Vivre uniquement avec des cryptomonnaies, il l’a fait
C’est l’histoire d’un mec – Non, cette histoire n’est pas une blague : Pascal Tallarida, CEO et cofondateur de la plateforme de trading de produits dérivés Jarvis, s’est lancé le défi de vivre pendant un an sans banques traditionnelles, et uniquement avec des cryptos. Il est désormais à seulement deux mois de réussir son pari.
Relever le DeFi
Quand nous expliquions que la finance décentralisée – ou DeFi – était pleine de potentiel, ce n’était visiblement pas tellement exagéré, même si certains ont – semble-t-il – pris les devants dans son expérimentation.
C’est dans une interview rapportée par The Defiant que Pascal Tallarida nous détaille son aventure en dehors du système bancaire traditionnel. Ce dernier est arrivé dans le monde des cryptomonnaies en 2017, mais ce léger retard aurait depuis été bien rattrapé, comme nous allons le voir.
Pascal Tallarida explique notamment dans cet interview que son intérêt pour la finance dite décentralisée date de janvier 2019 :
« J’ai commencé à prêter mes DAI [pour toucher des taux d’intérêt] en utilisant des applications centralisées, comme Celsius Network, et aussi des applications décentralisées, comme Compound ».
Et c’est là qu’il s’est lancé un premier défi : pendant trois mois, il allait remplacer la monnaie fiduciaire (euro/dollar) par des stablecoins, et troquer ses comptes d’épargne bancaire contre des applications de prêt en cryptos, comme celles citées ci-dessus.
Il déclare alors qu’il est « tombé totalement amoureux de cette idée » de finance décentralisée :
« J’ai donc décidé d’essayer de continuer l’expérience jusqu’en janvier [2020], pour qu’elle dure 12 mois complets ».
Les lecteurs curieux et avisés que vous êtes se douteront naturellement que pour parvenir à un tel résultat, il vaut mieux déjà avoir un portefeuille bien garni en cryptomonnaies, dès le départ.
La banque gagne toujours
La grande question relative à un tel pari, c’est surtout de savoir de quelle manière réussir à payer toutes les dépenses de la vie courante. Régler son loyer ou ses courses du quotidien seulement en cryptomonnaies et sans compte bancaire fiduciaire, ça peut faire sourire… Et pourtant !
C’est que M. Tallarida a plus d’un tour dans son sac : le fait qu’il vive en Bulgarie facilite selon lui les choses, notamment grâce à un coût de la vie plus faible que dans nos contrées. Pour le reste, et à l’en croire, les intérêts versés l’étaient avec générosité :
« Les intérêts que je génère chaque mois avec mon capital sont suffisants pour couvrir au moins les dépenses alimentaires. Pour le loyer, j’utilise Wirex, comme passerelle crypto/fiat, donc je [me fais verser] mon salaire en DAI, je le change en euro, puis je vais au distributeur et le retire pour payer le loyer, mais je peux le transférer directement [par virement], en utilisant Wirex aussi ».
Évidemment, utiliser au final Wirex pour revenir au monde bien réel de l’euro sonnant et trébuchant peut tout à fait être assimilé à l’utilisation d’une forme de banque, toute crypto qu’elle soit. Mais dans ce monde de la DeFi toujours en pleine construction, la concurrence est encore faible. Les frais de transaction et de conversion sont ainsi assez importants, 1% par-ci, 3% par-là, mais rien d’assez rédhibitoire pour empêcher Pascal Tallarida d’être en passe de réussir son défi :
« C’était plus pour montrer à ma communauté que c’est possible, peut-être pas pour tout le monde, mais en théorie c’est possible. J’ai donc voulu leur montrer à quoi pourrait ressembler l’avenir dès que tout cela sera plus évolué et moins coûteux ».
Avec le développement continue des services liés aux cryptos, l’émergence de plus en plus d’entreprises – et donc de concurrence – dans le secteur, la finance blockchainisée a sans doute de beaux jours devant elle. Pour autant, son caractère réellement décentralisé pourra encore questionner. Les géants et jeunes pousses prometteuses de la cryptosphère ne joueront-elles pas simplement le rôle de banques comme les autres ?