États-Unis : un projet de loi contre le chiffrement de bout en bout ?

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Des représentants du Sénat et du Department of Justice des États-Unis semblent mener de front un combat contre les messageries de chiffrement de bout en bout. Derrière la noble cause de la protection de l’enfance, se cache un risque liberticide de grande ampleur, comme seuls les USA en ont le secret.

Mettre fin au chiffrement de bout en bout pour mieux nous surveiller protéger ?

Selon le site ZeroHedge, le procureur général William Barr d’une part, et le sénateur Lindsey Graham d’autre part, souhaitent tous deux interdire le chiffrement intégralde l’expéditeur au destinataire – des messages envoyés via des applications tels que WhatsApp, iCloud ou Telegram.

« Bien que nous utilisions le chiffrement pour améliorer la cybersécurité, nous devons nous assurer de conserver la capacité d’accéder légalement aux données et aux communications lorsque cela est nécessaire pour répondre à des activités criminelles. » William Barr

Le problème de créer de telles portes dérobées, est qu’elles impliqueraient une « clé-maître » (ou « golden key ») de déchiffrement. Et qui pourrait nous assurer alors que cette clé-maître ne servira pas à des activités malfaisantes, comme surveiller les conversations de dissidents politiques, ou de dirigeants de grandes entreprises étrangères ? Sans parler des pirates informatiques qui réussiraient à mettre la main dessus : cela donnerait un nouveau sens à l’expression “un remède pire que le mal“.

Avec le soutien des sénateurs Lindsey Graham et Richard Blumenthal, Barr souhaite introduire devant les Chambres du Congrès US une loi nommée « EARN IT Act ».

Acronyme de « Loi pour éliminer la négligence abusive et généralisée des technologies interactives » (rien que ça !), elle vise à rendre les entreprises pénalement responsables dans des affaires d’abus et d’exploitation d’enfants, si ces sociétés de messagerie ne transmettent pas toutes preuves liées à des utilisateurs suspectés.

Chiffrement backdoor

Une façon de sournoisement les obliger à prévoir ces fameuses portes dérobées dans leurs applications (exploitables par tous ceux qui auront la gold key, qu’ils soient “bons” comme “mauvais”). Et cela pourrait aussi, par la suite, concerner également le cas des “questions de sécurité nationale“, vous voyez le loup venir de loin ?

Des conséquences pour les cryptos ?

En plus des évidentes menaces contre les libertés individuelles, et des risques de cybersécurité, une telle loi aurait aussi des répercussions éminemment négatives pour la cryptosphère.

En effet, les réseaux blockchains fonctionnent sur des échanges de valeur et d’informations basés sur un chiffrement, réalisé de bout en bout.

L’analyste financier Thomas Lee, de Fundstrat, explique ainsi que :

« [Si ce projet de loi] devient réalité, il aurait un impact négatif sur la crypto et les actifs numériques, qui sont fondés sur la cryptographie ».

Ces volontés d’hypersurveillance, qui partent toujours de “bonnes intentions”, font reculer toujours plus les libertés et la protection de la vie privée de la vaste majorité des individus innocents. Il ne reste plus qu’à espérer que cette loi – qui s’annonce à double tranchant – n’en reste qu’au stade de projet.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.

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