La faute à Binance ? Le Nigéria fait face à une crise économique et monétaire majeur depuis quelques années. Et l’émission d’un naira numérique (eNaira) pour tenter de redresser la barre n’aura fait que précipiter le naufrage du navire. Un contexte sous haute tension pour les dirigeants du pays le plus peuplé d’Afrique. Car l’objectif est désormais de trouver les coupables de ce fiasco. L’occasion rêvée de pointer du doigt le secteur des cryptomonnaies, en chassant les principaux exchanges de son territoire. Mais également d’arrêter deux responsables de la plateforme Binance locale, suspectée d’avoir favorisé le transit illicite de 26 milliards de dollars au cours de l’année passée.
Nigéria : deux responsables de Binance arrêtés
Difficile de démêler la situation de crise qui touche actuellement le Nigéria. Mais depuis le fiasco associé à son projet de monnaie numérique de banque centrale (MNBC), les choses semblent s’accélérer.
En effet, son naira numérique a coché presque toutes les cases de ce qu’il ne faut surtout pas faire. Et, dans la foulée de cette expérience désastreuse, ce sont bien évidemment les cryptomonnaies qui sont montrées du doigt par les autorités (in)compétentes.
En effet, ces actifs numériques – et leurs exchanges associés – sont accusés de déstabiliser la monnaie locale, déjà à terre depuis bien longtemps. Une cabale récemment replacée sur le devant de la scène suite à l’arrestation de deux dirigeants de la filiale locale de Binance. Ces derniers respectivement citoyens des États-Unis et du Royaume-Uni.
Une opération menée par le bureau du Conseil de sécurité nationale (NSA) du Nigéria. Cela suite aux accusations portées par le gouverneur de la banque centrale du pays, Olayemi Cardoso. En cause : le transit de 26 milliards de dollars considérés comme impossibles à identifier.
« Nous sommes préoccupés par la persistance de certaines pratiques qui indiquent des flux illicites transitant par un certain nombre de ces entités et, au mieux, des flux suspects. Dans le cas de Binance Nigeria, au cours de la seule dernière année, 26 milliards de dollars ont transité en provenance de sources et d’utilisateurs que nous ne pouvons pas identifier de manière adéquate. »
Olayemi Cardoso
Déstabilisation du Naira (NGN) et crise du Forex
Dans les faits, l’accès Internet des principales plateformes crypto du pays a déjà été coupé depuis le 21 février dernier. Cela suite à la déclaration du conseiller présidentiel Bayo Onanuga, au sujet d’une volonté de manipulation de la monnaie locale par ces entités.
Mais le 27 février, les plateformes Binance, Forextime, OctaFX, Crypto, FXTM, Coinbase et Kraken ont officiellement été bloquées pour de bon. Cela au moment où le naira nigérian enregistrait son plus bas niveau historique contre le dollar USD.
Peut-on réellement déstabiliser encore plus une monnaie déjà tellement instable ? La réponse semble être positive, si l’on en croît les hauts responsables nigérians. Et, selon le conseiller présidentiel Bayo Onanuga, cela représente actuellement une véritable “crise du Forex.” Car la spéculation sur les devises serait en train de tuer le peu de vie encore présente dans le Naira.
Dans ce contexte chaotique, la plateforme Binance n’a pas manqué de rappeler que son activité est « axée sur le marché et n’est pas destinée à servir d’indicateur du prix des devises au Nigeria. » Elle précise, dans le même temps, avoir pris certaines dispositions. Cela afin d’ajuster les échanges pour faire face à ce qu’elle présente comme un mouvement de change inhabituel. Une affaire à suivre…
