#DeleteCoinbase : licenciement, vente de données personnelles, le feuilleton continue

Remonter la note de Coinbase sur TrustPilot s’annonce compliqué – Après l’acquisition de la startup Neutrino par Coinbase mi-février, la cryptosphère avait commencé à bruisser devant le passé trouble des dirigeants de cette entreprise de surveillance des flux blockchainisés. Les jours passants, et Coinbase se limitant à opposer une fin de non-recevoir aux critiques, le mouvement #DeleteCoinbase prenait racine sur Twitter : ce mouvement appelait alors les utilisateurs à supprimer leurs comptes.

Il semblerait que l’action de boycott ait pris suffisamment d’ampleur pour faire réagir le géant américain. Avec plus ou moins d’adresse et de précision, cependant.

Armstrong et les trompettes de la Renommée

Face à la bronca naissante puis grandissante, le cofondateur et CEO de Coinbase a pris la parole dans un communiqué.

Assurant la communauté que ses inquiétudes avaient été entendues, il y dit notamment avoir finalement pris la mesure de l’inconfort que provoquait cette acquisition.

Relevons qu’à aucun moment dans ce communiqué il n’est fait mention textuellement des relations commerciales reprochées aux membres de Neutrino étant passés par Hacking Team, lesquelles furent liées à des gouvernements autoritaristes.

Il réaffirme néanmoins que “Neutrino possédait la meilleure technologie du marché” après analyse, il a annoncé être parvenu à un accord amiable avec les dirigeants de sa nouvelle acquisition : les personnes impliquées précédemment dans les affaires d’Hacking Team “quitteront à terme Coinbase”.

Pour autant, pas de précisions sur les modalités de ces départs pour l’heure potentiels, notamment en termes de calendrier, ou encore de simples mutations potentielles de ces employés vers d’autres entreprises de la galaxie Coinbase.

Notons que M. Armstrong a visiblement commis une autre petite omission dans ce communiqué, qu’on imagine bien évidemment être tout à fait fortuite : la directrice des ventes institutionnelles de Coinbase a effectivement fait une petite bourde le 1er mars, mais lui n’en a pas soufflé mot depuis.

La directrice des ventes s’emmêle les pinceaux

What ?

Dans une interview accordée au média Cheddar, Mme Christine Sandler, responsable des ventes institutionnelles, a ainsi évoqué la raison du rachat de Neutrino : intégrer au sein de l’entreprise la gestion de la surveillance des flux financiers crypto, pour en assurer un meilleur “contrôle”, alors même que son prestataire précédent se serait livré “à des ventes de données de clients à des sources extérieures.

Évidemment, une telle nouvelle a fait l’effet d’une petite bombe dans la crypto-communauté, d’autant plus face au silence assourdissant de Coinbase à ce propos.

Flou artistique et contradictions

Jesse Powell, cofondateur et patron de la plateforme de change Kraken, a pris la parole sur les réseaux sociaux pour venir avec sa décontraction froide habituelle glisser un tacle deux pieds décollés à l’équipe Compliance de Coinbase : selon lui, après une revue exhaustive menée par le département dédié de Kraken, Neutrino ne proposerait en réalité qu’une solution techniquement pauvre se classant “dernière sur 5 évaluées”. Cette vision relativement péjorative du savoir-faire des ex-Hacking Team est pour autant cohérente avec le niveau technique affiché par les utilitaires d’extraction maison développés à l’époque par Hacking Team et révélés lors de leur hack en 2015.

Toutes choses égales par ailleurs, les “risques” inhérents au passé de l’entreprise auraient de toute façon “disqualifié” d’office la startup atomique, selon M. Powell.

Elliptic, ancien prestataire de Coinbase gérant alors cette surveillance des transactions crypto, a réagi par la voix de son CEO James Smith.

Ce dernier a démenti les rumeurs qui sous-entendaient que son entreprise aurait profité de son statut privilégié pour “vendre des données personnelles permettant d’identifier nommément un utilisateur”. Nous vous invitons cependant à lire l’explication intégrale par vous-même, pour constater que la question plus large de la vente de données agrégées à proprement parler n’est pas frontalement abordée dans le communiqué.

C’est donc un véritable arsenal de communication de crise que tente de déployer Coinbase, pour pallier au plus pressé et éteindre ce qui ressemble à un début d’incendie bien malheureux. L’avenir nous dira dans quelle mesure les ex-dirigeants d’Hacking Team impliqués désormais dans la gestion de Neutrino auront véritablement rompu tous leurs liens avec Coinbase. Le suspense reste également entier concernant la vente potentielle de données personnelles, et le format précis de ces données, les différents acteurs se renvoyant la balle.

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Précisons que nous avons tenté de joindre Coinbase pour obtenir leur éclairage direct sur ces multiples péripéties. Nous n’avons pour l’heure obtenu aucune réponse.

Grégory Mohet-Guittard

Je fais des trucs au JDC depuis 2018. En ce moment, souvent en podcast et la tête dans le nuage.