Quand la musique n’est plus bonne – les NFT pirates déclenchent la fureur des musiciens
Avoir ou ne pas avoir… les droits – Ah, ces fameux NFT ! Pas un jour ne passe sans une nouvelle vente record ou l’annonce fracassante d’un nouveau projet – soi-disant – révolutionnaire. Cette technologie innovante alimente tous les espoirs, mais suscite également beaucoup de convoitise. L’industrie du disque s’étant déjà largement dématérialisée, elle expérimente désormais la tokénisation de la musique. Et certains ne s’embarrassent pas de la légalité…
Une plateforme d’enchères de NFT musicaux pour rémunérer les artistes
Fondée en 2021 par Rory Felton et Jeff Burningham, la plateforme de NFT musicaux HitPiece était sur le papier un joli projet. Le directeur de la musique et l’investisseur avait réussi a lever 5 millions de dollars. La promesse ? Créer un NFT pour chaque chanson du catalogue et le mettre aux enchères pendant une semaine. L’utilisateur qui faisait la meilleure offre le remportait, tout simplement.
Il faut ajouter que Felton était l’ancien responsable d’un label reconnu et que d’autres personnalités faisait partie de l’équipe, comme le détaille Loudwire. A priori, tous les voyants étaient au vert sur ce projet.
Mais le château de cartes va s’effondrer en quelques jours après une tempête de protestations sur Twitter venant d’artistes référencés à leur insu sur la plateforme. Du 1er au 4 février, récit des 3 jours qui vont tout changer.
Des artistes s’insurgent contre les NFT illégaux
Tout d’abord, le 1er février, une première salve de réclamations arrive sur Twitter venant – entre autres – du groupe Glass Beach et de Wolf Van Halen :
« Hey HitPiece ! Enlevez tout ce qui nous concerne de votre site ! Point final ! On ne veut rien à voir avec vous. (…)
C’est clairement criminel (…) Vraiment dégouté. (…) HitPiece devrait avoir honte. »
Ensuite, le 2 février, la plateforme tente une réponse – toujours sur Twitter – pour essayer d’éteindre la polémique :
« Clairement, nous avons touché une corde sensible, mais nous voulons toujours créer la meilleure expérience possible pour les fans. Pour être clair, les artistes seront payés quand les biens numériques seront vendus. Comme tous les projets naissants, on écoute les critiques de nos utilisateurs et on s’engage à améliorer notre fonctionnement pour être au plus près des besoins des artistes, des labels et des fans. »
Rien n’y fait, les critiques continuent toute la journée :
« Allez-vous me payer pour les 5 albums que j’ai auto-produits et dont je possède les droits ? S’il vous plaît, expliquez-moi comment vous allez faire ? »
Le groupe Chain Gang Of 1974
« Le pire dans tout ça, c’est qu’ils veulent tirer avantage d’artistes qui n’ont pas assez de notoriété pour se faire entendre. (…). Honte à vous ! »
Le groupe The real Sully G
« Les pires charognards du capitalisme qui viennent nous sucer la moelle et se faire de l’argent sur notre dos (…) »
Ted Leo
Le régulateur intervient en faveur des artistes et règle le problème
Enfin, le 4 février, l’Association américaine de l’industrie du disque (RIAA) va finir par intervenir et mettre fin au différend de manière radicale.
Une lettre a été envoyée aux avocats de HitPiece avec l’obligation de « cesser de porter atteinte aux droits de propriété intellectuelle des musiciens ». La plateforme devra en outre fournir une liste exhaustive de tous les NFT générés ainsi que tous les artistes impliqués. Le site a été fermé quelques heures plus tard et n’a jamais été réactivé. Le CLO (directeur juridique) de la RIAA, Ken Doroshow, qualifiera HitPiece comme « un peu plus qu’une arnaque » et assure que ses services surveillent la résurgence du site sous un autre nom.
Les NFT permettront peut-être un jour aux artistes d’être mieux rémunérés et d’être au plus près de leurs fans en évitant les intermédiaires. En attendant la démocratisation de cette technologie, certains proposent déjà des utilisations originales des NFT, comme le festival mondialement connu Coachella.