Ethereum ERC-7683 : un standard pour l’interopérabilité entre rollups

Fin 2022, Vitalik Buterin a publié une feuille de route mise à jour pour l’avenir d’Ethereum. Pour faire face aux divers problèmes de scalabilité rencontrés par le réseau, celle-ci met les rollups et autres L2 au cœur de sa stratégie. Depuis, Ethereum a pris une direction dite « rollup-centric », à savoir que ces derniers sont devenus la solution à court et moyen termes pour améliorer les performances du réseau. Toutefois, la multiplication des solutions de L2 engendre désormais des problèmes de fragmentation et complexifie l’expérience utilisateur. Pour pallier cela, de nombreux protocoles se sont alliés pour proposer un standard : l’ERC-7683. Explorons ensemble ce standard, son approche et ce qu’il va changer dans l’utilisation d’Ethereum et de son écosystème de L2.

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Rollups, fragmentation : quelques bases préliminaires

Avant d’entrer dans le détail de l’ERC-7683, il convient de poser un peu de contexte. Pour cela, nous allons brièvement revenir sur les rollups et le problème de fragmentation qu’ils rencontrent.

Rollups : la solution d’Ethereum à la scalabilité

En l’état, la blockchain Ethereum est loin d’être la plus performante. En effet, celle-ci peut traiter entre 15 et 20 transactions par seconde, ce qui pose de nombreux problèmes lors de pics d’activités. Cela se traduit par d’importantes congestions et l’explosion des frais de transactions.

Les développeurs pourraient décider de modifier certaines caractéristiques du réseau pour améliorer ces performances. Mais cela aurait des impacts négatifs et non négligeables sur la sécurité et/ou la décentralisation du réseau.

C’est pour cela qu’Ethereum a adopté une approche rollup-centrique. Ainsi, plutôt que d’améliorer les performances du L1, cette approche vise à déporter une partie de l’activité vers des réseaux dits de seconde couche, les fameux rollups.

Sans trop entrer dans le détail, un rollup est une solution de seconde couche qui agrège un grand nombre de transactions hors chaîne, les exécute et génère une preuve cryptographique qui atteste de leur validité. 

Cette preuve est ensuite publiée sur la blockchain Ethereum. C’est cela qui permet de dire que les rollups héritent de la sécurité et de la décentralisation du réseau principal.

Que ce soit via des preuves de validité (zk-rollups) ou des preuves de fraude (optimistic rollups), la publication régulière de ces preuves garantit que toute transaction traitée en dehors du L1 peut être vérifiée et, en cas de problème, contestée par l’ensemble du réseau. Ainsi, les rollups offrent une solution efficace pour augmenter le débit des transactions tout en maintenant un niveau de sécurité comparable à celui d’Ethereum.

Vous pouvez retrouver un article complet sur les L2 et les rollups dans l’Encyclopédie du Journal du Coin.

La fragmentation des rollups

En janvier 2021, Optimism est le premier rollup à déployer son mainnet en parallèle d’Ethereum. En août de la même année, il sera rejoint par Arbitrum.

Quatre ans plus tard, le paysage des rollups sur Ethereum a bien évolué. Ainsi, L2Beat, le site de référence en matière de L2 en comptabilise plus de 130. Qu’ils soient zk, optimistic, validium ou optimum, en d’autres termes, quelle que soit leur approche.

Toutefois, cette multiplication des solutions présente de nombreux avantages, souvent présentés sous l’étendard du problème de fragmentation.

En effet, cette multiplicité entraîne une fragmentation de la liquidité des différents L2. Alors que le plus gros Rollup à ce jour, Base, compte 6 milliards de dollars de TVL, à eux tous ils totalisent plus de 31 milliards de dollars. À titre de comparaison, cela représente 3 fois la TVL d’une blockchain comme Solana.

TVL des différents L2
Évolution de la TVL des différents L2.

Mais du fait de la fragmentation, bien qu’ils servent tous une même cause, à savoir passer Ethereum à l’échelle, ils créent autant d’écosystèmes distincts et mal reliés, engendrant une importante fragmentation des liquidités.

En plus de cela, la multiplicité de ces solutions engendre d’importants freins en termes d’expérience utilisateur. Ainsi, les utilisateurs doivent faire face à divers problèmes, par exemple : 

  • L’usage de pont pour faire transiter des fonds de L2 en L2 ;
  • La nécessité de détenir des ETH sur chaque L2 pour payer les frais de transaction.

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L’ERC-7683 : la solution à la fragmentation et à l’expérience utilisateur

C’est là qu’entre en jeu le fameux ERC-7683. Ainsi, il s’agit d’un standard qui vise à rendre les échanges entre les différents rollups d’Ethereum plus simples et plus fluides. Plutôt que de devoir passer par plusieurs ponts ou solutions spécifiques pour transférer des actifs d’un réseau à un autre, ce standard permet à l’utilisateur de formuler une « intention » unique, aussi appelée crosschain Intents

ERC-7683

Cette intention décrit l’action qu’il souhaite réaliser, par exemple, échanger des tokens ou participer à une opération DeFi, et ce, de manière standardisée. Le but est de connecter automatiquement la chaîne d’origine à la chaîne de destination, sans que l’utilisateur n’ait à se soucier des détails techniques.

