
Vitalik Buterin revient défendre la vie privée qu’il juge centrale à la notion de liberté
Au début du mois d’avril, le protocole 0xBow a dévoilé un nouveau service d’anonymisation intitulé Privacy Pool. Sous le capot, celui-ci se base sur un papier de recherche coécrit par le cofondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin. En effet, celui-ci milite depuis plusieurs années sur l’importance de la vie privée et de sa protection. Désormais, Buterin réaffirme sa position en faveur de la confidentialité via une tribune publiée sur son blog personnel.
- Vitalik Buterin a réaffirmé son engagement en faveur de la protection de la vie privée en publiant une tribune sur son blog personnel.
- L’essor de l’intelligence artificielle a intensifié les préoccupations concernant la collecte d’informations, soulignant la nécessité de renforcer les systèmes de protection de la vie privée.

Vitalik Buterin réaffirme son engagement pour la protection de la vie privée
Fréquemment, Vitalik Buterin expose son avis sur les évolutions de l’écosystème crypto ou sur des questions plus philosophiques.
Le 14 avril, il a ainsi relancé le débat autour de la protection de la vie privée via un article intitulé « Pourquoi je soutiens la protection de la vie privée ». Une notion qui lui tient à cœur, à en juger par ses précédentes prises de position.
Dans son article publié il y a quelques jours, il crée un lien entre décentralisation et vie privée. Selon lui, les deux concepts sont intrinsèquement liés.
« Celui qui détient l’information détient le pouvoir, et nous devons donc éviter le contrôle centralisé de l’information. »
Une situation qui prend une nouvelle tournure à l’heure de l’IA. En effet, cette dernière a décuplé les capacités en matière de collecte d’information. Ce qui demande une évolution équivalente des systèmes de protection de la vie privée.
Quoi qu’il en soit, la protection de la vie privée peut être découpée en trois grandes catégories. À savoir que la vie privée permet :
- Les libertés individuelles : La confidentialité permet aux individus de vivre sans être constamment soumis au jugement ou à l’exploitation par des tiers ;
- L’ordre social : Des mécanismes fondamentaux comme le vote secret et la prise de décision démocratique nécessitent un certain niveau de vie privée ;
- Le progrès technologique : La capacité à partager des données de manière sélective tout en les protégeant peut accélérer les innovations dans divers domaines, notamment la santé.
Vie privée, c’est la liberté
L’un des arguments qui reviennent fréquemment contre la protection de la vie privée réside dans le fait de dire qu’une personne qui n’a rien à cacher n’a pas de préoccupation concernant sa vie privée. Une réflexion au mieux naïve, qui peut avoir des répercussions à divers niveaux.
D’une part, cela engendre quasi systématiquement des abus.
Comme l’explique Buterin : les personnes qui ont accès à l’information seront toujours tentées d’en abuser. Que ce soit les réseaux sociaux, voire les entreprises de télécommunications qui revendent vos informations personnelles, ou les gouvernements, cela reste pareil. En effet, les changements politiques imprévisibles peuvent transformer un gouvernement fiable en menace.
« Du point de vue d’un individu, si des données lui sont confisquées, il n’a aucun moyen de savoir si et comment elles seront utilisées à l’avenir. L’approche de loin la plus sûre pour traiter des données à grande échelle consiste à en collecter le moins possible de manière centralisée. »
La vie privée assure l’ordre
Selon lui, c’est cette même protection de la vie privée qui a permis l’émergence et le maintien des systèmes démocratiques.
En leur sein, nous retrouvons le vote secret. Ainsi, si celui-ci venait à ne pas l’être, les électeurs seraient confrontés à toutes sortes d’incitations secondaires influençant leur vote. Cela comporte entre autres les pots-de-vin, les promesses de récompenses rétroactives, la pression sociale, et bien d’autres choses encore.
« Si nous prenons les mathématiques au sérieux, nous arrivons à la conclusion que la seule façon de créer des structures sociales stables est de limiter le degré de coordination entre les participants, ce qui implique une forte protection de la vie privée. »
Les outils d’une société qui respecte la vie privée et saine
Sans surprise, les cryptomonnaies et les diverses évolutions de la cryptographie qu’elles ont apportées sont des outils de choix pour la vie privée.
D’une part, les zero-knowledge proof en sont un exemple parfait. En effet, celles-ci permettent de démontrer mathématiquement qu’une affirmation est vraie, sans en révéler son contenu. Comme l’explique Buterin, cela pourrait permettre de « prouver que vous êtes une personne unique sans révéler quoi que ce soit d’autre sur la personne que vous êtes ». Elles ont également de nombreuses applications ambitieuses dans le domaine de la santé.
Un autre exemple n’est autre que Privacy Pool que nous avons abordé en introduction. Ce système permet de prouver que vos transactions anonymes sont légitimes, à savoir sans liens avec des activités illégales, sans pour autant dévoiler le contenu de ces transactions.
Appliquer plus largement ces concepts permettraient aux citoyens de reprendre la main sur leur vie privée. Une manière de lutter aussi bien contre les dérives des gouvernements que des entreprises privées.
En 2023, de nombreuses voix s’étaient par exemple levées face au projet de Monnaie numérique de Banque centrale (MNBC) en Europe. En effet, ils craignaient que cela permette à l’Europe de mieux traquer les flux financiers de la population en éliminant peu à peu le cash.
