4 millions de $ en Bitcoin pour une école : Quand le père des frères Winklevoss redonne à ses racines
Donnez, do do donnez. Les dons en BTC et autres cryptomonnaies ne sont plus inédits. Que ce soit dans le secteur associatif ou en politique (notamment aux USA) les cryptomonnaies permettent des dons rapides, fiables et limitent les intermédiaires. Cependant, lorsque c’est le père des célèbres jumeaux Winklevoss qui signe un chèque à sept chiffres en crypto, on tend l’oreille. Howard Winklevoss, entrepreneur et ancien professeur, a offert 4 millions de dollars en Bitcoin au Grove City College, son alma mater. Pour ce vieux briscard de la finance, ce n’est pas seulement un don, c’est un retour aux sources.
Howard Winklevoss : un parcours entre savoir et audace
Howard Winklevoss n’est pas le premier venu. Ancien professeur à la prestigieuse Wharton School, fondateur d’entreprises technologiques dans les années 70, et investisseur en Bitcoin dès 2013, ce passionné de l’école autrichienne d’économie n’a jamais eu peur de suivre des chemins de traverse.
C’est justement au Grove City College, dans les années 60, qu’il s’est imprégné des enseignements de Hans Sennholz, un disciple de Ludwig von Mises. Des idées de marché libre, d’argent sain et de défiance contre les monnaies fiat qui ont aussi inspiré le mystérieux Satoshi Nakamoto, créateur du Bitcoin.
« Quand j’ai compris que le Bitcoin, c’était de l’argent numérique non gouvernemental avec une offre fixe, ça a été l’eureka », raconte Winklevoss à nos confrères de CoinDesk.
Les Winklevoss, pionniers du Bitcoin et ambassadeurs de la crypto
Les frères Winklevoss, Tyler et Cameron, ne sont pas étrangers à l’univers crypto. L’inclinaison de leur père pour la reine des cryptomonnaies n’est donc pas surprenante. Dès 2012, ils se sont jetés dans le bain du Bitcoin, bien avant que le terme « crypto » ne soit monnaie courante. À l’époque, il n’y avait pas encore de livre blanc Ethereum, et la scène ressemblait plus à une cabane en bois qu’à une tour d’ivoire.
Les deux frères sont devenus des figures de proue de la crypto-économie, créant Gemini, une plateforme d’échange devenue incontournable. Leur mission ? Faire entrer le Bitcoin dans les foyers, et l’ériger en pilier du système financier. Mais ce qu’on oublie souvent, c’est que ce sont les discussions de leur père sur les principes de l’argent sain qui ont allumé l’étincelle. « À la maison, il parlait de ces idées tout le temps », se souvient Tyler. Une éducation non conventionnelle qui les a armés pour leur propre révolution. Pour Howard, l’or était autrefois l’étalon de l’argent sain. Mais avec des problèmes de portabilité et une tendance à la centralisation, le Bitcoin s’est imposé comme une alternative numérique, tout aussi solide, mais plus maniable.
Dons en Bitcoin : une nouvelle ère de la philanthropie
Les dons en Bitcoin ne sont plus rares. De plus en plus d’institutions académiques et caritatives reçoivent des crypto-actifs. Le MIT, l’Université de Pennsylvanie, et même des associations caritatives voient dans ces dons une manière moderne de financer des projets novateurs sans les lourdeurs des transactions bancaires classiques.
Ces donations permettent aussi d’ancrer les cryptomonnaies dans le tissu économique américain, légitimant leur usage au-delà de la spéculation. Elles deviennent ainsi une nouvelle corde à l’arc des philanthropes, et un moyen pour les crypto-enthousiastes de promouvoir des valeurs de liberté économique et de décentralisation. Howard Winklevoss ne fait pas exception : avec ce don, il alimente de nouveaux programmes d’études économiques et de commerce au Grove City College, qui portera désormais le nom de « Winklevoss School of Business».
Les principes de l’école autrichienne – défiance envers les banques centrales, valorisation du marché libre et de l’or comme monnaie solide – résonnent parfaitement avec la philosophie du Bitcoin. Satoshi Nakamoto s’en est inspiré pour coder une monnaie indépendante, résistante aux manipulations des gouvernements. Pour les adeptes de cette école de pensée, le Bitcoin n’est pas qu’un actif ; c’est une idéologie, une réponse numérique aux failles du système monétaire actuel. Cependant, le geste philantropique d’Howard Winklevoss questionne. Est-il si fidèle à l’école autrichienne, ou n’est-il pas plutôt la marque de plus d’un lobby US qui s’empare des cryptomonnaies ?
Philanthropie ou lobbying crypto ?
En effet, et ce sera là notre mot de la fin lorsqu’on observe de plus près l’écosystème crypto américain, il est légitime de se demander si ce don n’est pas davantage lié à une forme de lobbying crypto, une façon de renforcer l’influence des cryptomonnaies dans les sphères économiques et politiques aux États-Unis. Les cryptomonnaies, autrefois confinées à des cercles restreints de technophiles et libertariens, sont aujourd’hui au cœur de discussions politiques et économiques, notamment aux États-Unis. Depuis les dernières élections présidentielles américaines, on a vu une montée en puissance de l’utilisation des cryptomonnaies dans les campagnes politiques. FTX, l’un des principaux exchanges avant son effondrement, s’était déjà illustré en tant que donateur clé lors des élections de 2020, finançant massivement des candidats des deux partis.
Dans ce contexte, le don de Winklevoss pourrait ainsi être perçu sous un autre angle. Certes, il renforce les valeurs d’une institution académique prônant la liberté économique. Mais il s’inscrit aussi dans une tendance plus large de la montée des cryptos sur la scène politique américaine. En s’ancrant dans les universités, ces dons s’assurent que les prochaines générations d’étudiants et de penseurs adoptent les valeurs portées par la crypto-économie.
Finalement, Howard Winklevoss incarne-t-il un défenseur de la liberté monétaire ou participe-t-il à une forme de lobbying sophistiqué pour légitimer et ancrer les cryptomonnaies dans l’establishment économique et politique ? La réponse réside peut-être dans la direction que prendra la régulation des cryptos dans les années à venir.
Magali
De simple lectrice en 2017 à rédactrice en chef depuis septembre 2023, j'allie maintenant l'écriture à mes connaissances à travers mes articles pour Le Journal du Coin. Mon seul but est celui de vous informer sur l'univers de demain : celui de la blockchain, des cryptomonnaies, des NFT et du metaverse. Persuadée que Bitcoin est une révolution, j'entends participer à la vulgarisation de notre écosystème.
