Interview : la cheffe de la “Binance Foundation” à la conquête du secteur caritatif international

Collectionnez les articles du JDC en NFT

Collecter cet article

Depuis mars 2018, Helen Hai a pour mission de mettre la blockchain au centre de la distribution des fonds pour le développement international. Portrait d’une femme ambitieuse qui nous livre dans cet entretien les clés de la mise en place de la Blockchain Charity Foundation (BCF), projet cher à CZ, PDG de Binance.

Alexandre : pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre expérience ? Comment êtes-vous devenue la PDG de la fondation de Binance, BCF ?

Helen Hai : je suis née et j’ai grandi dans le nord-est de la Chine durant la première année de la réforme et de l’ouverture économiques de la Chine. Après des études au Royaume-Uni pendant plus de 10 ans, j’ai commencé à travailler à Londres pour la première compagnie d’assurance au monde et je suis devenue la plus jeune partenaire du courtier d’assurances Jardine Lloyd Thompson avant mes trente ans. J’ai ensuite rejoint Zurich Financial Services en tant qu’actuaire en chef pour la Chine, à l’âge de 30 ans. Après cela, j’ai fait une pause dans ma carrière et commencé à réfléchir à comment j’avais tiré parti du boom industriel en Chine. C’est là que j’ai réalisé que la création d’emplois est le facteur principal de relance économique.

À la même époque, je suis allée en Éthiopie pour investir dans une nouvelle usine de chaussures. Grâce aux connaissances commerciales que j’ai accumulé dans le secteur financier et à mon enthousiasme pour le développement international, mon équipe a été invitée par le Premier ministre éthiopien. Nous avons décidé de travailler avec le pays pour développer des parcs d’activités industrielles. Nous avons créé 4000 emplois en Éthiopie et doublé le volume d’exportation du secteur de la chaussure pour ce pays en un an. Nous avons aussi mis en place l’Initiative « Made in Africa », une ONG appuyée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L’initiative vise à aider les pays africains en matière de transformation économique et d’industrialisation, en tirant parti de l’expérience chinoise en matière d’attraction d’investissements étrangers et de création d’emplois, en repérant les avantages comparatifs des gouvernements africains et en créant ensuite des parcs industriels et des usines de fabrication. En 2014, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) m’a nommé ambassadrice de bonne volonté pour l’industrialisation en raison de ma contribution en Afrique. En 2015, j’ai été élu jeune leader mondial par le Forum Economique Mondial.

Au cours des dernières années, j’ai joué un rôle de premier plan dans la promotion des industries manufacturières, la transformation économique et la création d’emplois en Afrique. Cependant, au-delà de l’approche traditionnelle de la transformation économique, je me suis posé la question suivante : existe-t-il une autre solution ? La technologie de la Blockchain, une rupture technologique de la quatrième révolution industrielle, est un élément décisif qui constitue une solution efficace pour transformer le processus de donation et l’écosystème de la philanthropie afin d’aider davantage la transformation économique. Un jour, j’ai dîné avec CZ (Changpeng Zhao, PDG de Binance), un vieil ami de famille, au cours duquel il m’a expliqué comment il souhaitait utiliser la technologie de la blockchain pour le bien social. Nous partageons la même vision de faire du bien social et de répandre la liberté de l’argent. Nous voulons représenter une nouvelle génération pour l’Asie, devenant bénéficiaire d’une nouvelle transformation économique.

L’équipe à la tête de la Binance Charity Foundation

Quelle était la motivation pour lancer la Blockchain Charity Foundation ? Quel est son but et comment envisagez-vous d’atteindre vos objectifs ?

La Blockchain Charity Foundation a été créée pour aider le milliard de personnes les plus démunies à sortir de la pauvreté en exploitant les dons caritatifs et en amplifiant les projets philanthropiques, et en soutenant les solutions de blockchain qui ouvrent des voies nouvelles, automatisées et transparentes pour les projets philanthropiques. En collaboration avec des fondations caritatives internationales et des ONG de haut niveau, nous créons une plate-forme décentralisée dédiée à la collecte de fonds dans le monde de la cryptographie et aux dons des personnes les plus vulnérables. Notre plateforme permettra une transparence totale des paiements en monnaie numérique des donateurs aux bénéficiaires finaux. Cette transparence se reflète dans la traçabilité des informations, rendue possible par la technologie blockchain. En outre, tous les fonds que nous collectons seront livrés à 100% aux bénéficiaires finaux. BCF ne facturera aucun frais d’exploitation de la plateforme.