Grâce à ce standard, un utilisateur peut initier une transaction cross-chain en signant un message qui contient toutes les informations nécessaires : les fonds à transférer, la chaîne d’origine, la chaîne de destination et même certains délais pour exécuter la transaction. Ensuite, ce message est traité par des acteurs appelés « fillers » qui vont se charger de faire le pont entre les deux réseaux.

Comment ça marche en pratique ?

Imaginons que vous souhaitiez échanger des tokens depuis Base vers Arbitrum. Actuellement, vous devez soit passer par une application tierce qui gère à la fois le bridge cross-chain et le swap, soit passer par un bridge puis un DEX sur la chaîne de destination. Le tout, en vous assurant d’avoir les ETH nécessaires sur les deux chaînes pour réaliser les transactions.

Dans le cadre de l’ERC-7683, vous signez une intention unique sur la chaîne de départ. Cette intention est ensuite relayée à un réseau de fillers, des acteurs spécialisés qui vont vérifier que votre demande est légitime et que toutes les conditions sont remplies. 

Si toute l’intention est valide, il prend en charge votre demande en verrouillant temporairement vos fonds sur la chaîne d’origine. Ensuite, ils exécutent l’opération sur Base, en veillant à ce que les tokens arrivent bien à destination. Une fois l’opération terminée, la transaction est validée et les fonds sont débloqués pour vous.

De son côté, le filler reçoit une rémunération pour l’opération réalisée. Bien que complexe sous le capot, le standard ERC-7683 permet en effet d’automatiser toute l’exécution, rendant ainsi l’expérience cross-chain presque invisible pour l’utilisateur. Vous signez simplement votre intention, et le reste se fait automatiquement.

Cerise sur le gâteau, le filler va optimiser chaque étape afin que vous profitiez des frais les plus bas et des meilleurs taux, dans l’exemple d’un swap cross-chain.

La sécurité de l’ERC-7683

En plus de cela, l’ERC-7683 garantit que, même si la transaction se fait hors du L1, la sécurité d’Ethereum reste assurée. En effet, les fillers publient une preuve cryptographique sur le L1, de la même manière que la sécurité des rollups eux-mêmes est assurée. 

Ainsi, cette preuve permet à quiconque de vérifier que la transaction a bien été exécutée comme prévu. En cas de problème sur le L2, il est toujours possible de contester ou de vérifier l’opération via le L1.

Des cas d’usage concrets

L’usage de l’ERC-7683 ne s’arrête pas aux swap cross-chain.

Ainsi, il permet également des actions de gouvernance inter-chaînes. Aujourd’hui, si une organisation décentralisée (DAO) fonctionne sur plusieurs L2, ses membres doivent souvent se connecter à différents réseaux pour voter ou participer aux décisions. Avec l’ERC-7683, il serait possible de centraliser ces interactions. De ce fait, un membre pourrait soumettre un vote ou une proposition via une intention unique, qui serait ensuite traitée de manière standardisée, sans qu’il soit nécessaire de changer de réseau. 

Un autre exemple concerne les échanges décentralisés (DEX). Imaginons que vous souhaitiez profiter d’un swap entre deux tokens présents sur des Layer 2 différents. Au lieu d’utiliser un pont traditionnel et de subir des délais ou des frais élevés, l’ERC-7683 permettrait d’effectuer ce swap en une seule opération. De plus, l’ERC-7683 permet de mutualiser les ressources et d’optimiser l’accès aux liquidités sur l’ensemble des L2. Plutôt que de devoir puiser dans des pools isolés, les fillers peuvent piocher dans des pools cross-chain et régler en partie la fragmentation des liquidités sur les L2. 

De plus, le standard est déjà préparé pour des évolutions futures. En effet, le champ « orderData » offre une marge de personnalisation. Un atout pour intégrer des fonctionnalités spécifiques à chaque application.

Les défis à relever

Bien sûr, comme toute innovation, l’ERC-7683 n’est pas sans défis. Sa mise en œuvre demande une importante coordination entre les différents acteurs de l’écosystème, ainsi qu’une adaptation des smart contracts existants. 

Toutefois, comme l’a récemment révélé Uniswap sur le réseau social X, de nombreux protocoles ont d’ores et déjà partiellement ou intégralement intégré ce standard à leurs contrats. Nous pouvons notamment citer, des L2 comme Optimism, Arbitrum, Base, Scroll ou encore Polygon. Ainsi que des fournisseurs d’infrastructure ou de service tels que Celestia, Alchemy ou Reown (anciennement WalletConnect). Ou encore des protocoles comme Uniswap, Accross ou Swell.

Toutefois, ce standard devra être adopté par un plus large nombre d’acteurs. Notamment, les fournisseurs de wallet comme MetaMask ou Rabby pour être le plus invisible possible pour les utilisateurs.

Vous l’aurez compris, les possibilités qu’ouvre l’ERC-7683 sont nombreuses. En effet, l’interopérabilité des L2 est un sujet central sur Ethereum. Celle-ci avait notamment été abordée par Vitalik Buterin sur son blog personnel en décembre dernier.

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Renaud H.

Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.