Lobby aux USA : les entreprises crypto ont cassé la tirelire en 2023
Faire pression en toute légalité. Voilà ce qui pourrait être une définition du lobbying, concept parfois un peu flou qui consiste pour un secteur d’activité à s’organiser pour tenter de faire pression sur le législateur pour protéger ses propres intérêts. On parle souvent du lobby des armes aux États-Unis, de celui de la technologie à Bruxelles, haut lieu de cette activité au sein de l’Union européenne. Aujourd’hui nous allons voir comment le secteur de la cryptomonnaie s’est également structuré pour tenter d’infléchir les positions de Washington à l’égard de ces nouveaux cryptoactifs et combien ces grandes entreprises ont dépensé à cet effet. Reuters vient de publier un article à ce sujet et on l’a lu pour vous. Il y est question de dizaines de millions de dollars, de Coinbase, de la SEC et de Sam Bankman-Fried.
20 millions de dollars pour faire basculer Washington en faveur de la crypto…
Avant d’aller plus loin dans le lobbying du secteur crypto et de parler de ces 20 millions de dollars dépensés par l’industrie, il convient de resituer cela dans le paysage global de ce qu’on appelle pudiquement l’influence ou les groupes de pression. Par exemple, les géants du secteur se nomment la National Rifle Association (NRA) qui est le lobby des armes aux États-Unis et qui a dépensé 250 millions de dollars dans la seule année 2021. En Europe, Bruxelles est considéré comme l’épicentre du phénomène et les GAFAM ont ainsi dépensé, eux aussi, près de 100 millions de dollars en 2022, quand l’industrie automobile a, elle, mis environ 30 millions sur la table en 2021 pour tenter de convaincre les parlementaires.
Mais retour maintenant à la crypto et aux chiffres donnés par le groupe de recherche américain à but non lucratif et non partisan OpenSecrets. On apprend dans cet article publié chez nos confrères de Reuters que les entreprises du secteur crypto ont dépensé 18,96 millions de dollars sur les trois premiers trimestres de l’année 2023. Or, sur la même période l’année précédente, il était question de 16,1 millions, soit une augmentation de 17% alors même qu’un des plus gros contributeurs a disparu du paysage depuis.
…et faire oublier les affres de Sam Bankman-Fried !
Car oui, en 2023, FTX ne participe plus aux activités d’influence du secteur crypto, et pour cause ! Son ex-PDG est en prison et ses activités sont réduites à peau de chagrin en attendant une hypothétiques reprise. Les nouveaux maitres du secteur en la matière sont désormais Coinbase et ses 2,16 millions de dollars, suivis de Foris DAX (Crypto.com), de Binance Holdings et de la Blockchain Association. Laissons maintenant la parole à Kristin Smith, PDG de cette dernière, qui explique le rôle de son organisation :
« Notre objectif est de collaborer directement avec les décideurs politiques, d’établir des relations avec eux et de combler le fossé en matière d’éducation afin de construire un cadre réglementaire basé sur le bon sens. »
Kristin Smith, PDG de la Blockchain Association – Source : Reuters
En termes d’image médiatique, le désastre FTX fut une catastrophe et l’industrie pèse de toutes ses forces pour tenter de redorer le blason d’un secteur sali par les malversations de M. Bankman-Fried. Mais le secteur doit également se battre contre la Securities and Exchange Commission (SEC) qui a entrepris une croisade contre l’industrie crypto avec des procédures lancées contre Coinbase et Binance. L’affaire de l’approbation des ETF Bitcoin au comptant occupe aussi une partie du temps de ces lobbyistes du Web3, tout comme les pressions auprès des parlementaires à Washington pour faire adopter une législation raisonnable et censée.
Tout ceci est parfaitement légal, voire même indispensable, car pour exister dans le débat public, les entreprises ont besoin d’expliquer leurs activités aux représentants du peuple. Du moment bien sûr que tout ceci reste dans le cadre strict de la loi, pour ne pas déraper vers de la corruption. Coinbase l’a d’ailleurs bien compris puisque Brian Armstrong avait récemment mobilisé ses troupes pour tenter de changer les mentalités et les positions de certains membres de la Chambre des Représentants avec son mouvement Stand With Crypto.