Pouvez-vous nous préciser comment la technologie de la blockchain est utilisée pour soutenir la transparence ?

Les systèmes Blockchain conservent un enregistrement des transactions financières sur un registre distribué qui ne peut pas être manipulé par des individus ou des entreprises, empêchant ainsi la fraude ou le vol. Notre plateforme permettra aux donateurs de contribuer en cryptodevises, résolvant ainsi les problèmes liés aux dons. Cela augmente la rapidité du transfert des dons, renforce la confiance dans le système et augmente les liquidités à travers de nombreux types de limites financières. Les bénéficiaires finaux obtiennent la souveraineté sur leurs données et leur identité par le biais d’identifiants et de portefeuilles (wallets) décentralisés.

Comment les organismes de bienfaisance peuvent-ils bénéficier du financement de BCF ? Envisagez-vous de privilégier un profil spécifique (taille de l’organisation, ONG ou organisation intergouvernementale, humanitaire ou développement, autres thèmes tels que l’environnement…) ?

Pour les organisations sociales, BCF fournira un support technique sur notre système transparent de suivi des dons. Cela leur permet de recevoir et de distribuer les fonds de manière plus transparente et d’accroître ainsi la crédibilité des organismes de bienfaisance.

Nous invitons les experts techniques et les organisations caritatives intéressées par la philanthropie blockchain à se joindre à nous. Nous sommes ouverts à toute forme de coopération en matière de développement de plates-formes et de transfert de connaissances sectorielles entre les organisations, les entreprises et les particuliers. Nous n’imposons aucune exigence quant à la taille de l’organisation, nous recherchons simplement des partenaires qui s’engagent à utiliser la blockchain pour le bien social et à adapter leur projet à notre plate-forme.

Pouvez-vous nous donner des exemples de la manière dont vous pouvez vous assurer que les bénéficiaires reçoivent le service des fonds dédiés ?

Premièrement, nous recevons des dons en cryptos du monde de la blockchain et nous ne facturons aucun frais de gestion à aucun donateur. Chaque centime ira directement aux bénéficiaires finaux. À l’heure actuelle, nous travaillons avec les gouvernements de Malte et de l’Ouganda sur deux projets pilotes. Dans nos projets de dons, tous les bénéficiaires finaux ouvriront leurs portefeuilles cryptographiques pour recevoir les fonds, et BCF fournira un soutien complet sur le terrain pour faciliter la consommation cryptographique ou le rachat des fournisseurs.

Vous acceptez actuellement le BTC, l’ETH et le BNB. CZ a récemment mentionné lors d’une conférence à l’ONU à Genève que des cryptomonnaies supplémentaires devraient être ajoutées. Quels critères seraient favorables ou défavorables au choix d’une nouvelle cryptomonnaie ?

Actuellement, nous acceptons ces trois cryptomonnaies et à l’avenir, d’autres seront ajoutées à notre système. Les critères que nous avons définis ci-dessus pour les partenaires potentiels s’appliquent également aux cryptomonnaies.

Avez-vous une anecdote à partager que vous auriez vécu personnellement depuis que vous travaillez dans l’industrie de la blockchain ?

Comme beaucoup de gens, je suis une débutante dans le monde de la blockchain. J’apprends cette technologie émergente et explore les possibilités qu’elle peut offrir. Un jour, j’étais en Ouganda avec CZ pour rencontrer le président ougandais, Yoweri Museveni, en mai 2018. Le président a posé deux questions : « Qu’est-ce que la blockchain? », et « qu’est-ce que l’argent ? ». Après avoir passé 20 minutes à expliquer les concepts fondamentaux de la blockchain, le président a immédiatement déclaré : « Nous ne voulons plus être des suiveurs, nous voulons être sur la ligne de front en utilisant la blockchain pour stimuler le développement économique ». C’est pourquoi Binance prend la tête du secteur de la blockchain en Afrique en créant son premier centre d’échange fiat-crypto en Ouganda.

Alex P

Issu du monde des relations internationales, je travaille depuis plusieurs années dans le milieu du développement international et de l’humanitaire. Mon intérêt pour la blockchain est surtout orienté vers l’utilisation de cette technologie pour servir le bien commun et améliorer les conditions de vie des plus démunis.

Commentaires

Votre email ne sera pas publié. En publiant un commentaire, vous acceptez notre politique de confidentialité.


Recevez un condensé d'information chaque jour