-Kitts-et-Nevis. Il aurait également sous-déclaré la valeur de ses entreprises MemoryDealers et Agilestar. Ver a été arrêté en avril 2024 en Espagne, alors qu’il assistait à une conférence sur la confidentialité. Après un mois en détention, il a été libéré sous caution et réside actuellement à Majorque en attendant la décision du tribunal espagnol concernant son extradition vers les États-Unis.
Qui veut la peau de Roger Ver ?
Comprenons bien la situation de ce magnat des crypto multimillionnaire. Roger Ver, né le 27 janvier 1979 en Californie, a fait ses débuts dans la Silicon Valley en fondant sa société MemoryDealers à l’âge de 19 ans. Convaincu du potentiel des cryptomonnaies pour contourner le contrôle gouvernemental, il commence à investir dans le Bitcoin en 2011, alors qu’il ne valait encore qu’un dollar. Très vite, il se fait le porte-voix de la reine des cryptos, vantant son potentiel lors de conférences et de rencontres, devenant ainsi « Bitcoin Jesus ».
Ver investit dans des entreprises pionnières de l’écosystème, comme Blockchain.com, BitPay et Ripple. Cependant, en 2017, après un désaccord avec la communauté Bitcoin sur des modifications de code, Ver décide de soutenir Bitcoin Cash (BCH), une version alternative du Bitcoin qu’il juge plus fidèle à la vision originelle de la cryptomonnaie. C’est le fork que nous évoquions en introduction. Aujourd’hui, Ver continue de soutenir Bitcoin Cash, affirmant que ce fork permet des transactions plus rapides et moins coûteuses.
Roger, en(Ver) et contre tous
Roger Ver, qui avait renoncé à sa citoyenneté américaine en 2014 pour des raisons fiscales et philosophiques, affirme n’avoir rien à cacher. Sa défense repose sur le fait qu’il n’était plus résident fiscal des États-Unis au moment des faits reprochés et qu’il résidait au Japon. Cependant, le procureur américain soutient que Ver vivait en réalité à Los Angeles et aurait dû, à ce titre, déclarer ses gains en Bitcoin et payer les impôts correspondants.
Ver se défend également en affirmant qu’il avait demandé à ses conseillers fiscaux de respecter scrupuleusement la réglementation fiscale, alors que les directives de l’IRS sur la taxation des cryptos étaient floues. « J’ai donné comme instruction à tous mes avocats et comptables de faire les choses parfaitement, pour ne jamais avoir de problèmes avec l’IRS », a-t-il affirmé lors d’une interview avec Bloomberg en octobre dernier. Il soutient que le ministère de la Justice ignore les preuves qui plaident en sa faveur et affirme que l’affaire serait une manœuvre de répression ciblée.
Le cas de Roger Ver est une première aux États-Unis, mettant exclusivement en avant des accusations de fraude fiscale liées à des transactions en cryptomonnaies. Cette procédure pourrait bien faire jurisprudence pour les détenteurs de cryptomonnaies aux États-Unis, alors que les autorités fiscales intensifient leur surveillance de ces actifs numériques. Le procureur en charge du dossier n’a pas caché son intention de faire de cette affaire un exemple, affirmant : « Nous pensons qu’il y a beaucoup de gens qui possèdent des cryptomonnaies et qui ne paient pas leurs impôts. » Alors que Ver continue de clamer son innocence, il reste à voir si la décision de justice espagnole permettra ou non son extradition. À suivre, sur le Journal du Coin.