Effondrement de FTX : entre les lobbies et SBF, le torchon brûle
Avant que n’éclate le scandale FTX, Sam Bankman-Fried était un entrepreneur très proche de Washington et de ses lobbies. Bien qu’il ait obtenu précédemment les faveurs de plusieurs responsables politiques, ses anciens amis prennent leurs distances.
FTX et la Maison-Blanche
Sam Bankman-Fried compte parmi les généreux donateurs de la campagne présidentielle de Joe Biden en 2020. De même, l’ancien CEO de FTX avait financé le parti démocrate à hauteur de 39 millions de dollars lors des élections de mi-mandat.
Sa générosité lui a permis de se faire de nombreux amis en haut lieu. Cependant, depuis la faillite de FTX, le torchon brûle. D’après CNBC, ces derniers souhaitent couper leur relation avec cet ami gênant.
Parmi eux, l’organisation à but non lucratif Guarding Against Pandemics. Fondée par SBF lui-même et administrée par son frère Gabe Bankman-Fried, elle appelle à l’investissement de fonds publics pour prévenir les pandémies. Depuis lundi après-midi, sa page « à propos » est hors-ligne.
Cette ONG vient en effet de perdre de précieux lobbyistes suite à l’affaire FTX. Citons par exemple le Ridge Policy Group, dirigé par l’ancien secrétaire à la sécurité intérieure Tom Ridge. De même, un autre lobby, Ogilvy Government Relations, avait déclaré ne pas renouveler son engagement auprès de l’ONG des frères Bankman-Fried.
FTX et les lobbies de Washington
Les lobbyistes de Washington ne sont pas les seuls à laisser tomber FTX et l’équipe entourant Sam Bankman-Fried, malgré l’argent reçu.
Ryan Salame, co-CEO de FTX Digital Markets, avait donné plus de 23 millions à différents candidats lors de la campagne des élections de mi-mandat. La générosité de FTX est désormais une très mauvaise publicité.
Le sénateur Dick Durbin annonce par exemple qu’il transférera les fonds à une association caritative. Eliora Katz, ancienne assistante du sénateur républicain Pat Toomey (officiellement seule lobbyiste interne de FTX) déclare ne plus travailler pour la firme. C’est aussi le cas du Conaway Graves Group, un cabinet dirigé par l’ancien représentant du Parti républicain Mike Conaway.
Du côté des groupes commerciaux, tous abandonnent FTX. La Chamber of Progress, une coalition qui réunit notamment Blockchain.com, Circle, Ripple, ne travaille désormais plus avec FTX. L’Association for Digital Asset Markets, dirigé par l’avocate Michelle Bond, a supprimé toute trace de FTX sur son site Web. Michelle Bond est une proche de Ryan Salame, qui a fait campagne lors de la primaire républicaine. D’après un porte-parole de l’association, les fraudes découvertes récemment ont motivé la suspension de FTX.
FTX a également démissionné du Crypto Council for Innovation. Rappelons que l’année dernière, Sam Bankman-Fried critiquait ses concurrents devant les régulateurs :
« Il existe des acteurs irresponsables dans l’industrie des actifs numériques et ces acteurs font la une des journaux, mais FTX n’en fait pas partie. Elle a dans les faits construit une plate-forme résiliente, réduisant les risques, comme un avantage concurrentiel. »
Sam Bankman-Fried
Les régulateurs vont s’en donner à cœur joie
Les législateurs de la Maison-Blanche, que SBF avait dans la poche, sont désormais des inquisiteurs. Les régulateurs américains se sont déjà emparés du cas FTX. La Securities and Exchange Commission et le ministère de la Justice ont ouvert une enquête pour violations civiles et pénales des lois sur les valeurs mobilières.
D’après Jim Himes, membre de la Commission des services financiers de la Chambre des Représentants, il est clair que Bankman-Fried perdra son accès (privilégié) aux législateurs du Capitole.
Pour le sénateur Sherrod Brown (Ohio) et président de l’influent comité sénatorial des banques, les régulateurs doivent se pencher sur le cas FTX.
De nombreux responsables politiques américains en profitent pour appeler à plus de régulation du marché crypto. C’est le cas de l’attachée de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre :
« Les nouvelles les plus récentes soulignent pourquoi une réglementation prudente des crypto-monnaies est, en effet, nécessaire. La Maison-Blanche, ainsi que les agences compétentes, suivront de près la situation, au fur et à mesure de son évolution. »
Karine Jean-Pierre
L’affaire FTX est désormais le plus gros scandale de l’industrie crypto. C’est un événement extrêmement dommageable pour tous les acteurs de l’écosystème. Les régulateurs en appellent à toujours plus de contrôle et de lois. Il faut cependant remarquer que FTX était une plateforme régulée. Sam Bankman-Fried avait les faveurs de la Maison-Blanche et des autorités. Cela ne l’a pas empêché d’organiser la plus vaste crypto-escroquerie à ce jour.